Franck Leander, informaticien de 32 ans met un soin particulier au respect de son traitement.
C’est un jeune de 32 ans passionné par l’informatique. Il vit avec sa fiancée et est père d’un enfant. Franck Leander est domicilié au quartier Carrière à Yaoundé. Willy de Paris, le diminutif de son second prénom Wilfried, comme l’appellent ses amis, fait de la musculature pour avoir une masse musculaire et un bon développement physique. Il évite par contre de fournir trop d’efforts physiques. Il est atteint de drépanocytose SS. Et c’est seulement à l’âge de 25 ans qu’il l’a su. « J’ai commencé à ressentir des douleurs à l’âge de 07 ans.
Je souffrais des douleurs au bas du dos, aux articulations des bras et des jambes. Mes parents m’amenaient dans un dispensaire ici à Yaoundé et l’on me prescrivait des médicaments contre le paludisme, parfois la fièvre typhoïde. J’étais constamment anémié ». C’est le médecin qui, las de me voir presque chaque mois à l’hôpital pour les crises douloureuses et d’anémie perce l’abcès. « Il m’avait déjà prescrit tout type de remèdes pour le sang. Un jour, il consulte à nouveau et demande qu’on fasse une électrophorèse de l’hémoglobine. Et là, j’apprends que j’étais un drépanocytaire », se souvient-il, le regard lourd, l’air un peu désespéré.
Mais, il ne s’apitoie pour autant pas sur son sort. Le médecin en le lui annonçant lui a recommandé de prendre soin de lui. « Il m’a dit que je ne pouvais pas guérir, mais me prendre en charge pour atténuer les crises », dit-il. A sa mère et ses proches qui se sont inquiétés lors de l’annonce de cette nouvelle, le médecin a affirmé que Franck Leander pourrait avoir une vie normale : travailler, avoir un enfant a-t-il expliqué : « Mais il avait précisé que tout cela est possible si j’ai une bonne prise en charge ».
Il se fait suivre et veille sur lui. « Mes crises sont occasionnelles. Ma dernière crise remonte au mois de décembre 2021. J’ai été transfusé. C’était grave. Mon taux d’hémoglobine était à 6g/dl, or je suis souvent entre 8 et 9g/dl. Une émotion, un stress, une angoisse peuvent provoquer des crises chez moi. J’évite de me mettre en colère ou d’être pensif. Je dors sous une moustiquaire, pour éviter une fièvre ou un paludisme qui peut me conduire à l’anémie. Lorsque je suis anémié, je ressens des crises. L’anémie sévère peut être compliquée pour moi. Mais lorsqu’il s’agit des crises passagères, j’essaye d’atténuer la douleur avec des antalgiques. Quand c’est au-delà de mes forces, l’on fait appel à un infirmier pour des soins appropriés. L’objectif est d’arrêter la douleur. Je prends aussi tous les jours de l’acide folique, qui est un élément indispensable dans la fabrication des globules rouges et la prévention des anémies », indique-t-il.
Franck Leander ne badine pas avec son hygiène de vie. Il lui arrive certes de consommer des boissons alcoolisées, mais avec modération. L’alimentation occupe une place de choix. Sa fiancée, Nadia sait à quoi s’en tenir : « Il m’a expliqué qu’il lui faut manger les aliments riches en folates pour favoriser la production les globules rouges. J’achète toujours les fruits pour lui. Il aime surtout le mélange de betterave, de carotte avec un peu de gingembre sous forme de jus. Ses repas je les fais sans cube ». En ce qui concerne ses crises, Nadia affirme, timidement qu’elle prie beaucoup lorsqu’elle voit son fiancé souffrir dans sa chair : « Il n’aime pas qu’on éprouve de la pitié pour lui.
Lorsqu’il se tord de douleur, je suis certes stressée parce que je ne sais pas comment lui venir en aide. Je me mets en prière pour que le pire n’arrive pas ». Sa maman quant à elle, prie également et l’encourage à suivre ses traitements. Elle dit avoir fait confiance à la science depuis l’annonce du diagnostic malgré les propositions qu’elle a eues. « Une de mes belles sœurs m’a conseillé d’aller voir un pasteur pour changer le sang, que cette pathologie est mystique. Je lui ai dit que c’est impossible. Il suit son traitement, quand ça ne va pas on va à l’hôpital », rétorque-t-elle. Franck Leander conseille aux femmes de ne pas se débarrasser de leurs enfants, parce que l’on peut vivre avec cette maladie. « Les formes de drépanocytose sont différentes et cela se manifeste différemment en fonction des organismes des malades. Il est toujours mieux de se faire suivre ».