Pour le pape François, «Bangui est la capitale spirituelle du monde»

Au cours de sa brève visite dans en République Centrafricaine (RCA), le chef de l’Eglise catholique romaine a plaidé pour le retour à une paix durable dans le pays.
«Ouvre‐nous la porte de ta miséricorde; Bangui devient la capitale spirituelle du monde. Lʹannée de la miséricorde est pour cette terre et tous les autres pays qui passent par lʹépreuve de la guerre», a prié François, avant de pousser les deux battants de la porte de la cathédrale de Bangui. Le 29 novembre 2015, le Pape François a dit ces mots au cours de sa visite de 26 heures en RCA pour, rapporte‐t‐on, le pardon des fautes en Centrafrique. Malgré l’insécurité, des dizaines de milliers de fidèles sur les routes ont répondu présent, comme si le souverain pontife avait apporté avec lui un remède miracle. Jorge Bergoglio a demandé aux Centrafricains de déposer les armes et refuser «la peur de lʹautre».

Téméraire
Devant des jeunes, plus tard, il a évoqué les bananiers qui donnent la vie et sont résistants. «Vous devez aussi résister comme les bananiers. Vous ne devez pas fuir, vous devez être courageux dans le pardon et la paix», a suggéré le successeur de Saint‐Pierre. A la fin de la messe, lʹarchevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, un des artisans de la plateforme interconfessionnelle pour la paix avec le pasteur protestant Nicolas Guérékoyamné‐Gbangou et lʹimam Oumar Kabine, a remercié le Pape, en lui offrant une crosse en ébène: «Vous avez posé un geste fort, historique. Cette porte sainte, cʹest la porte de lʹespérance et du pardon!». Le Pape a salué chaleureusement les trois hommes, appuyant leur démarche minoritaire.
François a aussi appelé tous ceux qui «utilisent injustement» des armes dans le pays à «déposer ces instruments de mort». Faisant allusion aux divisions ethniques fréquemment instrumentalisées en Afrique par les hommes politiques, le chef de lʹEglise catholique a aussi affirmé quʹil était nécessaire de savoir se libérer des conceptions de la famille et du sang qui divisent.
Devant la présidente de transition, Catherine Samba Panza, il a invité les Centrafricains à éviter lʹisolement communautaire: «il faut éviter la tentation de la peur de lʹautre, de ce qui nʹappartient pas à notre ethnie, à nos options politiques ou à notre confession religieuse». «Mon souhait le plus ardent, a‐t‐il ajouté, est que les différentes consultations nationales qui vont se tenir dans quelques semaines permettent au pays dʹentamer sereinement une nouvelle étape». Dans un centre de réfugiés, à la paroisse du Saint-Sauveur, une immense joie se lisait sur les visages quand le Pape est venu saluer un à un des centaines dʹenfants et leurs mères, au milieu de baraques et de tentes.
Dans une étape non annoncée de son programme, François a apporté dans un hôpital pédiatrique des colis de médicaments fourni par un hôpital catholique de Rome. Auparavant, la présidente Samba‐Panza avait demandé «pardon» pour «tout le mal» commis par les Centrafricains depuis 2013.
«Nous avons absolument besoin de ce pardon parce que les dernières évolutions de la crise sont apparues comme des abominations commises au nom de la religion par des gens qui se disent des croyants», a lancé la présidente devant le Pape. Inépuisable, à 78 ans, le Pape a ignoré tous les conseils, y compris de la France et de certains conseillers au Vatican, à ne pas effectuer ce voyage qualifié de risqué.

Jean‐René Meva’a Amougou

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