Prison de Kondengui: Un incubateur à ciel ouvert pour le Covid-19

Prison d eMantoum

Depuis que la lutte est lancée contre ce virus à détresse pulmonaire, les bruits de risque de contamination émanent de cette maison d’arrêt. Entre témoignages et inapplication des mesures gouvernementales, l’opinion retient son souffle.

« J’exige la décongestion urgente des prisons du pays, notamment par la libération des personnes en détention provisoire et des détenus dont ceux du Mrc et de la crise anglophone qui courent le risque de succomber collectivement à la pandémie du Covid-19 », s’insurge Maurice Kamto. L’alerte est venue en fin de semaine d’une lettre écrite par une source témoin de la situation au sein de la prison centrale de Kondengui. Elle y relate au leader du Mrc que ses militants incarcérés développent des symptômes communément liés au Coronavirus. « Mr le président, l’un des six prisonniers présente des symptômes suivants comme les autres camarades: écoulement nasal, toux sèche, violente fièvre et mal thoracique », décrit-elle. La source précise par ailleurs que l’infirmerie de la prison est bondée d’autres prisonniers avec les mêmes symptômes mais le personnel sanitaire parle plutôt de paludisme. C’est dire donc que l’heure est grave.

Il est urgent de libérer le maximum de prisonniers pour des raisons de santé publique, comme le demande depuis des semaines le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. « Faute d’agir rapidement dans ce sens, la Communauté nationale et internationale doit prendre acte de ce que le régime de Yaoundé a décidé de transformer les détentions provisoires et toutes les condamnations en peines de mort », déclare sentencieusement le leader du Mrc. Il va plus loin en indiquant que le gouvernement doit agir vite, faute de quoi il assumera toutes les responsabilités d’avoir livré à la mort les Camerounais en indélicatesse avec la loi « ou otage du régime pour ce qui est des prisonniers politiques ».

Symptômes

Au registre des témoignages du risque explosif de contamination au Covid-19 à la prison de Kondengui. « Il y a des symptômes d’une maladie étrange ici. Beaucoup de prisonniers ont froid, toussent et se plaignent de mal de poitrine. Même l’air qu’on respire ici doit être contaminé ici. Nous avons tous besoin d’être évacués, sinon cela risque d’être mauvais d’ici là », confesse un détenu d’expression anglophone. Dans ce sillage, un avocat au Barreau du Cameroun, Nicodemus Amunghwa raconte que la semaine dernière au tribunal militaire, l’un de ses clients est arrivé sur les lieux couvert de sang parce qu’il a été copieusement roué de coups à Kondengui. Tout cela lui est arrivé parce qu’il a refusé d’être menotté avec un prisonnier gravement malade qui toussait abondamment.

Alors qu’il se plaignait du risque d’être contaminé, l’avocat révèle que c’est à ce moment que le chef d’escorte a décidé de le violenter sauvagement. A côté de cette situation de promiscuité et de violence, il y a aussi que les geôliers ne sont pas en reste. Ils sont exposés à la contamination car les 20 mesures gouvernementales ne peuvent pas toujours être respectées dans un tel cadre. En cela, quelqu’un a dit que Kondengui est une foire, « un marché Mokolo », le royaume de la promiscuité. Le fait aggravant dans ce capharnaüm est que règne désormais un tueur silencieux invisible.

Léopold DASSI NDJIDJOU

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