Fécafoot : Le Cameroun à genoux devant la Fifa

Mouelle Kombi et Seidou Njoya

Après avoir «interdit» la tenue de l’Assemblée générale, le sous-préfet compétent a donné son quitus, pendant que le ministre de tutelle est ignoré et esseulé au front du refus.

La Fédération camerounaise de football (Fécafoot) tiendra son assemblée générale extraordinaire ce 13 juillet 2021. Après avoir rapporté sa décision d’approuver la demande de manifestation introduite par la Fécafoot vendredi dernier, Mamadi Mahamat, le sous-préfet de Yaoundé 2 est revenu sur sa décision quelques heures plus tard. Le chef de l’autorité administrative compétente dans l’arrondissement qui abritera les travaux, et informe le demandeur que sa première décision reste valable. A charge pour les responsables sécuritaires territorialement compétents de s’assurer du bon déroulement des travaux portant validation des nouveaux statuts de l’instance dirigeante du football camerounais. Les différents rétropédalages du sous-préfet trahissent la pression qui s’est exercée sur l’autorité administrative qui avait déjà tenté d’empêcher la tenue de l’assemblée générale de la Ligue départementale du Mfoundi dans son territoire. Et d’ailleurs, malgré les interventions, l’homme était resté ferme et les travaux s’étaient finalement déportés dans le 6ème arrondissement de la capitale, une semaine plus tard. De son côté, le ministre des sports et de l’éducation physique (Minsep) avait déjà demandé à la Fécafoot dans un courrier daté du 8 juillet, de surseoir à la tenue de ces travaux.

Le Pr Narcisse Mouelle Kombi qui venait d’être saisi par un collectif de 44 membres de l’assemblée générale de 2009, reprochait aux dirigeants transitoires de la Fécafoot leur avancée solitaire. Déclarant ignorer la feuille de route prescrite par la Fifa, ainsi que le chronogramme électoral, en tant que tutelle, tel que prescrite par la loi de 2018 encadrant l’organisation des activités physiques et sportives au Cameroun. Le ministre s’appuyait également sur la sentence de la Chambre de conciliation et d’arbitrage (Cca) du 10 juin 2021 pour contester le choix des délégués à l’AG de ce 13 juillet. Séidou Mbombo Njoya, le président de la Fécafoot, et ses hommes, avaient fait avec les élus de 2018 dont l’élection a été annulée. Pour l’exécutif de la Fécafoot, le point 235 de la sentence du Tribunal arbitral du sport (Tas) du 15 janvier 2021 recommande « le maintien des organes en place», et les hommes de Tsinga y incluent l’assemblée générale. Entre temps, une lettre conjointement signée par les secrétaires généraux de la Fifa et de la Confédération africaine de football (Caf), dans laquelle fatma Samoura et Veron Mosengo écrivent que « nous avons étroitement travaillé avec la Fécafoot ces derniers mois afin de mettre en place une feuille de route, en vue de l’implémentation de ladite sentence arbitrale. Il en est ressorti qu’une AGE serait organisée en juillet 2021». En somme, « les démarches engagées avec le soutien de la Fifa sont conformes à la sentence arbitrale susmentionnée et donc pleinement nécessaires ».

La messe est dite. Zurich se reconnaît dans le chemin jusqu’ici suivi par Tsinga et enverra un représentant à l’AGE, autant que la Caf. Le sous-préfet dont « la décision d’interdiction» était raillée par ceux qui continuaient les préparatifs des travaux de ce jour, a reçu « des instructions » de laisser Séidou Mbombo Njoya avancer. Mamadi Mahamat, la mort dans l’âme, a cédé. Seule la tutelle des sports reste un obstacle sur le chemin des hommes forts de Tsinga. Mais que peut le juriste face aux pressions ? Lui-même qui, dans sa lettre du 8 juillet qui a été envoyée à la Fifa, indiquait attendre des «hautes instructions ». Autant dire que, comme toujours, le droit de la force basée sur des instructions de politiques tapis dans l’ombre du milieu sportif, a primé sur la force du droit. «Quand vous avez un enfant majeur, vous ne pouvez que lui donner des conseils, à lui de choisir son chemin. Surtout quand son parrain dit qu’ils se sont accordés et qu’il est sur le bon chemin », se désole Gabriel Nloga, responsable de la communication du Minsep. Toujours est-il que « nous sommes fatigués de ces crises sans fin. On peut s’asseoir et trouver es solutions ensemble», estime-t-il. L’homme qui ne parle pas au nom du Minsep, ne peut savoir si Narcisse Mouelle Kombi enverra des commissaires du gouvernement aux travaux du Mont Fébé hôtel. Et redoute une nouvelle saisine des tribunaux par les contestataires de l’ordre établi à Tsinga. Et le cycle recommencera. Yaoundé frémissant à l’idée de subir les représailles d’une Fifa jalouse de son indépendance.

Lindovi Ndjio

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