Cameroun: Dialogue inclusif, mais de qui se moque-t-on enfin ?

Grand Dialogue National du Cameoroun

Georges Clemenceau disait que, « quand on veut enterrer un problème, il suffit de créer une commission ».

Un grand dialogue national, ça marche tout autant. Les thèmes ont été décidés à l’avance dont le bilinguisme, diversité culturelle et la cohésion sociale. Rien à voir avec les véritables revendications des anglophones. Si l’on croit Paul Biya, des questions sensibles ont déjà été traitées pour la résolution de la crise du NoSo. Pour lui, l’exclusion ou la stigmatisation n’ont jamais inspiré l’action des différents gouvernements qu’il a formés.

Et du coup, ce dialogue s’est très vite transformé en une conférence nationale du Rdpc. Ceux qui représentent le peuple à ce dialogue sont essentiellement des cadres du parti au pouvoir qui sont les responsables en chef de la gouvernance catastrophique, qui a plongé notre pays dans une spirale de violence. La crise anglophone a même été éclipsée. Et les sécessionnistes anglophones ont été écartés de la course.

Ce flou conduit à penser que l’initiative du président visait d’autres objectifs : d’abord se relégitimer politiquement en donnant des gages à une communauté internationale dont il est dépendant et qui n’a cessé d’appeler à un « dialogue inclusif ».Le Chef de l’Etat est poussé à bout par un contexte international qui l’oblige à ramener la paix. Ensuite, Paul Biya est dans une mécanique de pouvoir qui lui permet d’organiser les différentes élections locales coûte que coûte l’année prochaine. La constitution ne lui donnant plus le droit de proroger pour une nouvelle fois ces consultations électorales. Son but à travers cette initiative est donc de reprendre les commandes de l’agenda politique.

De même, Paul Biya ne veut pas élargir le dialogue avec les acteurs qu’il ne maitrise pas. Car, ça peut faire vaciller son pouvoir. C’est pour cela qu’il a confié la médiation à Joseph Dion Ngute, premier ministre, Chef du gouvernement. Il évite que le Dialogue national ne se transforme très rapidement en une conférence nationale. D’où sa prudence. En un mot comme en mille, le « Grand Dialogue nationale » rentre dans une mécanique personnelle du Président. Son objectif n’est pas la résolution de la crise anglophone, mais la conservation du pouvoir.

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