Un rapport d’enquête sur les dynamiques de l’accès à internet récemment rendu public par Adisi-Cameroun peint les comportements des internautes.
Avec la démocratisation des téléphones portables et la multiplication des fournisseurs d’accès à internet, le taux de pénétration d’internet a considérablement évolué depuis 1997 au Cameroun. Selon le rapport We are Digital et HootSuite d’avril 2021, le pays comptait quelques 9,15 millions d’internautes en janvier 2021. Soit une augmentation de 1,3 million (+16%) entre 2020 et 2021. Le taux de pénétration quant à lui est estimé à 34%.
Mais que font toutes ces personnes sur internet ? Dans son récent rapport d’enquête, Adisi-Cameroun, une organisation de la société civile, analyse la dynamique d’accès à internet au Cameroun. Le rapport présente les centres d’intérêts de la tendance en ligne, le fossé numérique qui existe entre les sexes. Le document de 48 pages parle des contraintes liées aux activités numériques et formule quelques recommandations. L’enquête de terrain qui s’est déroulée à travers six villes du pays (Douala, Yaoundé, Bafoussam, Buea, Bamenda, Maroua) a interrogé 602 répondants sur un ratio de 56% d’hommes contre 46% de femmes de secteurs d’activités variés. La tranche d’âge majoritaire est celle de 21 à 40 ans.
De l’enquête d’Adisi-Cameroun, il ressort que 63% des répondants n’ont pas eu l’occasion de recevoir une formation ou un cours préalable concernant les activités sur internet. Qu’à cela ne tienne, ils sont 97% à posséder un compte sur les médias sociaux (Facebook, WhatsApp, Messenger) depuis 6 à 10 ans (35%). Des navigations sur ces plateformes de messagerie instantanée se font majoritairement via les téléphones portables. Les chiffres d’Adisi-Cameroun qui se rapprochent des statistiques mondiales relèvent que 90,75% des internautes ont pour moyens de communication les plus commodes le téléphone mobile, tandis qu’à peine 3,02% utilisent un ordinateur portable personnel ; 0.33% un ordinateur de bureau. Une bonne fraction, 31%, passe ainsi au quotidien entre 4 et 6 heures en ligne. 10% y passent entre 10 et 12 heures chaque jour.
Top 20 des sites les plus visités
Au premier chef des centres d’intérêt des internautes camerounais, il y a le divertissement. Ils sont près de 548 sur 602 personnes interrogées à avoir révélé se concentrer souvent sur ce volet. Les autres grands centres d’intérêt sont l’étude/recherche (499), l’apprentissage/formation, les actualités (431), la messagerie instantanée, les jeux, les réseaux sociaux. Il sont très peu à naviguer pour du Networking, le blogging ou la politique. D’après le Top 20 des sites web les plus visités au Cameroun, Google.com, Youtube.com, Yahoo.com, Facebook.com et Google.cm occupent les cinq premières marches du podium avec entre 440 et 1702 pages visitées au quotidien. Wikipedia.org pointe à la 7ème place, non loin de deux sites de paris sportifs en ligne (9ème et 13ème place). Le premier site d’actualités, 237online.com, pointe seulement à la 26ème place de ce classement où un site de pornographie (19ème) est plus visité qu’une plateforme d’opportunités d’emplois (20ème).
Pour s’offrir les appels et toutes ces navigations en ligne, les internautes camerounais effectuent des dépenses quotidiennes moyennes de 100 à 500 F. Cfa (54%), de 600 à 1000 F. Cfa (27%), de 1100 à 1500 F. Cfa (8%). Des coûts d’accès à internet encore jugés très élevés. «Nous avons tenu à présenter le rapport sur les dynamiques que l’accès à internet au Cameroun à Douala après l’étape de Yaoundé, dans l’optique premièrement de faire ressortir les difficultés d’accès à internet que rencontrent les citoyens camerounais et de faire ressortir la défense des droits numériques des citoyens. Il est aussi question de rappeler à l’Etat ses responsabilités dans la possibilité de rendre l’accès à internet libre, moins coûteuse, et de protéger l’image des enfants en ligne car le rapport met en exergue la responsabilité qu’a chaque citoyen envers les enfants. Nous envisageons de faire un plaidoyer pour l’amélioration de l’accès à internet au Cameroun», a indiqué Hyllary Nyounaï, la responsable de la communication de Adisi-Cameroun.