Cameroun : Le préfet suspend les salaires des enseignants de Ngoketunjia

Handerson Quetong Kongeh

Alors qu’elle dispose d’une cellule Sigipes, chargée de la gestion décentralisée de la solde de ses personnels, la ministre des Enseignements secondaires se dit étrangère à l’opération.

Dans un communiqué rendu public le 26 janvier 2022, « le ministre des Enseignements secondaires informe la communauté éducative en général et celle de la région du Nord-Ouest en particulier, que son département ministériel n’est nullement impliqué dans les suspensions de solde en cours visant la quasi-totalité des personnels du Minesec en service dans le département du Ngoketunjia ». A leur attention, elle renseigne que « lesdites suspensions de solde se font conformément aux arrêtés préfectoraux n°001/PO/E.31/2021 du 24 février 2021 et n°100/PO/E.31/2021 du 7 juillet 2021 de l’autorité préfectorale dudit département ».

C’est dire qu’après plusieurs hésitations, le préfet est passé à l’acte. Selon nos sources, les enseignants dont les noms vont de A à D n’ont pas eu de salaire en décembre 2021. Ce mois de janvier 2022, c’était autour des noms allant de E à N d’avoir des bulletins blancs. Les autres attendent leur tour. Il y a en effet longtemps que les autorités administratives des deux régions en crise veulent utiliser la suspension de salaire comme instrument de chantage, pour contraindre les fonctionnaires à regagner leurs postes de travail.

Dans ce département où sévissent des groupes rebelles parmi les plus radicaux, les rares écoles qui ont ouvert les portes pendant l’année scolaire 2020-2021, fonctionnaient dans une espèce de camp militarisé où les enseignants n’ont pas le droit de bouger, au risque de se faire enlever.
Dans ce contexte, ceux qui réussissent à sortir ne reviennent plus et prient grandement Dieu d’être toujours en vie. Les rares réunions que certains responsables téméraires tiennent depuis trois ans, se font à la Délégation régionale, à Bamenda, ou dans des hôtels de la place. « Le préfet nous trompe. Lui jouit d’une protection pour se déplacer de Bamenda où il habite dans un hôtel gardé à Ndop, nous non.

Quand j’ai besoin d’un document administratif, j’appelle mon proviseur et on convient d’un lieu de rendez-vous. Nous ne pouvons plus nous rendre là-bas », nous confiait à ce sujet un professeur réfugié à Bafoussam. Les plus chanceux ont pu se faire muter hors du Noso ; les autres se sont convertis en vacataires là où ils sont installés. Les syndicats d’enseignants ont récemment critiqué avec violence une sortie du préfet du Bui, allant dans le même sens et accusant par ailleurs les enseignants déserteurs de financer la rébellion, afin de profiter de la permanence du climat d’insécurité pour jouir d’un salaire sans travail. «Cependant, le ministre des Enseignements secondaires rassure lesdits personnels que les investigations dont le but est de faire la lumière sur cette opération, sont en cours », tente de rassurer le Minesec.

Pauline Nalova Lyonga a, du reste, des problèmes de gestion de son personnel avec les préfets. Hier, elle a dû signer des notes pour annuler des redéploiements des enseignants dans certains départements comme la Lékié, le Mayo Banyo ou le Nyong et Kelle. Aujourd’hui, celui du Ngoketunjia coupe les salaires des autres sans la consulter, alors même que son ministère dispose d’une direction des ressources humaines, au sein de laquelle sont gérées les soldes.

237online.com

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