La crise du gingembre frappe durement les consommateurs camerounais en ce début mai 2025. Sur le marché de Mvog-Mbi à Yaoundé, cette épice essentielle à la cuisine locale a connu une augmentation vertigineuse de son prix, passant de 20 000 FCFA à plus de 200 000 FCFA le sac en quelques mois seulement. Cette situation sans précédent bouleverse les habitudes culinaires et commerciales des Camerounais qui doivent s’adapter à cette nouvelle réalité économique.
Pénurie gingembre et impact sur les ménages camerounais
Au marché de Mvog-Mbi, l’incrédulité se lit sur les visages des clients. «Do you have FCFA 200,000 to give me for a bag of ginger this period?» lance avec ironie un vendeur à un client stupéfait par les nouveaux tarifs. Cette scène, désormais quotidienne, illustre parfaitement le désarroi des consommateurs face à cette inflation soudaine.
Selon les vendeurs interrogés, cette flambée des prix est directement liée à une production en chute libre. Marceline, vendeuse au marché de Mvog-Mbi depuis 15 ans, explique la situation: «J’ai acheté un sac de gingembre le mois dernier pour 180 000 FCFA. Si je vends aux prix d’aujourd’hui, je ne pourrai même pas rentrer dans mes frais.»
La dégradation des sols et les infestations d’insectes sont pointées du doigt comme principales causes de cette pénurie. Les rendements ont chuté drastiquement dans les zones de production traditionnelles, créant un déséquilibre majeur entre l’offre et la demande.
L’impact se fait sentir bien au-delà des cuisines domestiques. Chris, acheteur en gros pour plusieurs restaurants et entreprises du secteur de la beauté, témoigne des difficultés rencontrées: «Les petits vendeurs ont regroupé leurs stocks ou s’approvisionnent directement auprès de moi car ils n’ont plus les moyens d’acheter un sac entier.»
La situation affecte particulièrement les petits commerçants. À Yaoundé, le Cameroon Tribune a observé que certains points de vente refusent désormais de vendre pour 500 FCFA, forçant les clients à attendre plusieurs jours dans l’espoir d’une baisse des prix.
Cette hausse s’inscrit dans un contexte plus large d’inflation alimentaire qui touche plusieurs produits de base. Le gingembre, autrefois l’une des épices les plus abordables, vendu à partir de 100 FCFA pour quelques morceaux, est devenu un produit de luxe avec huit doigts de gingembre atteignant 500 FCFA.
Les consommateurs et vendeurs espèrent que la prochaine saison sera plus favorable, particulièrement pour les variétés jaune et à chair rouge de gingembre, actuellement les plus touchées par cette crise.
Face à cette situation exceptionnelle, les Camerounais adapteront-ils leurs habitudes culinaires ou verrons-nous émerger des alternatives locales à cette épice désormais inaccessible?