Des délégués à l’assemblée générale extraordinaire (AGE) ayant abouti à l’adoption des nouveaux textes de la fédération camerounaise de football (Fecafoot) révèlent avoir été approchés par le comité de normalisation pour monnayer leur vote.
«[…] Avant le début de l’AGE, j’ai été approché par quelqu’un qui disait être un émissaire de Dieudonné Happi qui me transmettait la proposition du président du comité de normalisation de la Fecafoot (CNF), entre 700 000 et 1 million de FCFA, pour que je valide les textes. J’y ai opposé une fin de non recevoir». Celui qui s’exprime ainsi au cours de la réunion du bureau exécutif de l’Acfac de ce 16 octobre 2018 à Yaoundé est Djibribine Marty, un des délégués du Nord à l’AGE du 10 octobre 2018 à Mbankomo.
A sa suite, Njayou Forchivé, également membre de l’AG et délégué de l’Ouest enfonce le clou : «Une semaine avant le début de l’AGE, à Foumban, je reçois un appel du CNF. L’on me propose également la somme de 700 000 FCFA pour convaincre les autres délégués de ma région d’adopter les textes. Ce que j’ai refusé». Toujours selon ce dernier, la manœuvre ne s’arrête pas là : «La veille de l’AGE , le CNF a organisé une rencontre nocturne des délégués dans un hôtel de Yaoundé avec le conseil de sages». L’information claire et nette. Même si M. Forchivé n’indique pas les mobiles de cette «réunion nocturne », ni qui y représentait le comité de la normalisation, l’on peut subodorer une ultime tentative de rallier le plus grand nombre de délégués au camp du «oui».
Et visiblement, le lendemain, la manœuvre n’a pas bien fonctionné : «23 membres sur les 60 présents à cette AGE se sont prononcés contre l’adoption de ces textes. Les 2/3 des membres requis pour toute adoption n’ont pas été atteints pour faire passer ces textes. Mais le CNF a réalisé un passage en force et annoncé que ce sont 18 membres qui avaient voté contre. Ceci en violation des articles 26 et 31, alinéa 4, des statuts de la Fecafoot en vigueur», peut-on lire dans le procès-verbal de la réunion des membres du bureau exécutif de l’Acfac du 16 octobre 2018.
Au-delà de ces accusations de tentative présumée de corruption portées contre le CNF, et principalement contre son président Dieudonné Happi, l’Acfac révèle que «les projets de textes à examiner au cours de cette AGE n’ont été remis aux délégués que la veille pour certains et le jour de sa tenue pour d’autres. Par ailleurs, la version anglaise de ce projet de textes n’a jamais été remise aux délégués des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest».
Pour tous ces griefs qui consacrent «la violation de l’éthique», l’Acfac décide de porter l’affaire devant le tribunal arbitral des sports (TAS). Surtout que, selon l’Acfac, «nous avons attiré en vain l’attention du représentant de la FIFA à ces assises sur les multiples violations des textes de la Fecafoot par le comité de normalisation mis en place par elle».
L’Acfac compte sur un habitué de ces procédures, Abdourahman Ahmadou Baba, présent aux assises du 16 octobre 2018 à Yaoundé.
CLARIFICATIONS
Dans un communiqué de presse rendu public le 18 octobre 2018, Dieudonné Happi considère que «les accusations de l’Acfac sont une demande de clarifications sur le déroulement de l’AGE du 10 octobre 2018 à Mbankomo». Le président du CNF y indique que «9 des 12 textes soumis ont été adoptés à l’unanimité des 60 membres dont 56 présents et 4 procurations». Et que les allégations sur la mise à disposition tardive des projets de textes «sont fausses car ils ont d’abord été envoyés quatre mois avant au moment de la première AGE renvoyée puis, quatre jours avant celle-ci alors qu’aucun texte ne fixe de délai pour cela».
Par ailleurs, Dieudonné Happi affirme que «les textes ont été envoyés à tous les délégués en français et en anglais. Un service de traduction simultané en français et en anglais avait été prévu dans la salle des travaux». Le CNF réfute également «les affirmations relatives à des propositions d’achat des vote reçues par plusieurs délégués». Pour justifier sa non implication dans «cette démarche ignoble», la structure dirigée par M. Happi indique que «nous avons soumis à l’AGE un code éthique». Bien plus, elle admet que «chaque délégué a reçu une allocation correspondant au remboursement des frais de transport, d’hébergement et au perdiem tel que prévu par les textes de la Fecafoot».
Seulement, selon l’Acfac, ces dénégations butent sur des éléments sonores qu’elle détient et qu’elle a fait suivre aux participants de sa réunion du 16 octobre 2018 à Yaoundé.