Lutte contre le Covid-19: Quand le Rwanda parle au Cameroun

Paul Kagame

Confinement national avec mesures d’accompagnement, hospitalisation systématique des personnes testées positives au Covid-19 : le pays de Paul Kagame veut à tout prix contenir l’épidémie pour éviter que ses hôpitaux soient dépassés par le nombre de malades. Au Cameroun, on est loin du compte.

Les ministres et hauts fonctionnaires rwandais ne toucheront pas de salaire en avril et cet argent sera affecté à des programmes sociaux pour aider les plus pauvres à résister à l’impact de la crise économique liée au Coronavirus, a annoncé le gouvernement, dimanche 5 avril au soir. « Le gouvernement rwandais a décidé, en sus de toutes les initiatives actuelles de protection sociale, que tous les membres du gouvernement, les directeurs de cabinet, les chefs d’institutions publiques et d’autres hauts responsables devront renoncer à un mois de salaire », a déclaré le premier ministre, Edouard Ngirente, dans un communiqué.Ce sacrifice a pour objectif de témoigner de la « solidarité » des autorités avec le peuple, dans un pays qui a imposé un confinement strict pour limiter la propagation du coronavirus. « Ensemble, nous contiendrons cette épidémie », a ajouté M. Ngirente. Le gouvernement n’a pas précisé combien exactement de personnalités politiques et administratives sont concernées par ce reversement de salaire, ni combien d’argent il espère ainsi collecter.

Le Rwanda a été l’un des premiers pays africains à imposer, le 21 mars, un strict confinement, en fermant tous les magasins sauf ceux absolument essentiels, en suspendant les transports publics et en interdisant tous les « déplacements non essentiels » hors du domicile. Ces mesures ont été étendues au moins jusqu’au 19 avril et ont eu un fort impact sur les plus défavorisés, frappés par la hausse du chômage et du prix des denrées alimentaires.Le gouvernement a distribué des biens de première nécessité à environ 20 000 personnes vulnérables de la capitale, Kigali, mais les besoins sont immenses dans ce pays de 12 millions d’habitants où environ 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Le Fonds monétaire international (Fmi) a accordé la semaine dernière un prêt de 110 millions de dollars (101 millions d’euros) au Rwanda pour contrecarrer les effets économiques du coronavirus. Lundi, à 10 h 3, le Rwanda comptait 104 cas confirmés de coronavirus, soit l’un des chiffres les plus élevés en Afrique de l’Est.

Prise en charge des cas compliqués Interrogé par Radio France internationale (Rfi) hier mercredi 8 avril, sur les dispositions qui ont été prises au niveau national pour limiter le risque de transmission aux soignants, le docteur Sabin Nsanzimana, directeur général du Rwanda Biomedical Centre, à Kigali soutient qu’au niveau des structures de santé, la priorité est de ne pas surcharger les systèmes de santé existants. C’est la raison pour laquelle, explique-t-il, « les deux centres de traitement spécifiques pour le coronavirus n’ont pas été installés dans les hôpitaux existants. Cela permet d’éviter de créer des contaminations au niveau de l’hôpital pour les patients déjà hospitalisés, mais aussi pour permettre aux hôpitaux de se préparer pour des cas sévères, avec des complications pulmonaires, qui nécessitent des soins intensifs ». Quid des services de réanimation adaptés pour faire face à ces complications ? « Notre système de santé se développe chaque jour. Il y avait des services déjà existants surtout au niveau des hôpitaux universitaires. Le système, tel qu’il est bâti, commence au niveau communautaire (centres de santé, hôpitaux de district et de province…). À partir du niveau de province jusqu’au niveau des hôpitaux universitaires, on a beaucoup plus de capacité de réanimation, d’intubation, de soins intensifs… En ce moment, nous équipons ces centres et hôpitaux de plus de capacités et d’équipements, mais nous formons aussi le personnel à prendre en charge des cas compliqués au niveau pulmonaire. Tout le monde ne peut pas gérer ces complications pulmonaires : au niveau du personnel, de l’équipement mais aussi au niveau des structures de santé existantes ».

Pendant ce temps, les services essentiels pour la population (banques, marchés, services de santé…) continuent comme avant. Il y a une grande partie de la population qui ne peut pas nécessairement rester confinée sans travailler. Le gouvernement a mis en place, au début de la période de confinement, un système de distribution qui est organisé à partir du village, jusqu’au niveau des districts et des provinces, afin de venir en aide à ces populations. Il y a déjà une liste de personnes qui ont besoin de cette aide essentielle. Ils sont aidés par des structures déjà existantes. Si seulement le Cameroun pouvait s’en inspirer.

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