C’est un drame aussi terrible qu’absurde qui endeuille le sport camerounais et soulève l’indignation. Tchotieu Ernest, double champion national de MMA dans la catégorie des moins de 93kg, a été froidement abattu par la garde nationale tunisienne le 24 mars dernier. Son crime ? Avoir tenté de rejoindre clandestinement l’Europe à la nage depuis les côtes tunisiennes. Un destin tragique qui en dit long sur le désespoir de la jeunesse africaine prête à tout risquer pour fuir la misère.
Un champion au destin brisé
Comme le révèle en exclusivité 237online.com, Tchotieu Ernest était un combattant émérite de MMA, discipline en plein essor au Cameroun. Âgé de seulement 28 ans, il avait déjà un palmarès impressionnant avec deux titres de champion national des moins de 93kg en 2021 et 2022. Un gabarit puissant et technique qui lui promettait une belle carrière.
Mais derrière les sourires et les victoires, Tchotieu Ernest cachait une blessure profonde : celle de ne pas parvenir à vivre de sa passion. Malgré son statut de champion, il peinait à joindre les deux bouts et à subvenir aux besoins de sa famille. Un désespoir qui l’a poussé à tenter l’aventure de l’émigration clandestine, au péril de sa vie.
De l’octogone à la Méditerranée, l’ultime combat
Selon nos informations, Tchotieu Ernest a quitté discrètement le Cameroun il y a plusieurs semaines, bien décidé à rejoindre l’Eldorado européen. Objectif : l’Italie où il espérait trouver un avenir meilleur. Un périple semé d’embûches qui l’a conduit en Tunisie, devenue malgré elle une plaque tournante de l’émigration clandestine africaine.
C’est de là qu’il a tenté la traversée de la Méditerranée à la nage, en compagnie d’autres malheureux candidats à l’exil. Mais son dernier combat sera le plus tragique : repéré par la garde nationale tunisienne qui patrouille le long des côtes, Tchotieu Ernest a été abattu sans sommation. Un « tir de prévention » à balles réelles d’une violence inouïe qui lui sera fatal.
Colère et indignation au Cameroun
La nouvelle de ce drame insensé a provoqué une immense vague d’émotion et de colère au Cameroun. Dans le milieu des sports de combat, c’est la consternation. « Tchotieu était un combattant exceptionnel mais surtout un gars humble et courageux », témoigne un de ses entraîneurs. « Il ne méritait pas de finir comme ça, comme un malpropre. C’est révoltant ! ».
Sur les réseaux sociaux, les messages d’hommage et d’indignation se multiplient. Beaucoup dénoncent la brutalité des autorités tunisiennes et l’inaction coupable du gouvernement camerounais. « Qu’a fait notre ambassade en Tunisie pour protéger ce jeune compatriote ? », s’insurgent de nombreux internautes. « Nous exigeons une réaction ferme de notre diplomatie ! ».
Un drame de trop, le gouvernement interpellé
Au-delà de l’émotion, le drame de Tchotieu Ernest pose avec acuité la question brûlante de l’émigration clandestine qui saigne la jeunesse africaine. Combien de talents, de rêves et de vies fauchés sur l’autel de la Méditerranée, cet immense cimetière marin ? Combien de familles endeuillées par ces départs sans retour vers un hypothétique Eldorado ?
Face à cette tragédie de trop, le gouvernement camerounais est plus que jamais interpellé. Interpellé sur l’urgence de créer les conditions d’une vie digne et d’un avenir désirable pour sa jeunesse. Interpellé aussi sur la nécessité d’une réaction diplomatique ferme pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances exactes du décès de Tchotieu Ernest.
