Cameroun – Crise anglophone : Les Usa passent à l’offensive

Antony J. Blinken

Après plusieurs avertissements et menaces de censure, après l’adoption le 1er janvier 2021 de la Résolution 684 relative à la crise dans les régions camerounaises du Nord-ouest et du Sud-ouest par le Congrès américain, les Usa annoncent à présent la restriction des visas aux personnes impliquées dans les violences en zones anglophones du Cameroun.

De source officielle, dans une déclaration lundi 7 juin 2021, le secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, Antony Blinken, a annoncé des sanctions ciblées contre les parties prenantes au conflit, en précisant clairement que son pays s’était engagé à œuvrer pour le retour de la paix dans les deux régions en conflit. D’après Washington, des personnes qui seront identifiées comme responsables du pourrissement de la situation sociopolitique dans les régions anglophones du Nord-ouest et Sud-ouest du Cameroun, aussi bien du côté du régime camerounais que dans le camp de ceux se revendiquant de la sécession, seront « blacklistés » et ne pourront pas voyager aux Etats-Unis. «Je mets en place une politique imposant des restrictions de visa aux personnes soupçonnées d’être responsables ou complices de l’entrave à la résolution pacifique de la crise dans les régions anglophones du Cameroun. Cette décision reflète notre engagement à faire avancer un dialogue pour résoudre pacifiquement la crise anglophone et soutenir le respect des droits humains. Les États-Unis soutiennent fermement le peuple camerounais et nous restons déterminés à travailler ensemble pour faire progresser la démocratie et la prospérité mutuelle pour nos deux pays», a déclaré Antony Blinken.

En outre, ce dernier poursuit en affirmant que les États-Unis sont profondément préoccupés par la poursuite des violences dans les régions anglophones du Cameroun. «Nous continuons d’appeler le gouvernement camerounais et les groupes armés séparatistes à mettre fin à la violence et à engager un dialogue sans conditions préalables pour résoudre pacifiquement la crise. Il est important que les enfants puissent aller à l’école et que l’aide humanitaire puisse être fournie. Nous exhortons toutes les parties prenantes concernées au Cameroun et dans la diaspora à s’engager de manière constructive et à rechercher une résolution pacifique de la crise». Selon le secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, les USA condamnent ceux qui sapent la paix en se livrant ou en incitant à la violence, aux violations et abus des droits humains et aux menaces contre les défenseurs de la paix ou les travailleurs humanitaires.

Même son de cloche que HRW

En rappel, l’Organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW) avait proposé dans un rapport publié le 12 mars dernier: «le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et les partenaires internationaux du Cameroun devraient faire comprendre aux dirigeants séparatistes que ces crimes ont des conséquences, notamment en imposant des sanctions ciblées, telles que l’interdiction de voyager et le gel des avoirs, à tous ceux dont la responsabilité est établie dans ces exactions». Le gouvernement de Joe Biden a renouvelé son appel à un cessez-le-feu à l’endroit des parties, en leur réitérant la nécessité pour l’école de reprendre en zone anglophone et a insisté sur l’acheminement de l’aide humanitaire dans le respect du droit international aux personnes en situation de détresse. Il a aussi appelé les différentes parties y compris la diaspora à œuvrer «de manière constructive» pour mettre fin au conflit.

Mettre fin aux intérêts égoïstes

Cette annonce de restriction de visas survient également après l’adoption le 1er janvier 2021 par le Congrès américain de la Résolution 684 relative à la crise dans les régions. Introduite le 8 septembre 2020, cette résolution de 15 pages a appelé «le gouvernement du Cameroun et les groupes armés séparatistes des régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest à mettre fin à toute violence, à respecter les droits de l’homme de tous les Camerounais, et à poursuivre un dialogue véritablement inclusif en vue de résoudre le conflit civil en cours dans le Cameroun anglophone». La Résolution 684 en question «condamne les abus commis par les forces de sécurité de l’État et les groupes armés dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest du Cameroun, et elle affirme que les États-Unis continuent de tenir le gouvernement camerounais pour responsable de la sauvegarde de la sécurité et des droits constitutionnels de tous ses citoyens, indépendamment de leur région, de leur religion ou de leurs opinions politiques.

Linda Mbiapa

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