Cameroun: Le Rdpc joue contre le Rdpc aux législatives et municipales 2020

En cette période électorale, le parti au pouvoir ressemble à un bateau ivre.

Dans un climat suffoquant d’hypocrisie, le Rassemblement démocratique du peuple Cameroun (Rdpc) ira aux élections législatives et municipales du 09 février 2020. Actuellement, quelques barons du parti bougonnent que les opérations d’investiture vont entrainer la mort définitive du Rdpc. « Le Rdpc vit encore parce que le président Biya est encore là. Beaucoup ont passé le temps à financer les actions du parti. Même un poste de conseiller municipal, ces gens n’ont jamais eu. Si on décide de rejeter leurs candidatures cette fois- ci, il est clair qu’ils rejoindront l’opposition. Car, tout le monde sait que c’est le dernier mandat de notre champion national. Donc, c’est maintenant ou jamais », fulmine un membre du secrétariat général du parti au pouvoir. En dehors des frustrations nées des investitures, des coups bas pleuvent en abondance au sein du parti. Les candidats se déclarent mutuellement la guerre.

Certain candidat ont réussi à retourner l’épouse de leur challenger dans le but d’affaiblir le rival ; des agressions font rage et les luttes de clans se multiplient. Cavaye Yeguie Djibril, le Président-sortant de l’Assemblée nationale aurait écrit au président Paul Biya pour « dénoncer » les manœuvres « malsaines » du secrétaire général du comité central en vue de disqualifier sa candidature. Mais Cavaye sera-t-il encore réélu même si sa candidature est validée? Heureusement qu’il détient les cordons de la bourse dont le clan. Aussi, le Pan et par ailleurs Chef de la délégation permanente du Rdpc dans la région de l’Extrême-Nord, a été récemment critiqué de façon subtile par l’hon.Hamadou Sali, le président de la section Rdpc de Bogo. Ce dernier également craché le feu sur certains cadres du parti au pouvoir qui n’ont rien fait pour le développement de la région de l’Extrême-Nord.

Il en est de même du maire de Sangmelima, qui a récemment pondu un communiqué dans lequel il déplore le complot de ses camarades du parti pour écarter sa candidature. Dans la même veine, un groupe de jeunes a été mobilisé pour dénoncer la candidature du maire André Noel Essiane lors de la réunion d’investiture organisée par le comité central. Ses proches pointent à tord ou à raison un doigt accusateur sur Louis Paul Motaze, l’actuel ministre des finances, qui serait en froid avec le maire –sortant. Dans une lettre rédigée par les militants de la section Rdpc de Sangmelima, et adressée au Président nationale du Rdpc , il a été demandé de limoger Louis Paul Motaze de la commission.

Dans la région de l’Ouest, le Rdpc est également en ballotage. Le 24 mars dernier à Bafoussam, la visite de Jean Nkuete, a mis à nu les plaies béantes au sein du Rdpc. Le coordonnateur départemental de la délégation permanente du comité central, Sylvestre Ngouchingué, a été accusé par Chrispen Petang (Chargé de mission du comité central pour l’Ouest) de financer les actions du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc). En réalité, c’est le poste du maire de Bafoussam III qui est ciblé à travers les attaques contre le sénateur RDPC, a-t-on appris. N’ayant pas reçus leur coup, les colporteurs de ces allégations confient qu’ils voteront massivement l’opposition.

Ça gronde…

En interne, on attend des signaux forts malgré des frustrations. Faut-il s’attendre à un rajeunissement de la classe politique? Qui va être élu, et qui va tomber en disgrâce ? Le président va-t-il tenter d’arrêter la guerre des clans qui fait rage dans son parti? « Les militants du Rdpc ont peu de confiance au Comité central du parti qui préfère des millionnaires en lieu et place des populaires. C’est ce qui explique des blocages dans les différentes circonscriptions. Les gens préfèrent boycotter la circulaire du président national pour leur intérêt égoïste », martèle un président de section Rdpc qui a requis l’anonymat en raison de la sensibilité du sujet. Et d’ajouter que, « la chute du RDPC viendrait en partie des querelles intestines qui minent le parti à cause des frustrations enregistrées lors des investitures ». Le Rdpc est en guerre contre le Rdpc. Au mépris de la discipline du parti, certains n’hésitent pas à se dresser ouvertement contre leurs camarades du parti. Ainsi, le Maire- sortant de la commune de Mfou a été agressé par ses camardes du parti qui ne veulent plus de sa candidature.

Mais ce qui est sûr c’est que le Rdpc remportera les élections législatives et municipales du 09 février 2020. Mais avec la montée du Mrc, le parti au pouvoir verra son nombre de députés et de maires diminuer de façon spectaculaire.

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