Communes et villes unies du Cameroun : Camile Akoa bat campagne pour Aboubakar Abbo

Camile Akoa et Aboubakar Abbo

En violation du droit de réserve et de neutralité, le directeur général du Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom) accusé de tirer les ficelles dans l’ombre pour soutenir la candidature du grand Nord à ces joutes électorales au bureau national de Communes et villes unies du Cameroun.

Plus que six jours et les urnes livreront leur verdict ! On saura au soir de mardi prochain, qui sera le successeur d’Emile Andze Andze à la tête des Communes et villes unies du Cameroun (Cvuc). Le président sortant de cette association, qui ne peut pas se représenter pour défaut de qualité – il a perdu son poste de maire de la commune d’arrondissement de Yaoundé 1er au terme des municipales du 09 janvier dernier– a convoqué pour le 03 novembre prochain, l’Assemblée générale élective de cet organe qui a pour mission de participer activement non seulement au processus de décentralisation en cours, mais surtout de développer en son sein, une stratégie nouvelle susceptible d’accompagner les communes dans leurs missions de développement. Aminés par le désir de faire bouger les lignes et impulser une nouvelle dynamique à cette association, des candidatures se manifestent progressivement. C’est le cas d’Anthony Dighambong, maire de la commune de Wum dans le Nord-Ouest, adoubé par ses pairs de cette contrée et qui croit dur comme fer que le salut des Cvuc viendra de la partie anglophone du pays.

Mobiliser les ressources

Augustin Tamba n’est pas en reste. Président de l’antenne du bureau régional des Communes et villes unis du Cameroun pour le Centre en poste depuis août 2020, le premier magistrat municipal de la commune d’arrondissement de Yaoundé 7 rêve grand et promet de « travailler avec le réseau des parlementaires pour la promotion de l’entreprenariat pour un meilleur accompagnement des maires; intensifier le plaidoyer (des 15% du budget de l’Etat, du Code spécial des marchés et de gestion des ressources humaine des communes); de transformer la commune en moteur de croissance et de développement; structurer et renforcer l’intercommunalité (…) » Dans la course vers le fauteuil présidentiel, Aboubakar Abbo, maire de Belel dans l’Adamaoua, se positionne comme le candidat du grand Nord. Lui qui promet l’organisation d’un forum national pour la présentation de projets maturés. Pour celui qui est par ailleurs président du conseil d’administration de la Camrail, cela permettra de « mobiliser des ressources pour les financer à travers le Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom), ou encore le Programme national de développement participatif (Pndp) ». Les élections viendront donc tourner définitivement la page Andze Andze, qui a régné sans partage sur l’association depuis sa naissance en 2003, de la fusion de l’Association des communes et villes du Cameroun (Acvc) et de l’Union des communes et villes du Cameroun (Ucvc), qui ont fonctionné parallèlement pendant plus d’une demi-douzaine d’années.

Manœuvres souterraines

Pour le rendez-vous du 03 novembre, les maires du Cameroun s’accordent pour avoir une équipe capable de porter une vision stratégique pour l’aboutissement de la décentralisation, la défense de leurs intérêts commun…etc C’est donc un doux euphémisme de dire que ces élus du peuple souhaitent avoir une équipe managériale forte à la tête des Cvuc. D’où l’enjeu de cette élection du bureau exécutif qui charrie des convoitises parce qu’il s’agit de désigner l’équipe qui va aider à faire des communes le véritable moteur du développement et de la croissance au Cameroun. Seul hic, la préparation de cette Ag est loin d’être un long fleuve tranquille puisque des médiations souterraines, des propositions d’alliances et les manœuvres électorales font rage. Si cette ambiance électrique en rajoute au suspens qui entoure l’attente du jour-dit, il reste inconcevable que certains hauts commis de l’Etat tentent d’imposer par tous les moyens leur candidat au trône.

Posture partisane

Il y’a quelques heures, c’est Anicet Albert Akoa, le maire de Ngoulemakong et non moins premier vice-président sortant qui a retiré sa candidature pour que son Sud natal fasse chorus derrière Augustin Tamba. Une décision courageuse fortement saluée par plusieurs maires qui voient déjà en cette démarche, une victoire écrasante du patron de Yaoundé 7. Aboubakar Abbo, lui, ne fait pas l’unanimité chez ses pairs dont la plupart estiment que le cumul de fonctions n’arrangerait pas les choses. Du haut de sa stature de Pca de Cameroun Railways (Camrail), « aura-t-il le temps de se consacrer à la cause des maires au moment où ils souhaitent donner un nouveau souffle aux Cvuc, engluées dans l’inertie depuis 25 ans? », s’interrogent les maires. Des informations puisées à bonne source font état de ce que Philippe Camille Akoa, le Dg du Feicom, de connivence avec certaines pontes du régime, aurait misé sur le candidat du Grand Nord à l’effet de le conduire à la victoire finale. Une posture partisane déplorable pour le dirigeant de la banque des communes pourtant astreint au devoir de réserve en pareille circonstances.

Pour s’assurer qu’il aura un fort électorat acquis à la cause de son poulain, Akoa a par ailleurs organisé un séminaire depuis hier mardi 27 octobre et ce jusqu’à vendredi prochain à Dschang à l’intention des maires des 10 régions afin de convaincre ces derniers d’adhérer à la candidature du maire de Belel. Pourquoi la ville de Dschang ? « Le maire de cette ville (Kemleu Jacquis Ndlr) ami du Dg du Feicom serait pressenti pour être secrétaire général du maire de Belel et administrateur au Feicom très prochainement », rapporte notre source. Suffisant pour que certains observateurs se demandent si le patron du Feicom n’a pas des choses à cacher dans la gestion de cet établissement financier des collectivités territoriales décentralisées.

Tamba combattu

Quid du ministre de la Décentralisation et du développement local ? Son entourage soutient qu’il est très éloigné de cette Ag élective, parait détaché et même indiffèrent sur la question. Mais des rumeurs persistantes disent son penchant pour un candidat dont il soutiendrait dans l’ombre le déploiement. Lequel ? Just wait. Toutefois, le Messager a appris que toute cette armada déployée pour imposer Aboubakar Abbo à la tête des Cvuc, n’est que la preuve que la candidature de Tamba fait peur. Homme rigoureux, technocrate et visionnaire, il a l’avantage d’être magistrat municipal de Yaoundé, même si certains lui reprochent d’être de la même tribu que le président sortant. A ceux-là, ses soutiens maires du Centre, du Sud, de l’Est, de l’Extrême Nord, du Littoral et d’autres régions du pays rétorquent que les Cvuc ont besoin d’un manager qui a un projet et des moyens pour mettre enœuvre ce projet. Qu’importe d’où il vienne, pourvu qu’il soit un élu local camerounais.

Pour mémoire, les Cvuc sont un réseau de 374 communes et communautés urbaines représentant 20 millions d’habitants, œuvrant pour le développement local et la décentralisation. A ce titre, elle formule des plaidoyers et fait du lobbying auprès des pouvoirs publics pour la prise en compte des intérêts des collectivités territoriales décentralisées dans la prise de décision et contribution à la production législative et réglementaire du processus de décentralisation, entre autres missions.
Rendez-vous le 03 novembre !

Franck ESSOMBA

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