Cameroun – Débâcle des Lions indomptables au Brésil: Michel Zoah, Jean-Bruno Tagne et Kalkaba Malboum entendus par la Commission Motaze





De sources bien introduites, l’ancien ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep) et le président du Comité national olympique et sportif du Cameroun (Cnosc) figurent parmi les personnes qui ont été auditionnées hier jeudi par la Commission que pilote le secrétaire général des services du premier ministre.[pagebreak]C’est dans une grande pièce qui jouxte la salle de conférence des services du Premier ministre, que se déroulent les auditions relatives à l’enquête instruite par Paul Biya au chef du gouvernement le 26 juin dernier. La Commission mise sur pied par Philémon Yang et dirigée par Louis-Paul Motaze est à pied d’œuvre depuis lundi 07 juillet 2014. Hier à 11h 30, la quinzaine de membres qui constituent ce pool d’enquêteurs a entendu entre autres, Michel Zoah, ancien ministre des Sports, Hammad Kalkaba Malboum, président du Cnosc, Michel Kaham, membres du Comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), Jean Bruno Tagne, auteur de l’ouvrage à succès intitulé « programmés pour échouer », publié en 2010 après la déconfiture des Lions indomptables à la Coupe du monde en Afrique du Sud. A en croire nos sources, le mode opératoire pour l’audition de ces personnes ressources n’avait rien d’un interrogatoire à bâtons rompus comme c’est le cas généralement lors des enquêtes policières.

Que non ! Il s’agissait plutôt d’un cadre de concertation où toutes les contributions étaient les bienvenues. La parole était donnée à chacun pour qu’il s’exprime clairement au sujet des raisons qui auraient contribué à cette contre-performance de la sélection fanion, revenue bredouille de la campagne brésilienne. « Ils nous ont posé des questions ayant trait à la participation de l’équipe nationale fanion depuis la Can 2010 en Angola, en passant par le Mondial catastrophique de 2010 et la déconvenue de juin dernier au Brésil. On a parlé de la problématique des primes, de la gestion de cette équipe par la Fécafoot et le ministère des Sports, de l’ambiance dans la tanière qui se dégrade au fil des années, du management, du staff technique et des questions liées au management », renseigne notre informateur. Ce dernier qui confie que lors de cette séance qui a duré environ 2h, les langues se sont déliées et que la plupart des tirs nourris étaient dirigés vers l’entraîneur sélectionneur qu’on accuse d’avoir manqué de charisme, et par-dessus tout, d’avoir été incapable en huit mois, de constituer une véritable équipe type qui aurait sans doute, permis une participation honorable des fauves à ce rendez-vous.

Manque d’harmonie
Appelé à se prononcer sur les raisons (lointaines) de la débâcle des Lions, Michel Zoah qui a vécu à peu près la même déconfiture au pays arc-en-ciel, il y a quatre ans, a convoqué le fiasco de 2010, rappelant au passage, le climat délétère qui s’est installé entre les joueurs et les entraîneurs sélectionneurs qui se succèdent au banc de touche, l’existence des clans, la mauvaise fusion entre les anciens et les jeunes, le rejet des consignes de l’entraîneur par un groupe de joueurs, les querelles intestines, le manque d’harmonie qui règne entre les joueurs depuis des lustres, les egos doublés d’erreurs de casting, et aussi « des insuffisances dans la gestion de la dynamique de groupe ». Un cocktail Molotov qui a produit les résultats qu’on connaît. Dans cet environnement pollué, confesse l’ancien patron des sports, l’équipe nationale fanion ne pouvait mieux faire que d’aligner des contre-performances qui frisent le ridicule.

Hammad Kalkaba Malboum, lui, s’est refusé de rechercher le bouc émissaire et verser dans la politique de replâtrage et de saupoudrage auquel sont habitués certains responsables du football camerounais. Dans un franc parler, apprend-on, le colonel d’armée qui faisait partie de la délégation officielle pour ce Mondial 2014, a fidèlement rendu compte de ce qui s’est passé au pays du roi Pelé, non sans en profiter pour prescrire les valeurs de l’olympisme et l’amour du drapeau aux Lions qui ont touché le fond. Jean Bruno Tagne, lui, n’a pas été convoqué en qualité de journaliste. Le chef du service politique au quotidien le Jour a été auditionné en sa qualité d’écrivain. Lui dont l’ouvrage « programmés pour échouer » reste d’actualité.

Superpuissance des leaders
Nos sources confient que l’homme n’y est pas allé du dos de la cuillère. N’avait-il pas déjà, à travers cette enquête sérieuse et minutieuse, posé le diagnostic de ce grand malade qu’est l’équipe nationale ? Promenant le lecteur dans les méandres d’une tanière où la superpuissance de quelques leaders a souvent eu raison des sélectionneurs. Hier encore, JBT a dévoilé ces combines, ces guerres de clans, cette haine, cette « mafia » orchestrée par certains joueurs de connivence avec les responsables du Minsep et de la Fécafoot. Même si d’aucuns ont estimé qu’il est resté amer, l’ancien chef service des sports est resté journaliste. C’est pourquoi il ne s’est limité qu’aux faits. Face à Touna Mama, conseiller spécial du Premier ministre, l’homme a brossé le portrait de cette équipe dont à force de s’habituer aux improvisations et au laisser aller, a finit par connaître le chaos.

Grâce à un récit basé sur des témoignages, l’homme a promené les enquêteurs dans cet univers où les petites jalousies se mêlent aux grandes haines, le tout mêlé d’imprévision et d’une inorganisation surprenante. Bref, il a présenté aux enquêteurs le vrai visage de cette équipe nationale qui fût à une certaine époque l’« égérie » du peuple. Annoncé hier, Volker Finke ne se serait finalement pas présenté. Nos sources n’ont pu dire avec exactitude si le technicien allemand a été auditionné ou non. L’homme, apprend-on, serait devenu le souffre douleur de certaines personnes auditionnées. Or, il y a aussi ces Lions qui avaient exigé le paiement de leurs primes avant de prendre le vol pour ce Mondial brésilien le 08 juin 2014 en refusant de sortir de leur hôtel.

Bagarre
Ils avaient obtenu gain de cause et étaient ainsi arrivés à Vitoria le 09 juin 2014 avec un jour de retard sur le programme. Malgré les assurances de Samuel Eto’o qui espérait que le Cameroun allait passer au second tour, les résultats ont été on ne peut plus décevants. Le 13 juin, le Onze national a été battu 1 but à 0 par le Mexique; le 18 juin, ils ont bu la tasse devant la Croatie (4 buts à 0) avec un spectacle affligeant d’une bagarre entre Moukandjo et Assou Ekotto. Et le 23 juin, le Brésil est venu achever le supplice du Cameroun avec un score de 4 buts à 1. Les résultats de l’enquête attendus le 26 juillet vont-ils permettre (une fois pour toute) de faire le ménage dans cette sélection à problème ? Rendez-vous dans 15 jours.

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