Présidentielle 2018 : Soumaïla Cissé futur président du Mali ?

Candidat à sa réélection le 29 juillet 2018, le président malien Ibrahim Boubabar Keïta fait face à une dizaine de candidats.
Parmi eux, Soumaïla Cissé rassemble derrière lui une soixantaine de partis d’opposition, qui pourraient bien le porter jusqu’à la victoire.
Avec « seulement » 9 candidats déclarés contre 36 lors du précédent scrutin, le premier tour de l’élection présidentielle malienne pourrait paraître moins indécis qu’en 2013. Et pourtant, la campagne électorale s’annonce serrée, voire même houleuse, à l’approche du 29 juillet 2018, date à laquelle les citoyens maliens sont appelés à élire leur futur président. Parmi les aspirants à un bail de cinq ans à Koulouba, deux d’entre eux sortent clairement du lot : Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), l’actuel chef de l’État, et Soumaïla Cissé, principal rassembleur de l’opposition.
Derrière les deux favoris, plusieurs outsiders espèrent jouer les trouble-fête, à l’image de l’ancien premier ministre Modibo Sidibé et d’Aliou Boubacar Diallo, l’homme d’affaires qui a bâti sa fortune dans les mines d’or et les hydrocarbures. Ce quatuor de tête distance clairement le reste du peloton, à savoir Housseyni Amion Guindo, Oumar Mariko et Daba Diawara, trois vétérans de la politique malienne, sans oublier Kalfa Sanogo et Mamadou Oumar Sidibé, nouveaux venus sur le terrain national.
Dans cette joute qui suscite forcément beaucoup de spéculations dans le pays, le scénario d’un « Takokélen » – ou élection dès le premier tour – paraît fort improbable tant le duel Cissé / IBK semble inévitable au second tour. Et contrairement au match aller de 2013, la victoire de Soumaïla Cissé se profile de plus en plus distinctement au soir du deuxième scrutin, à en croire les premiers sondages rendus publics fin 2017.

Selon une étude d’Afrik-Poll, seuls 18 % des habitants de Bamako et de Koulikoro étaient alors prêts à écrire le nom du président sortant sur leur bulletin de vote au premier tour de l’élection présidentielle, soit moitié moins que son résultat national à ce stade du scrutinil y a cinq ans (39,79 %).

Conscient de l’effondrement de sa côte de popularité au terme d’un mandat marqué par les scandales de surfacturations et de dépenses superflues, IBK prépare depuis plusieurs mois une nouvelle candidature qui s’appuie sur une coalition de 67 partis politiques derrière son nom. Pourtant, selon André Traoré, journaliste à Soleil Hebdo, ce rassemblement a tout d’une « coquille vide » puisque seul le parti présidentiel disposerait d’un nombre significatif d’élus avec 70 députés, 187 maires et près de 2 000 conseillers communaux. Les autres soutiens d’IBK ne compteraient dans leurs rangs que peu de titulaires d’un mandat local ou national, à l’image de l’UDD (357 conseillers communaux dont 12 maires), du parti de feu Modibo Keïta (300 conseillers dont 18 maires), de l’APR (150 conseillers dont 3 maires), du PS Yéleen Kura (13 conseillers) ou du PCR (seulement 2 maires dans tout le pays).
Les soutiens de Cissé pèsent plus lourd qu’IBK
En face, Soumaïla Cissé, candidat malheureux au deuxième tour de la présidentielle en 2002 et 2013, semble quant à lui avoir réussi à fédérer un collectif qui pèse plus lourd dans le paysage politique malien. Nommé à la tête d’une coalition de l’opposition réunissant une soixantaine de partis, l’ancien ministre et secrétaire général de la présidence entre 1992 et 2002 a rassemblé plusieurs milliers de conseillers communaux et centaines de maires derrière son mouvement d’Alternance et de changement. Son propre parti, l’URD, compte ainsi plus de 1 000 élus locaux, tout comme l’ADP Maliba, l’ADEMA PASJ, auxquels s’ajoutent les près de 2 000 conseillers et maires de YELEMA, du CNID/FYT, de SADI, ainsi que de l’ADEMA PASJ, de la CODEM et du MPR, qui n’ont pas participé à la réunion de coalition d’IBK.
Parmi les soutiens à Soumaïla Cissé, Tiébilé Dramé, président du parti d’opposition PARENA, aspire à « mettre fin à l’immense gâchis qu’a été le quinquennat finissant ». Il n’hésite pas à condamner publiquement le bilan d’IBK, « caractérisé par l’absence de vision, le pilotage à vue et une improvisation dans tous les domaines de la vie nationale, lâche-t-il.[.] L’insécurité s’est aggravée pendant son mandat. Il n’a pas répondu à nos attentes. Il doit partir démocratiquement. » Preuve de l’incapacité du président sortant à tenir ses promesses de changement, l’insécurité persistante dans le pays, toujours sous la menace de groupes djihadistes, a provoqué le report de cinq mois des dernières élections territoriales. La tenue du premier tour à la date prévue ferait elle-même l’objet de pesantes incertitudes.

Issa Diakité

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