Compte d’opérations de la CEMAC: Yaoundé détient 50% des réserves de change

Le siege de la Beac

Au 31 décembre 2019, le Compte d’opérations de la sous-région, logé au Trésor français, affichait un solde de 3 740,3 milliards de FCFA. Des chiffres qui placent le Cameroun comme la locomotive de l’espace Afrique centrale.

Selon un rapport que vient de rendre public la Beac, institut d’émission des six pays de la Cemac, une répartition de ces réserves par États confirme la place prépondérante que joue le Cameroun au sein de cet espace communautaire. En effet, révèle le rapport susmentionné, avec des réserves d’un peu plus de 2 067 milliards de FCFA au 31 décembre 2019, le Cameroun, à lui tout seul, contribue à plus de 50% de la cagnotte globale des six pays de la Cemac, logée au Trésor français. Le Gabon, 2e contributeur aux réserves en compte d’opérations, selon le rapport de la BEAC, n’affiche qu’un solde de 668,6 milliards de FCFA au cours de la même période, soit le tiers des avoirs du Cameroun nous rapporte nos confrères d’Investir Au Cameroun.

En outre, Libreville fait mieux que les services centraux de la BEAC (246,1 milliards de FCFA), le Congo (un peu plus de 500 milliards), la RCA (195,6 milliards de FCFA), le Tchad (157,6 milliards de FCFA), et surtout la Guinée Équatoriale, dont le solde en Compte d’opérations est négatif à fin 2019 (-95,5 milliards de FCFA). Ce fut déjà le cas au 31 décembre 2018 (-32 milliards de FCFA). Ces statistiques, qui confortent le Cameroun dans son statut de locomotive économique de la zone Cemac, indiquent simplement qu’au cours de l’année 2019, ce pays a été la mamelle nourricière de l’ensemble de ses homologues de cette espace communautaire. En effet, les réserves en Compte d’opérations permettent de garantir les importations des biens et services par les différents pays, indépendamment de leurs avoirs dans ce compte.

Le FMI le conforte en 2019

Cette réunion du Fonds monétaire international (FMI) en juillet 2019 a permis de noter un rebond de la croissance sous-régionale, une position budgétaire globale de la région proche de l’équilibre, et une accumulation des réserves extérieures au-delà des attentes. En légère hausse (1,7 %) au cours de l’année 2018, la croissance économique dans l’espace Cemac est au-dessus de 3 % à fin juin 2019, selon le gouverneur de la Banque centrale des États de la communauté (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, Centrafrique et Guinée équatoriale). Les réserves de change des six pays de la Cemac atteignent 3 822 milliards francs CFA à fin juin 2019, alors qu’elles étaient à 2552 milliards francs CFA au 31 décembre 2017, et à 3 360 milliards francs CFA à fin 2018. L’autre nouvelle concerne la mise en place de nouvelles règlementations des changes.

La Banque des États d’Afrique centrale a renforcé la régulation. Elle vient d’organiser les émissions de valeurs mobilières sur le marché des capitaux de la région Cemac. Ainsi, en dessous de cinquante millions francs CFA de valeurs mobilières émises, les intervenants de l’opération ont l’obligation désormais de la déclarer quinze jours avant son début. Pour les opérations d’un montant supérieur, une autorisation préalable de la BEAC est désormais requise. Est également soumis au régime de l’autorisation, le transfert des fonds collectés par les émetteurs de valeurs mobilières non incorporés en zone Cemac. Pour l’opération en elle-même, le délai est de trente jours auxquels il faut ajouter dix jours pour l’autorisation des transferts des fonds. Ce renforcement de la règlementation vient se rajouter à la procédure de visa préalable, qu’il faut effectuer auprès de la Commission de surveillance des marchés financiers. Si le durcissement du dispositif réglementaire peut être compris comme une volonté de protéger les réserves de change de la région, il y a risque, notamment la restriction de la capacité d’investissement en capital à partir de la Cemac.

Le Cameroun leader sur le marché du crédit Le pays concentre à lui seul 60% des financements octroyés dans la sous-région en 2018, devant le Gabon. Le marché du crédit dans la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) perd en volume. En 2018, le cumul des prêts accordés se chiffre à 9 297 milliards de F. Soit une diminution de 6,07% par rapport aux 9 897 milliards de F de 2017. D’après les données de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), près 87% des nouveaux prêts enregistrés sur la période proviennent des établissements de crédit implantés au Cameroun et au Gabon. Avec 2 887 milliards de financements débloqués, le Cameroun se positionne comme leader sur ce marché du crédit avec 60% des parts. Il est suivi par le Gabon qui concentre 27% des parts de marché correspondant à 1 302 milliards de F de crédits octroyés. En dépit de son leadership sur le marché du crédit de la sous-région, l’offre de crédit au Cameroun qui demeure essentiellement le fait des banques (99,2% du total des financements) a reculé.

En 2016, le montant global des nouveaux concours bancaires était de 6 260 milliards de F contre 6 739 milliard de F en 2017. Soit une baisse de 7,11%. Au niveau national, les parts de marché entre les 15 banques commerciales en activité a évolué. Afriland First Bank et Ecobank Cameroun qui faisaient partie du peloton de tête au premier semestre avec respectivement 6,18% et 3,39% ont vu leurs parts de marché baisser. C’est la BICEC et la Société Générale Cameroun qui ont à leur tour dominé le marché du crédit au cours du second semestre de l’année, en concentrant plus de la moitié (58,09%) de l’offre. S’agissant des établissements financiers, le marché a été dominé par Alios Finance avec 54,09% de l’offre de financement suivi par le Crédit Foncier du Cameroun détenteur de 26,84% des parts de marché, PRO-PME (11,85%) et SCE (7,22%).

Comme pour l’ensemble de la zone CEMAC, les principaux bénéficiaires des crédits sont les entreprises du secteur productif. Au Cameroun, elles ont absorbé 90,4% du total des prêts soit 2 600 milliards de F. Les grandes entreprises en tête avec 74,8% des ressources et les PME avec 15,6%. S’agissant des particuliers, la part des concours dont ils ont bénéficié a doublé au courant de l’année. De 4,52% au premier semestre à 9,2% au second semestre2018, notamment en raison du nombre élevé de prêts accordés généralement aux particuliers à l’occasion des fêtes de fin d’année et des rentrées scolaires (crédits scolaires).

Nadia Dicka

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *