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Médias Cameroun: le Mincom lance un appel choc à l’auto-régulation face aux 700 titres de presse et dérives journalistiques inquiétantes

Sadi

Le paysage médiatique camerounais est à la croisée des chemins. Lors de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai 2025, le ministre de la Communication René Emmanuel Sadi a dressé un état des lieux alarmant du secteur: plus de 700 titres de presse écrite, 200 stations de radiodiffusion, une centaine de chaînes de télévision et plus de 200 opérateurs de télédistribution. Face à cette prolifération, le ministre appelle désormais à une responsabilisation urgente des professionnels.

Auto-régulation médias camerounais: lutte contre les fake news et professionnalisme

Dans un contexte électoral particulièrement sensible pour le Cameroun, le Mincom s’inquiète des dérives journalistiques qui prennent des formes de plus en plus préoccupantes. «Il nous faut rester vigilants face à des effets pervers que la liberté peut receler et dont il faut se prémunir», a déclaré René Emmanuel Sadi lors de son discours du 3 mai, pointant notamment la multiplication des fausses nouvelles et l’incitation à la haine.

Le diagnostic est sans appel: transformation des plateaux de débats télévisés en «véritables pugilats», montée en puissance des discours de l’incitation à la violence et comportements irréductibles. Pour faire face à ces défis, le ministre préconise une approche novatrice centrée sur l’auto-régulation plutôt que sur des mesures coercitives.

Les chiffres sont parlants: en début 2025, le Conseil National de la Communication a recensé 37 cas de violations graves des règles d’éthique et de déontologie par des médias camerounais, dont 65% concernaient la diffusion de contenus non vérifiés ou la violation de la vie privée.

«Une série de réformes est actuellement en cours, en vue d’apporter des solutions durables à cette épineuse question», a promis le ministre, soulignant que la pratique professionnelle en cette année électorale sera particulièrement scrutée. Le gouvernement propose ainsi la mise en place d’un système d’auto-régulation professionnel qui permettrait aux journalistes de s’organiser par eux-mêmes.

La déclaration du 3 mai était également l’occasion de revenir sur les conditions de vie et de travail des femmes et hommes des médias, sujet qui préoccupe les autorités. Selon des données du Mincom, plus de 45% des journalistes camerounais exerceraient sans contrat formel ni protection sociale adéquate.

Le ministre a appelé à un engagement collectif: «Je vous en appelle, face à la mise en place d’un système d’auto-régulation professionnelle, qui permettra aux journalistes eux-mêmes de s’organiser, afin d’assainir de l’intérieur, les pratiques professionnelles propres à leur métier», a-t-il conclu.

Cette initiative gouvernementale survient alors que plusieurs instances de médiation sociale sont déjà en place dans le pays. Leur efficacité réelle pour encadrer un secteur aussi dynamique que fragmenté suscite cependant des interrogations parmi les experts.

Face à ces défis multiples, les médias camerounais sauront-ils s’approprier cette démarche d’auto-régulation pour renforcer leur crédibilité à l’approche des échéances électorales cruciales?

Par Alain-Claude Ndom pour 237online.com

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