Georges Endjako Améké : « Le chantage de la Fifa et de la Caf ne peut pas prospérer »

Gianni Infantino

Juriste internationaliste, médiateur, le directeur général du cabinet GEA and Partners Consulting, pose un regard sur les enjeux de la correspondance de la Fifa et de la Caf.

La Fifa et la Caf ont fait parvenir une correspondance au Cameroun à la veille d’une Assemblée générale extraordinaire qui, sur la base de celle du ministre des Sports, avait été interdite par l’autorité administrative. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?

Je perçois cette affaire comme un imbroglio total dans lequel se trouve le football plongé, non seulement le football camerounais mais le gouvernent de la République du Cameroun, qui démontre par les atermoiements du Sous-préfet de Yaoundé II, une absence de cohésion gouvernementale. En réalité, l’incurie qui a cours, dans la gestion ou la gérance du football par la Fécafoot qui est délégataire du service public à elle confié par le ministre des Sports, ne peut laisser aucun esprit éclairé et éveillé indifférent. Il a été question pour le ministre des Sports de mettre fin en cette incurie et de rappeler à cette Fécafoot et à ces gens, qui s’arcboutent par tous les moyens au siège de la Fécafoot à revenir aux respect de l’orthodoxie, à respecter leur propre texte, à respecter la réglementation, c’est-à-dire la loi du 11 juillet 2018, relative à la promotion des activités physiques et sportives au Cameroun ; et même l’esprit de la sentence du Tas et des décisions de la justice camerounaise.

Car dans cette situation le ministre ne comprends pas pourquoi des gens peuvent recourir à la mise en place de l’Assemblée constituante pour adopter les textes de la Fécafoot en lieu et place d’une Assemblée légalement et légitiment constituée, qui est celle de 2009 confirmée par la sentence du Tas et puis reconfirmée par la sentence de la Cca, parce qu’il faut dire que la compétence de l’Assemblée générale, pour se prononcer sur des questions relatives à l’adoption des textes, au fonctionnement de la Fécafoot ne relève pas d’aujourd’hui. Depuis 2015-2016 avec le Pr Joseph Owona, une espèce s’est déroulée devant la Cca, qui a confirmé la prééminence et la primauté de cette assemblée générale dans le cadre du parachèvement du processus électoral à la tête de la Fécafoot cela n’a fait qu’être confirmée par le Tas. Ce n’est pas le Tas qui crée cette jurisprudence de la Cca sur le Tas aujourd’hui à nouveau. Donc, il est hors de question que les membres de cette Assemblée générale qui ont agi en 2018 sous le magistère de Me Happi, à l’époque président du Comité de normalisation, puissent être aujourd’hui balayé d’un revers de la main par quelques gens, qui refusent de se conformer à l’orthodoxie et à la norme. Il était de bon ton pour le ministre de prendre ses responsabilités et d’ordonner l’arrêt de cette incurie.

Comment appréciez-vous le rétropédalage du Sous-préfet à la suite de la correspondance de la Fifa-Caf ?

Il me semble qu’il n’y a de Sous-préfet que parce qu’il y a une République, qui par ici, est celle du Cameroun. La sous-préfecture est un service déconcentré du ministère de l’Administration territoriale (Minat, ndlr), qui administre le territoire du Cameroun. Lorsqu’un Sous-préfet doit agir il doit le faire conformément aux instructions de sa hiérarchie, qui doit prendre les informations, les nouvelles de son collaborateur, qui est le dépositaire de l’ordre public en matière sportive, des organisations sportives au Cameroun. C’est-à-dire il y aurait eu en amont, une concertation entre le Minat et le Minsep pour savoir quelles sont les suites à donner à cette affaire. Il me semble que l’attitude du Sous-préfet a été hâtive. Il s’est précipité à exécuter les décisions prétendument venues de Zurich. Or, à la lecture minutieuse de cette prétendue lettre qui semble indiquer qu’il y a une concertation ou alors il y a eu une rencontre entre les responsables de la Caf et la Fifa, de laquelle est sortie cette lettre, on ne la perçoit pas. On aurait dû avoir affaire à un compte rendu d’une session extraordinaire des officiels de la Caf et de la Fifa pour se prononcer sur la question du Cameroun. Or, il n’en est rien. Dans la rédaction il y a une multitude d’incongruités qui laisse croire que c’est des gens tapis dans l’ombre sur le triangle national camerounais qui sont auteurs de cette correspondance. Leur jargon est reconnu dans cette correspondance.

Les auteurs de la correspondance disent agir en interprétation de la sentence du Tas…

Le jeu devient intéressant, parce qu’en réalité, on aurait dû à l’occasion de cette prétendue lettre qui n’émane pas de la Fifa, y déceler une décision de la Caf ou de la Fifa, qui confirmerait de leur point de vue ce que la sentence aurait dit ; une décision qui maintiendrait ces personnes-là conformément à la sentence du Tas. Or, il n’en est rien à ce jour. Il n’y a aucune décision de la Caf que quelqu’un peut exciper, aucune décision de la Fifa qui peut être excipée en la matière. Aujourd’hui, le secrétaire général de la Caf ; le secrétaire général de la Fifa, arrive à venir interpréter les paragraphes d’une sentence arbitrale, c’est tout ce qu’il y a de plus ignoble dans le monde de la justice. On sait exactement, pour ceux qui doivent exécuter une décision de justice, tout ce qui est opposable aux tiers et à la partie succombante. C’est dans le dispositif d’une sentence que le juge ou l’arbitre commis à la tâche dit exactement quelle est la conclusion qu’il est parvenue, eu égard à la discussion qui s’est tenue, qu’il a pu transcrire dans l’exposé des motifs. Cet esprit de vouloir nous exciper les paragraphes 233 à 235, n’est que la maladresse de ceux qui sont à Tsinga, qui sont incapables de comprendre à quoi correspond une sentence arbitrale, une décision de justice, ça ne peut pas être du fait de la Caf ou de la Fifa.

Cette correspondance fait état de ce que si cette Assemblée générale ne se tient pas ou si les textes ne sont pas adoptés, le cas Cameroun sera porté auprès des instances de la Fifa, pour sanction. N’est-ce pas une menace ?

Il faut pouvoir noter que, c’est dans ce paragraphe qu’on retrouve le caractère puéril des gens qui ont rédigé cette correspondance. A la Caf où il y a le secrétaire général qui a été à la tête des associations sportives à la Fifa. Il sait exactement comment ça fonctionne, parce que lorsqu’on parle d’ingérence, il n’y a pas que celle des pouvoirs publics dans une nation. Il y a également l’ingérence des instances faîtières. Il y a une limite d’action de la Caf ou de la Fifa dans les affaires internes des associations sportives, et tout le monde sait qu’une association sportive de quelque niveau qu’elle soit n’a pour organe suprême que son Assemblée générale. Il est donc hors de question que Mosengo ; Fatma et les commanditaires de cette correspondance, puissent donner l’impression de menacer ou de rendre leur Assemblée générale constituante, des caisses d’enregistrement. Selon eux, selon ce paragraphe, ce n’est qu’une formalité pour donner l’impression aux gens qu’ils se sont réunis pour adopter. Il n’y a pas d’adoption qui soit. Il était juste question qu’ils se retrouvent dans une salle, qu’on imprime les textes ; ils ressortent. Pour dire que ce qu’ils ont préparé, c’est ce qui doit passer. Ce n’est pas vrai, ça ne fonctionne jamais comme ça nulle part.

Dans cette lettre, il y a aussi une menace sur la Can. N’est-ce pas un chantage ?

Au-delà du chantage, c’est d’une forme d’infantilisation du peuple camerounais. Tous les efforts qui ont été engagés pour préparer cette compétition l’ont été du fait du peuple camerounais. Ce chantage ne peut pas prospérer. Ce chantage est doublé d’une ingérence dans les affaire interne de la Fécafoot.

A.C et retranscrits par D.N (stg)

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