Cameroun: Accueil triomphal pour les Lionnes (le dossier du jour)

Elles sont revenues au Cameroun hier après leur brillant parcours en Coupe du Monde de football féminin « Canada 2015 ». C’est à 19h40 que l’avion transportant les lionnes Indomptables s’est posé sur le tarmac de l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen.
Au bas de la passerelle Roger Milla, l’Ambassadeur itinérant et Apolline Abena, l’Inspecteur général des services au ministère des Sports venus accueillir la délégation camerounaise de retour de Vancouver au Canada. C’est sous la conduite de ces deux personnalités que les Lionnes vont retrouver le salon Vip de l’aéroport de Nsimalen, sous les applaudissements de toutes les personnalités présentes. Adoum Garoua, ministre des Sports et chef de la délégation, Joseph Owona, le président du Comité de normalisation de la Fécafoot, passent inaperçus. Les Lionnes sont les stars de la soirée. Elles vont recevoir les félicitations de Marie Thérèse Abena Ondoa, la ministre de la Promotion de la femme et de la Famille (Minproff), qui va tenir à embrasser chacune d’elle.
La Minproff est arrivée autour de 18h, 40 minutes après Roger Milla, qui campait déjà sur les lieux. « Il y a longtemps qu’on n’avait plus vu cela, d’une équipe nationale de football du Cameroun de retour d’une compétition, et qui est accueillie de la sorte », a constaté un confrère. Les Lionnes étaient toutes aussi émues par l’accueil qui leur a été réservé. Michèle Ngono Mani, attaquante, nous l’exprime : « J’avoue que nous ne nous attendions pas à ce type d’accueil. Nous sommes arrivées un peu fatiguées du voyage. Mais, lorsque nous avons vu tout ce monde nous ovationner, ça nous a fait chaud au coeur. Par rapport à la compétition, nous sommes fières de notre prestation. Beaucoup de gens ne nous attendaient pas à ce niveau. Mais, par notre détermination, nous avons pu franchir une étape et malheureusement, l’expérience a joué pour la suite ».
Plusieurs Lionnes ont fait remarquer que ce genre d’accueil n’était jadis que réserver aux Lions A, et qu’elles mesuraient combien elles ont touché le coeur des Camerounais. « Nous sommes contentes de cet accueil, qui est une preuve que tous les Camerounais sont derrière nous. Nous voulions bien franchir ce cap des huitièmes de finale et cela n’a pas été possible. Nous sommes revenues et fières de cette mobilisation des Camerounais derrière nous. Nous voyions souvent cela pour les garçons », nous a confié Thècle Mbororo, l’une des gardiennes de buts remplaçantes.
Carl Enow Ngachu et ses filles ont pris place dans le bus des Lions Indomptables sous les clameurs de la marée humaine qui a déferlé à l’aéroport international de Yaoundé –Nsimalen hier dans la soirée. Le cortège s’est ensuite ébranlé vers l’hôtel Mont Febé où les Lionnes Indomptables ont été installées. L’on annonce qu’elles auront droit aux honneurs des plus hautes autorités de la République, avant de rejoindre leurs familles respectives.

[b]Roger Milla: “On a essayé de piquer encore leur argent”[/b]
Première personnalité à arriver à l’aéroport de Nsimalen hier, l’Ambassadeur itinérant magnifie la prestation des Lionnes Indomptables à la Coupe du Monde.

[b]On imagine bien que vous êtes venu accueillir les Lionnes Indomptables …[/b]
Oui, nous sommes venus attendre nos valeureuses Lionnes Indomptables, qui ont encore fait plaisir au football camerounais. C’est pour nous une façon de les encourager pour leurs performances à cette Coupe du Monde. Même s’il faut rester ici pendant deux jours à les attendre, je le ferai.

[b]Avez-vous un message particulier pour ces joueuses ?[/b]
Je suis venu leur dire félicitations pour ce qu’elles ont fait, pour l’honneur qu’elles apportent à notre pays. Il n’y a pas plus grand message que celui là. Je crois que ce sont les autorités qui doivent jouer maintenant.

[b]Que doivent faire les autorités par exemple ?[/b]
Les recevoir en bonne et due forme. Leur montrer qu’elles n’ont pas été abandonnées, même si les stages de préparation n’ont pas été ceux qu’on aurait souhaités, même si on a essayé de piquer encore leur argent. Leur dire que tous les Camerounais et les Camerounaises sont derrière elles. Il faut féliciter ces jeunes dames qui, sans championnat sont arrivées en huitièmes de finale de cette Coupe du monde. C’est extraordinaire. C’est du jamais vu dans le monde entier. Cela signifie que si elles avaient un bon championnat au pays et qu’elles avaient eu une bonne préparation et de bons matchs amicaux, elles auraient pu battre la Chine. Nous avons eu plus d’occasions de buts que la chine. Le destin en a décidé autrement, mais nous devons continuer à les encourager. On vous a même annoncé du côté du canada au cas où les Lionnes franchissaient la cap des huitièmes de finale …
C’est elles qui ont décidé que si elles se qualifient pour les quarts de finales, elles prendraient tout en charge pour que je les rejoigne au Canada. Elles n’auraient pas eu besoin de prendre tout en charge. Rien que cette qualification suffisait pour que je paye mon billet d’avion pour aller les encourager au Canada. Je vaudrais leur dire merci, parce qu’en 2012 lors des jeux olympiques en Angleterre, nous avons beaucoup discuté ensemble et je leur avais prodigué des conseils qu’elles ont appliqués cette foisci. Je félicite surtout leur encadreur qui a continué à travailler dans le bons sens pour que ces filles soient les meilleures en Afrique. Nous sommes devant le Nigeria à cette compétition, donc, pour moi, elles sont les meilleures en Afrique.

[b]“Elles se sont données à fond”[/b]
[b]Marie Thérèse Abena Ondoa, Minproff[/b]

C’est l’engagement sans faille des filles. Elles n’ont pas été capricieuses. Elles se sont données à fond et nous ont prouvé qu’on peut travailler sereinement si on a la volonté. Dans cette équipe, il y a cinq joueuses de Louves Minproff. Comprenez donc mon émotion. Je suis fière de ces lionnes et tout le Cameroun dit soutenir ces filles, pour qu’elles puissent aller plus loin la prochaine fois (…) Je ne peux pas encore me prononcer si notre ministère va faire quelque chose pour les Lionnes. Mais, il n’est pas interdit de l’envisager dans la mesure des possibilités budgétaires.

[b]“Chaque match était une finale”[/b]
[b]Raïssa Feudjio, milieu de terrain[/b]

Ça fait toujours plaisir de retrouver les siens après une compétition qui n’a pas été facile. Nous sommes très émues de voir cet accueil que nous a réservé le peuple camerounais ce soir. J’ai l’habitude de voir qu’on accueille les champions. Mais, nous sommes sorties aux huitièmes de finale et le peuple nous réserve un tel accueil ; je crois qu’avec tout ce soutien nous allons redoubler d’efforts pour aller plus loin la prochaine fois. Nous avons tiré les leçons des jeux olympiques de 2012 et notre jeu aujourd’hui est la résultante de ces efforts. Nous avons eu beaucoup de fans au Canada et chaque match pour nous était comme une finale. On se donnait à fond.

[b]“La Chine a été plus réaliste”[/b]
[b]Yvonne Patrice Leuko, défenseur[/b]

Ça devient de plus en plus intéressant de voir des milliers de personnes venues nous accueillir. C’est ce qu’on avait l’habitude de voir chez les garçons. C’est une preuve que le peuple camerounais commence à s’intéresser au football féminin et cela nous va droit au coeur. Au niveau de la compétition proprement dite, vous n’êtes pas les seuls à être restés sur votre faim. Nous aussi, avons été très déçues par notre façon de jouer ce match des huitièmes de finale. Nous avions espéré franchir cette étape. Malheureusement, c’est la compétition de haut niveau ne pardonne pas. La différence s’est faite sur des détails. La Chine a été plus réaliste que nous ».

[b]“Nous étions plus fortes dans la tête”[/b]
[b]Augustine Siliki Ejanguè, défenseur[/b]

Je n’arrive pas à expliquer ce qui se passe. C’est un accueil chaleureux auquel nous n’avons jamais eu droit. On est habitué à ce genre d’accueil chez les garçons. Quand cela arrive chez les filles, c’est la preuve que le peuple camerounais est fier de nous. Quand nous avons appris que les Camerounais ont veillé toute la nuit pour nous, cela nous a dopé le moral. Et nous étions fières de savoir que nous donnons cette joie aux Camerounais en leur enlevant le stress. Nous étions informées par les réseaux sociaux et nous étions plus fortes dans la tête.

[b]Propos recueillis par Achille Chountsa[/b]

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