Violente Lettre de Cyrille Ntollo à l’ambassadeur des États Unis au Cameroun

Barlerin Peter Henry

« Pensez à l’héritage que vous laisserez à vos successeurs quand vous quitterez le Cameroun ».

Enfin le diable tombe le masque ! Monsieur l’Ambassadeur Peter Henry Barlerin, au sortir d’une audience que le Président de la République Paul Biya vous a accordée le 16 mai 2018, vous lui avez demandé de « penser à son héritage et à faire comme Nelson Mandela et George Washington ». Subrepticement, vous suggerez qu’il ne se présenta à l’élection présidentielle d’octobre 2018, au mépris de ce que prévoit la consitution. C’était votre droit de donner ce conseil « amical » à notre Président. Mais, permettez-moi aussi, tout à fait amicalement d’ailleurs, de vous donner le même conseil ; pensez à l’héritage que vous laisserez à vos successeurs quand vous quitterez le Cameroun. Car de vous, le peuple camerounais gardera sans doute le souvenir le plus triste, le plus funeste que n’aura laissé un ambassadeur américain depuis juillet 1957, date de l’ouverture de votre première représentation diplomatique dans notre pays.

Hier 31 octobre 2019, votre Président a envoyé une lettre au Congrès, faisant état de son intention d’exclure le Cameroun de l’AGOA, « pour non-respect des droits de l’homme par les forces de défense et de sécurité », accusées entre-autre, de pratiquer des exécutions extrajudiciaires. C’est votre droit. Mais notre devoir est aussi de vous dire que quand de tels faits sont connus, l’Etat sanctionne les coupables. C’est cela un Etat de droit. Mais comme vous le dites dans votre communiqué de presse d’hier, qui est à la fois cynique et ironique, « en 2018, le Cameroun a exporté approximativement 220 millions de dollars… 63 millions de dollars de ces exportations l’ont été au titre de l’AGOA dont plus de 90% sous forme de pétrole brut ». Bref les USA ne vont plus achetez notre pétrole, malgré des relations commerciales diversifiées et robustes.

Les droits de l’homme évoqués par votre Président, parlons-en Monsieur l’Ambassadeur. Dans votre pays, les noirs environ 11% de la population, sont une minorité discriminée. Un noir a cinq fois plus de chance de se faire tuer qu’un blanc par votre police. Chaque année, un noir sur 1000 est tué arbitrairement par votre police. Ce sont des exécutions extrajudiciaires Monsieur l’Ambassadeur. En plus, dites-moi devant quelles juridictions Ben Laden et Al Baghdadi sont passés avant d’avoir d’être tués par vos soldats ? Une fois de plus, Monsieur l’Ambassadeur, ce sont des exécutions sommaires et extrajudiciaires. En 2001, votre pays a envahi l’Afghanistan pour combattre le terrorisme islamique et en mars 2003, c’était le tour de l’Irak. Durant ces deux guerres vos soldats ont-ils respecté les droits des talibans et autres insurgés irakiens ? Vous allez sans doute nous dire que les tristement célèbres prisons d’Abu Ghraib en Irak et Guantanamo à Cuba étaient des palais des droits de l’homme.

Monsieur l’Ambassadeur Peter Henry Barlerin, pensez à l’héritage que vous laisserez à vos successeurs quand vous quitterez le Cameroun. Vous êtes en poste dans notre pays depuis le 20 décembre 2017. Et depuis novembre de la même année, le Cameroun est en proie à des hordes de terroristes-sécessionnistes qui sèment la misère et la désolation dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest. Les donneurs d’ordre sont bien connus. Ils sont majoritairement installés dans votre pays et nombreux sont des citoyens américains.

Ils ont levé deux millions de dollars dans le cadre d’une opération dénommée « My trip to Buea ». La loi américaine punie tout citoyen américain ou toute personne sur le sol américain qui sponsorise ou participe aux activités terroristes. Mais Monsieur l’Ambassadeur Peter Henry Barlerin qu’avez-vous fait ? RIEN au contraire, votre pays assure le magistère moral de ces groupes qui violent, égorgent, dépècent et inhument même des femmes vivantes au Cameroun. En février 2019, votre pays a arrêté une partie des programmes militaires que nous avons en commun. C’était bien pour affaiblir notre armée. Aujourd’hui, si vous nous excluez de l’AGOA, c’est pour affaiblir notre économie. Quelle belle amitié ! D’ailleurs, dans votre communiqué de presse, dont je me suis permis de faire l’exégèse, je trouve curieux que le terme « amitié » si courant dans la phraséologie diplomatique n’y figure pas.

Vous évoquez uniquement les liens commerciaux. Oui Monsieur Barlerin, nous savons que le Cameroun et les Etats-Unis ne sont plus des amis et vos agissements le montre à suffisance. Vos supérieurs et vous-mêmes, avez à plusieurs reprises, donné des injonctions à notre Président de négocier sans conditions avec les terroristes ! Pourtant dans des conditions similaires et pour défendre un idéal noble, entre avril 1861 et avril 1865 votre pays a connu une désastreuse guerre de sécession qui a fait plus 620 000 morts. Le 13e amendement proclamé en décembre 1865 par le Président Abraham Lincoln a aboli l’esclavage. C’est cela la grandeur de l’Amérique, l’Amérique d’hier. Cette Amérique-là, celle qui défend des valeurs universelles nous l’aimons et la respectons. Elle nous inspire même dans la construction de nos jeunes nations.

Monsieur l’Ambassadeur Peter Henry Barlerin, le Cameroun a beaucoup d’amis oui beaucoup. Nos vrais amis sont à nos côtés dans la lutte que notre nation mène contre Boko Haram au nord, contre les preneurs d’otages centrafricains dans l’Adamaoua et contre les terroristes-sécessionnistes dans le nord-ouest et le sud-ouest. Vous avez sans doute parié sur l’effondrement de notre armée, sur la désintégration de notre économie et sur l’écroulement de la nation camerounaise. NON. Le Cameroun ne s’effondrera pas. Il est résilient. Nous sommes un vieux peuple, une vielle civilisation. Le Cameroun est la patrie des Bantu. Notre pays a généré 450 millions de personnes dispersées dans 23 pays africains. Oui Monsieur l’Ambassadeur tous sont partis du Cameroun.

La civilisation dont nous sommes héritiers produisait le fer il y a 5000 ans ! Il y a plus de 2000 ans nos ancêtres mangeaient avec des cuillères en fer. Nous n’étions ni sauvages encore moins barbares. Nous incarnons des grandes civilisations antiques comme la civilisation sao dont découlent les grands empires du Kanem et du Bornou. Par le passé, nos ancêtres ont stabilisé l’Afrique du Sahara au Cap ! Nous sommes un vieux peuple qui depuis des temps immémoriaux a forgé son destin et changé le cours de l’histoire de l’Afrique. Le Cameroun est éternellement grand.
Nous exigeons donc qu’on nous traite tout comme notre pays avec respect. Car quand vous parlez au Cameroun, toute l’Afrique vous écoute.

Cyril Ntollo

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