Crise au Cameroun et jeu des puissances: Paul Biya tiraillé

À l’aune de l’internationalisation de la crise dite anglophone, le pays semble devenir le graal des acteurs étrangers.

Depuis que la « communauté internationale » a ouvert les yeux sur la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, trois tendances se dégagent globalement. Les « pays partenaires » du Cameroun, les « pays neutres » et, « certains pays et autres acteurs » mus par « le vain espoir de susciter une intervention dite humanitaire » sur son territoire. Ainsi s’est exprimé le ministre des Relations extérieures (Minrex), Lejeune Mbella Mbella, dans un communiqué publié le 13 mai, soit le même jour où se tenait à New York aux Etats-Unis d’Amérique, une réunion informelle du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée au Cameroun. Le Minrex s’est par ailleurs dit étonné « quant à l’obsession » de ces adeptes de l’ingérence dans les « affaires intérieures » du pays.

Hors de question pour Lejeune Mbella Mbella. D’ailleurs, s’agissant de la crise humanitaire abordée à New York, le Cameroun « ne tolèrera pas qu’on se cache derrière cette problématique pour porter atteinte à sa souveraineté et son intégrité territoriale », réagit fermement le Minrex.

Comme dans un tir groupé, l’ambassadeur et représentant permanent du Cameroun à l’Onu, Tommo Monthe, est lui aussi monté au créneau, révélant « l’agenda caché » de ces « déstabilisateurs ». Pour le diplomate, il apparaît clairement que ce sont des « menteurs » qui peignent le Cameroun comme un « pays d’enfer et de maux indicibles » et qui sont « à la recherche de marchés pour leurs Ong en gonflant à souhait les chiffres des besoins humanitaires ». eb.remac .

Et pour se prémunir contre ces «sirènes de la déstabilisation», le chef de l’Etat, Paul Biya, appelle le peuple à l’union sacrée. « Nous n’avons qu’une seule patrie. Il est de notre devoir de la défendre et de la conduire, tous ensemble, sur les chemins de la grandeur et de la prospérité pour tous », a-t-il écrit dans un tweet, le 22 avril.

Du reste, la guerre des puissances étrangères autour du Cameroun se dessine de façon claire. Dans le camp des soutiens « réservés », la France et le Royaume Uni de Grande Bretagne font montre de diplomatie en parlant d’accompagnement du Cameroun dans la guerre contre le terrorisme, compte tenu de sa position stratégique dans le golfe de Guinée et son engagement dans la lutte contre la secte terroriste Boko Haram.

Plus catégoriques, la Chine, la Russie et les pays africains estiment que la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest est une affaire strictement camerouno-camerounaise. Par conséquent, les deux puissances excluent toute ingérence. Leurs ambassadeurs au Cameroun, au sortir d’une audience conjointe avec le ministre des Relations extérieures hier mercredi, ont réitéré cette position, en indiquant toutefois que leurs pays sont disposés à soutenir le pays au plan humanitaire, à la demande des autorités camerounaises.

La Chine a annoncé dans la foulée, la mobilisation d’une aide financière sans contrepartie de 1,7 milliard Fcfa, pour l’assistance humanitaire. À l’opposé, les États-Unis (soutenus par la Belgique lors de la réunion en formule Arria), manoeuvrent pour une intervention humanitaire internationale, en s’appuyant sur un certain nombre d’Organisations non gouvernementales (Ong) à l’instar de International Crisis Group et Human Rights Watch, qui ont publié une série de rapports accablants contre les forces de défense et de sécurité camerounaises au cours des derniers mois. Il est à souligner que la réunion informelle évoquée plus haut est une initiative américaine.

Les différents camps disent toutefois rester attentifs aux actions de sortie de crise que le gouvernement du Cameroun est appelé à entreprendre, notamment l’ouverture d’un dialogue inclusif. D’ailleurs à la fin de la réunion tenue à New-York lundi, le sous-secrétaire d’Etat américain chargé des Affaires africaines, Tibor Nagy, a indiqué dans un tweet, être heureux que la réunion du Conseil de sécurité en formule Arria du lundi sur la crise humanitaire au Cameroun ait eu lieu, « donnant la parole à tous les Camerounais devant la communauté internationale ». «Nous exhortons toutes les parties, a-t-il poursuivi, à mettre fin à la violence et à s’engager dans un large dialogue inclusif sans conditions préalables».

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