Cameroun: Mesures coercitives pour les parents qui refusent de faire vacciner leur progéniture lors des campagnes

Joseph Beti Assomo: Nous allons prendre des mesures coercitives. Le gouverneur du Littoral met en garde les acteurs sociaux qui poussent les parents à ne pas faire vacciner leur progéniture lors des campagnes.[pagebreak]Quelle est la situation actuelle de la poliomyélite dans la région du Littoral ?
Nous faisons un bilan globalement positif. Nous avons déjà mené onze campagnes comme dans les autres régions parce que l’objectif est d’atteindre un taux de couverture vaccinale de 100% de tous les enfants cibles (0 à 5 ans) de cette opération.

Vous parlez d’un bilan positif alors que le Littoral affiche des résultats en dents de scie ?
Il y a encore quelques zones d’ombre, des choses qu’il convient d’améliorer. Nous avons fait l’examen critique de ce qui a été fait jusqu’ici et nous pensons qu’il va falloir continuer le travail. Nous tendons vers le taux de couverture vaccinale de 100%. Nous avons encore 4,8% d’enfants qui ne sont pas vaccinés. Pour le gouvernement et les partenaires au développement, notamment l’Unicef et l’Oms, il est question qu’aucun enfant cible ne soit manqué lors des campagnes.

S’agissant du taux d’information des parents qui est également un facteur important de cette campagne, l’objectif est d’atteindre au moins 95% de parents informés (avant la campagne, Ndlr). Mais actuellement, la région est à 84,85%.
Là aussi, il y a encore des efforts à faire. C’est d’ailleurs pour cela que nous voulons nous réjouir de l’appui que les partenaires nous ont apporté, notamment l’Unicef, à travers cette conférence des gouverneurs que notre région vient d’abriter. Cette conférence a donné lieu à une très forte mobilisation des acteurs de terrain. Cette mobilisation tous azimuts traduit notre détermination d’atteindre pleinement les objectifs.
Qu’allez-vous faire des recommandations faites par les participants à l’issue des travaux ce jeudi 19 février 2015 ?
Il est question de veiller, à notre niveau, à ce que ces recommandations soient suivies d’effet. Je sais que la tâche ne sera pas facile. Nous avons identifié certains facteurs endogènes et exogènes qui gênent la pleine atteinte des objectifs. Nous allons tenir compte de cela parce que le problème fondamental ici, c’est la sensibilisation. Pendant que nous menons la sensibilisation, il y a d’autres qui font une contre-campagne à travers les médias et certaines dénominations religieuses que je voudrais d’ailleurs fortement mettre en garde ici parce que certaines de ces églises n’ont même pas d’existence légale. Malheureusement, elles ont de l’influence sur les parents. Les campagnes de vaccination sont gratuites et nécessitent la mobilisation de moyens importants par le gouvernement et par les partenaires. Nous ne pouvons pas permettre que certains acteurs se permettent de ramer à contre-courant pour démobiliser ou décourager les parents à amener les enfants devant les équipes de vaccination. Nous allons veiller. Maintenant que le diagnostic a été posé, que les diverses entraves ont été identifiées, je crois que le travail va être plus aisé qu’il ne l’a été jusqu’ici.

Que prévoyez-vous de faire en cas de résistance ?
Compte tenu de ce qui a été dit pendant le forum, ces réticences vont être réduites à leur plus simple expression. Nous sommes persuadés que la manière de sensibiliser, les arguments qui seront utilisés par les autorités administratives et nos collaborateurs des services de santé tiendront compte de cette donne et seront certainement plus persuasifs. Si nous nous rendons compte qu’il y a toujours des pêcheurs en eaux troubles, nous allons nous en occuper conformément à la loi. Laisser ces enfants non vaccinés peut être assimilé à une situation de non assistance à personne en danger parce qu’ils sont exposés à une maladie invalidante à vie. Ne pas les vacciner revient à les exposer à cette invalidité qui pourrait leur faire du tort et faire même du tort à l’ensemble de la société. Ces enfants, c’est l’avenir de notre pays. C’est d’eux que sortiront nos futurs ingénieurs, administrateurs, journalistes, serviteurs du pays sous le drapeau. Nous devons en prendre soin pour leur permettre de devenir, demain, des hommes et des femmes acteurs et actrices de notre processus de développement. Il y a les dispositions de la loi auxquelles nous n’hésiterons pas le moment venu, avec le concours des autorités judiciaires, à mettre en œuvre. Nous-mêmes aussi avons une panoplie de mesures administratives, coercitives que nous n’hésiterons pas à mettre en branle le cas échéant. C’est pour dire notre détermination à prendre le taureau par les cornes pour que le Littoral sorte de l’ornière et apporte des résultats plus convaincants. Je vais y veiller personnellement.
Propos recueillis par Patricia Ngo Ngouem, à Douala

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