Afrique du Sud : Pourquoi Jacob Zuma est en détention

Jacob Zuma

Condamné à 15 mois de prison ferme pour outrage à la justice, l’ancien président sud-africain Jacob Zuma s’est constitué prisonnier, avant que la police ne procède à son arrestation mercredi soir. Il a évité l’humiliation d’une arrestation spectaculaire.

C’est pratiquement quelques minutes avant l’ultimatum fixé dans la soirée de mercredi 7 juillet 2021, à minuit, par la justice que l’ancien président sud-africain Jacob Zuma s’est constitué prisonnier. Il a quitté sa résidence de Nkandla dans un convoi d’une dizaine de voitures pour se rendre «vers un établissement correctionnel» dans la province du Kwazulu-Natal. Le président Zuma a décidé de se conformer à l’ordre d’incarcération que lui a donné la justice. Le ministère de la Police a confirmé qu’il avait été « placé en détention». Selon France 24, c’est aux alentours de 01 h 30 qu’un convoi est entré dans l’enceinte de la prison d’Escourt, sous forte présence policière. Dans un communiqué, l’administration pénitentiaire a précisé que « c’est là que M. Jacob Gedleyihlekisa Zuma a été admis pour commencer à purger sa peine ».

L’homme qui refuse de rendre compte…

Située à plus de 200 km de la résidence de Jacob Zuma, la prison ouverte en 2019 a une capacité d’accueil qui dépasse 500 détenus. L’ancien président sud-africain a été condamné par la plus haute juridiction du pays pour avoir évité obstinément de répondre aux questions d’une commission d’enquête sur la corruption. Jacob Zuma a obtenu que la Cour constitutionnelle réexamine sa sentence lors d’une nouvelle audience prévue le 12 juillet prochain. Jacob Zuma avait également réclamé que son arrestation soit suspendue. Mettant en cause l’impartialité des juges, Jacob Zuma a mis en avant un état de santé «instable » et indiqué qu’une incarcération «reviendrait » à le « condamner à mort » dans le contexte de la pandémie du corona virus. La décision doit être rendue ce vendredi par le tribunal de Pietermaritzburg.

Le ministre de la Justice a précisé qu’il pouvait espérer une libération conditionnelle au bout d’un quart de sa peine, soit un peu plus de trois mois. Englué dans plusieurs scandales; Jacob Zuma est accusé d’avoir pillé les ressources publiques pendant ses années à la tête de l’Etat (2009-2018). Mis en cause par une quarantaine de témoignages devant la commission d’enquête sur la corruption d’État, Jacob Zuma a multiplié les manœuvres pour éviter de témoigner. Porte-parole du Congrès national africain (Anc, parti au pouvoir), Pule Mabe a salué une victoire pour «l’État de droit et l’indépendance de la justice». Comme l’Anc, de nombreux Sud-africains ont salué l’incarcération de Zuma. Une preuve qu’aucun citoyen n’est au-dessus de la loi.

Prévalence de l’Etat de droit

Ancienne médiatrice de la République, Mme Thuli Madonsela a salué «un jour de gloire» et « la prévalence de l’Etat de droit». Elle a cependant regretté le fait que ce soit «désolant d’avoir à envoyer » un vieil homme et un combattant anti-apartheid «en prison simplement parce qu’il refuse de rendre des comptes». Mme Thuli Madonsela est la personnalité qui avait démontré dans un rapport accablant en 2016 comment un groupe d’hommes d’affaires d’origine indienne, les Gupta, avait pillé les ressources publiques sous la présidence de Jacob Zuma. Pour la Fondation Mandela «M. Zuma et ses partisans doivent être tenus responsables. Sa stratégie juridique a consisté à brouiller les pistes et à retarder le travail de la justice». Jacob Zuma avait été poussé à la démission en 2018. Son successeur, Cyril Ramaphosa a fait de la lutte contre la corruption une de ses priorités.

Edmond Kamguia K.

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