Mama Nsounchiat Fit : « Contrairement au Tchad et à la RCA, les tarifs de transport au Cameroun sont libéralisés »

Mama Nsounchiat Fit

Le directeur Risks & Developments/ Corridors Manager chez Bolloré Transport & Logistics revient ici sur les tarifs de transport de marchandises en hinterland et en transit, tout comme il lève un pan de voile sur la relation que l’entreprise entretient avec les transporteurs routiers locaux.
 

Monsieur le directeur, comment avez-vous accueilli la récente sortie médiatique du Groupement des transporteurs terrestres du Cameroun (GTTC), qui accuse Bolloré Transport & Logistics d’être responsable de la non application d’un certain tarif plancher relatif au transport de marchandises en hinterland et en transit?

C’est avec beaucoup de surprise et d’étonnement que nous avons appris à travers les médias et les réseaux sociaux, ce que nous pouvons qualifier d’accusation ou d’indexation de notre groupe relativement à l’application des tarifs de transport de marchandises en hinterland et en transit. Nous sommes d’autant plus surpris que l’auteur même de ces propos est président d’un syndicat que nous connaissons et respectons . C’est un partenaire que nous recevons régulièrement ici pour discuter de tous les problèmes concernant l’amélioration des conditions de transports sur les corridors, notamment les deux principaux corridors sur lesquels nous opérons. D’ailleurs, nos dernières discussions datent du mois de novembre 2020 dans nos locaux.
Il était venu nous voir avec un groupe de syndicats Camerounais, Tchadiens et centrafricains pour nous sensibiliser effectivement de ces problématiques liées au prix du transport de marchandises et de leur décision d’appliquer les nouveaux tarifs dès le 1er janvier 2021.
Faut-il le rappeler, Bolloré Transport & Logistics n’est pas un syndicat. Nous sommes Commissionnaire agréé en Douane et au Cameroun il y a près 300.  Donc, nous ne sommes qu’un CAD parmi les 300 qui existent dans le pays. Par conséquence nous ne pouvons pas prétendre discuter avec un syndicat des tarifs qui seront appliqués dans toute la profession.
Donc, pour revenir à votre question, c’est avec beaucoup d’étonnement et de surprise que nous avons appris cette sortie.

Ce Groupement de transporteurs insiste sur le prix du transport de marchandises qui aurait été arrêté de commun accord, après une concertation. Y-a-t-il eu concertation ? Si, oui, avec qui et quand ?

Déjà, il faut dire que parlant de concertations, nous en avons régulièrement avec les transporteurs, parce que ce sont partenaires. Mais attention ! Nous discutons avec nos partenaires de l’activité de transport dans notre entreprise. Donc, en réalité, nous ne discutons pas avec les syndicats ; Nous discutons avec les transporteurs qui sont sous contrats avec nous.
Il y a eu des concertations entre les syndicats des CAD et ceux des transporteurs. Nous sommes membres d’un syndicat dénommé le SCADTC (Syndicat des commissionnaires agréés en Douane et transitaire du Cameroun), qui nous a d’ailleurs relayé les termes et les conclusions de ces échanges d’ailleurs repris dans la lettre de Monsieur le Ministre des Transports.
Nous avons également reçu à travers notre syndicat une note du Ministre des Transports centrafricain validant un montant ( un tarif) pour le transport applicable sur le corridor Douala- Bangui. C’est une note officielle que nous pouvons opposer à nos clients et ce sont ces tarifs-là que nous appliquons.
Par contre et s’agissant du corridor Douala – Ndjamena, le projet de revalorisation des tarifs n’aurait pas encore été validé par la partie Tchadienne. Résultat des courses les tarifs applicables différent suivant que le transporteur affrété est camerounais ou Tchadiens.
Vous voyez donc qu’il y a de l’ambigüité et tout ce que je peux vous dire aujourd’hui, c’est ce que nous appliquons les tarifs qui sont négociés de commun accord avec notre transporteur et conforme à l’esprit de la note ministérielle indiquée cité plus haut.

Le GTTC, pour le citer, parle aussi d’un montant plancher de 15 000 FCFA auquel il serait parvenu avec d’autres syndicats. Sur quels critères se seraient-ils appuyés pour arriver à un tel montant, puisqu’il cite le ministère des Transports qui aurait marqué son accord ?

De ce que j’ai compris, cette affaire de 15 000 FCFA ne concerne pas les Commissionnaires agréés en Douane (CAD) ou bailleurs de fret que nous sommes. Il s’agirait d’une affaire entre les transporteurs, leurs syndicats et l’organisme gestionnaire de fret (Bgft).Donc rien à voir avec les CAD. On en parle même pas chez nous.

De tous les 300 CAD opérant au Cameroun, pourquoi Bolloré Transport & Logistics se trouve-t-il indexé par ce Groupement ?

Notre engagement vis avis de notre clientèle intègre la prise en charge de toutes les démarches administratives et douanières en amont et en aval du transport, à l’import comme à l’export, et d’assurer l’acheminement des marchandises jusqu’à leur destination finale. Notre savoir-faire est unique dans la gestion des corridors et ses  schémas logistiques adaptés rendent possibles l’import et l’export jusque dans les zones les plus isolées. Pour y parvenir nous bâtissons des partenariats solides avec des transporteurs que nous accompagnons au quotidien afin qu’ils contribuent à l’amélioration de la qualité de services que nous rendons à nos clients.
Nous sommes le bailleur de fret majeur sur les corridors Douala-Bangui et Douala -Ndjamena au regard des volumes traités et certainement du nombre de vecteurs de transport affrétés, toutes choses pouvant justifier que nous fassions l’objet d’un peu plus d’attention que nos confrères.
C’est aussi conscient de tout cela que nous avons mis en place une organisation qui nous permettent d’être à l’écoute de nos partenaires transporteurs et de contribuer à notre manière à lutter contre les maux qui minent cette profession (chasse aux sous-traitants et autres démarcheurs, formalisation des contrats de transport, amélioration de leur trésorerie par l’octroi des montants d’avance pouvant aller jusqu’70% …).
Nous avons d’ailleurs mis en place récemment une plateforme de concertation permanente avec les transporteurs pour discuter de tous les sujets qui peuvent améliorer les délais, les couts, les procédures et la sécurisation du transport des marchandises en transit.

Si nous comprenons bien, il n’y pas de tarifs fixés par le ministère des Transports…

Contrairement au Tchad et à la RCA, les tarifs de transport au Cameroun sont libéralisés. Ça m’aurait étonné que le ministre des Transports, dans sa note, indique un montant particulier et précis. Non ! D’ailleurs il rappelle dans sa lettre que le montant appliqué est celui convenu entre le bailleur de fret et le transporteur. Je dois également préciser que nous rémunérons un service qui est rendu. Nous demandons aux transporteurs de prendre une marchandise appartenant à un client pour l’acheminer à destination. Le prix proposé est discuté et validé de commun accord ainsi que tous les autres détails sur les conditions d’un transport conforme aux standards, s’agissant d’une marchandises sous Douane.

Quel est à ce jour l’état de vos relations avec les transporteurs ?

Elles sont excellentes. D’ailleurs, je dois vous le dire et c’est important. Le transport est un maillon essentiel dans la chaine logistique. Nous sommes Transitaire, Commissionnaire de transport, Commissionnaire agréé en Douane, mais nous avons choisi de ne pas avoir une flotte de camions chez nous en propre, pour assurer la livraison de nos clients. C’est une activité que nous sous-traitons à des partenaires avec qui nous entretenons des relations de confiance et empreint de beaucoup de professionnalisme.
Les transporteurs sont des partenaires. Ce ne sont pas des fournisseurs ou des sous-traitants classiques, c’est vraiment des partenaires. C’est pour cela que nous sommes peinés et gênés d’apprendre qu’un des syndicats et le président d’un syndicat nous indexe.

Joseph Roland Djotié, Eco Matin N°0017 du 10 mai 2021

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