Criminalité faunique: La Ceeac va renforcer les contrôles aux frontières

Le premier forum régional vient de se tenir à Brazzaville, avec le soutien de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (Onudc).
« Le front contre la criminalité environnementale dans la sous-région d’Afrique centrale nécessite des mesures et des actions concertées entre les Etats membres et leurs partenariales techniques et financiers, ainsi que la coordination des programmes ». Des propos émis par le ministre congolais de l’Economie forestière et du développement durable démontrent toute la détermination des dirigeants de la Ceeac à barrer la route à toutes sortes d’actions impactant de manière négative sur les espèces fauniques ou l’écosystème en Afrique centrale. Pour soutenir les efforts des pays confrontés à ce phénomène, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à organisé du 31 août et au 3 septembre 2015 à Brazzaville, au Congo le premier forum régional de renforcement des contrôles aux frontières.
Le forum s’est inscrit dans le programme mondial de lutte contre la criminalité des espèces sauvages et avec pour objectif, le renforcement des actions dans l’optique d’une lutte contre l’exploitation et le commerce illégal des produits issus de la faune et de la flore. La criminalité liée au braconnage connaît en Afrique centrale, un développement croissant qui inquiète les autorités de la sous-région. Près de 60% de la population d’éléphants dans le bassin du Congo a été décimé au cours des dix dernières années selon les estimations des autorités locales de ce pays. La réalité pourrait être encore plus grave si l’on prend en compte les données statistiques des autres pays de la région.
Plus de 20 000 éléphants d’Afrique ont été braconnés à travers le continent en 2013 selon un rapport publié en juin 2014 par le Secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Bien que la forte tendance à la hausse de l’abattage illégal des éléphants observée depuis le milieu des années 2000, et qui a culminé en 2011, se stabilise, les niveaux de braconnage restent alarmants et continuent à dépasser largement le taux de croissance naturelle de l’espèce, ce qui entraîne une nouvelle baisse des populations d’éléphants dans toute l’Afrique.
Le rapport montre également une nette augmentation du nombre de saisies importantes d’ivoire (avec des cargaisons de plus de 500 kg) réalisées en 2013, avant que l’ivoire n’ait quitté le continent africain. Pour la première fois, les saisies effectuées ont été plus nombreuse en Afrique qu’en Asie. Trois pays africains – Kenya, Tanzanie et Ouganda – représentaient à eux seuls 80 % de ces saisies. Les saisies d’ivoire à grande échelle sont révélatrices de l’implication de la criminalité transnationale organisée dans le commerce illicite de l’ivoire.
Le rapport identifie les sites suivis où le braconnage est en augmentation (33 % des sites suivis), dont Dzanga-Sangha (République centrafricaine), ainsi que les sites où une baisse du braconnage a été observée (43 %), comme le parc national de Zakouma (Tchad). Certaines populations d’éléphants continuent à faire face à une menace immédiate d’extinction locale.
Une autre étude parue dans une revue scientifique américaine divulgue des chiffres encore plus alarmants. En Afrique, près de 100.000 éléphants ont été tués pour leur ivoire entre 2010 et 2013. Ce braconnage alimente un trafic mondial d’ivoire, dont les premiers pays consommateurs sont la Chine et la Thaïlande. Pour lutter contre ce fléau, une rencontre entre une trentaine de pays et des ONG s’est tenue en mars dernier au Bostwana, un an après le sommet sur le commerce illégal d’espèces sauvages de Londres. Les représentants présents ont demandé un moratoire «d’au moins dix ans sur toute vente d’ivoire, le temps de stabiliser nos populations d’éléphants». En Afrique du Sud, ce sont 1.215 rhinocéros qui ont été abattus pour leur corne en 2014, un record historique, selon les chiffres du ministère de l’Environnement sud-africain. Pour les protéger du danger, 56 animaux ont été déplacés vers des zones plus protégées.
Pour combattre ce trafic mondial, la police et les renseignements travaillent pour arrêter de plus en plus de braconniers. Les nouvelles technologies sont utilisées pour surveiller les parcs et empêcher le braconnage. À l’échelle internationale, certains États se saisissent de la question, comme lorsqu’ils détruisent des stocks d’ivoire saisis. Ce qu’a fait le Kénya, début mars, en brûlant 15 tonnes de cornes, soit une valeur d’environ 30 millions de dollars (environ 15 milliards de FCFA). Mais pour les Ong et les spécialistes de ces trafics illégaux, le braconnage reste toujours plus important que le taux de croissance naturel de la population des éléphants d’Afrique, compromettant ainsi la survie de l’espèce. Sur le continent africain, on ne compte plus qu’un demi-million d’éléphants contre 1,2 million en 1980.

Jean Robert Fouda

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