La lettre du ministre des Transports au coordonnateur du Bgft, et qui date du 29 janvier 2021, met fin à tout débat sur les tarifs de transport de marchandises en hinterland et en transit.
Contrairement au Groupement des transporteurs terrestres du Cameroun (GTTC), qui accuse , depuis quelques jours, Bolloré Transport & Logistics de ne pas appliquer un certain prix du transport de marchandises de Douala pour les pays de l’hinterland que sont le Tchad et la RCA, la lettre du ministre des Transports, Jean Ernest Massé Ngallè Bibéhè, datant du 29 janvier 2021, indique clairement que le prix du transport des marchandises sur les différents corridors (Douala-Ndjamena, Douala-Bangui) se négocie entre le bailleur de fret et le transporteur. Il n’y a pas donc pas d’ambiguïté, si l’on s’en tient à l’esprit de ce courrier adressé récemment au coordonnateur général du Bureau de gestion du fret (Bgft), l’enjoignant de veiller à la stricte application des recommandations issues des réunions tenues au ministère du Commerce, le 10 janvier 2020, et au ministère des Transports, le 28 janvier 2021.
« Monsieur le coordonnateur général, faisant suite aux conclusions des réunions relatives aux tarifs de transport des marchandises en hinterland et en transit, tenues au ministère du Commerce, le 10 janvier 2020, et au ministère des Transports, le 28 janvier 2021, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir veiller à la stricte application des recommandations y issues, ci-après, pour l’assainissement de ce secteur. Il s’agit de la délivrance de la LVI aux seuls transporteurs détenteurs d’un agrément Cemac, l’affichage sur le bon de chargement ou le bon de commande, du prix du transport convenu entre le bailleur de fret et le transporteur ; l’inclusion du prix du transport sur chaque titre de transit en collaboration avec la direction générale des Douanes », écrivait-il le 29 janvier dernier.
Soit un peu plus de trois mois avant la cabale médiatique dont est aujourd’hui victime Bolloré Tranport & Logistics, orchestrée par le GTTC qui, sur les 300 CAD (Commissionnaires agréés en Douane) opérant dans le pays, n’a visé que Bolloré. « Les transitaires véreux qui continuent de nous défier, je parle notamment du groupe Bolloré, pour le citer, et qui ne veut pas payer le prix du transport arrêté. Si rien n’est fait et que les choses n’avancent pas avec ce partenaire nommément cité, nous serons dans l’obligation de faire arrêter les camions qui vont charger de ce côté et travaillant pour le compte de ce transitaire. Pas seulement lui, mais tous ceux qui iront dans le sens opposé à nos orientations », a déclaré Ibrahima Yaya, président du GTTC.
Des propos tenus contre Bolloré Transport & Logistics à Ngaoundéré par ce leader syndical, il y a quelques jours, au moment où la filiale du groupe Bolloré entretient de bons rapports avec la majorité des transporteurs locaux. «Nous travaillons avec de nombreux transporteurs routiers avec lesquels nous avons signé des contrats et tout se passe très bien. Nous sommes surpris et étonné par l’attitude de ce président de syndicat qui nous attaque aujourd’hui injustement. La note du ministre des Transports est pourtant assez claire concernant les tarifs de transport », explique Mama Nsounchiat Fit, directeur Risks & Developments/Corridors Manager chez Bolloré Transport & Logistics. Qui continue de s’interroger sur les vrais mobiles de cette attaque dirigée contre la filiale du groupe Bolloré depuis quelques jours.
A l’origine du relèvement du prix du transport
Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette indexation de Bolloré Transport & Logistics parmi les 300 Commissionnaires agréés en Douane (CAD) opérant au Cameroun, par l’un des multiples syndicats de transporteurs avec lesquels ce CAD travaille pourtant depuis des années ? La filiale du groupe Bolloré n’a pour l’instant pas de réponse à cette question, mais elle a cependant une idée de la genèse du projet de relèvement des tarifs de transport de marchandises sur les différents corridors (Douala-Ndjamena et Douala-Bangui). « Il y a une dizaine d’années, des syndicats tchadiens, centrafricains et camerounais se sont retrouvés, dans le cadre de leur concertation, et ont pensé qu’il fallait revaloriser le tarif de transport sur les corridors. N’ayant pas pu implémenter ce projet il y a dix ans, ils sont passés nous voir en novembre 2020 pour nous rappeler que les tarifs auxquels ils étaient parvenus quelques années plus tôt allaient être appliqués dès le 1er janvier 2021 », raconte le directeur Risks & Developments/ Corridors Manager chez Bolloré Transport & Logistics, Mama Nsounchiat Fit.
A l’en croire, les tarifs arrêtés, après concertation, par les transporteurs étaient de 3 350 000 FCFA pour le transport de marchandises sur le corridor Douala-Bangui, et de 3 300 000 FCFA pour les mêmes quantités de marchandises sur le corridor Douala-Ndjamena. Las d’attendre que ces tarifs soient acceptés de tous (Etats et CAD), ils ont donc décidé de passer à la vitesse supérieure dès janvier 2021. « Mais face à l’opposition du syndicat des CAD, qui a estimé qu’ils ne pouvaient pas décider unilatéralement de modifier les tarifs appliqués jusqu’aujourd’hui, ils ont menacé de faire grève (ils ont saisi les autorités d’un préavis de grève). Ce qui a abouti à la convocation d’une réunion au ministère des Transports. Et au cours de cette réunion au ministère des Transports, les Centrafricains ont confirmé leur position. Cela a d’ailleurs été validé par le gouvernement centrafricain (tarif applicable sur le corridor Douala-Bangui est de 3 350 000 FCFA validé par les autorités centrafricaines) », fait-il savoir.
Avant d’ajouter : « Du côté des autorités tchadiennes, le représentant du Tchad à cette réunion s’est désolidarisé de ce groupe-là, au motif que le gouvernement n’a pas validé cela. Parce que la conséquence immédiate devait être le renchérissement des coûts à la consommation, dans un contexte qui n’était pas favorable à cela. Et ceux du Cameroun, ont décidé de maintenir leur position ».