Kidnappings et enlèvements : Des séparatistes armés sur la sellette

Des separatistes anglophones

Selon Human Rights Watch, ils ont commis des atteintes graves aux droits humains.

Dans son rapport publié le 2 août 2021, Human Rights Watch note avoir interrogé neuf personnes qui ont déclaré que des séparatistes les avaient kidnappées entre novembre et janvier et documenté trois cas depuis octobre lors desquels des groupes d’élèves et d’enseignants ont été enlevés ensemble dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Des séparatistes armés ont également ciblé des travailleurs humanitaires nationaux et internationaux, ce qui a affecté le travail d’aide apporté aux zones affectées par le conflit. Des rapports de médias indiquent qu’au moins 350 personnes ont été kidnappées dans le but d’obtenir une rançon depuis octobre 2018, dont 300 élèves. Human Rights Watch souligne avoir réussi à confirmer plusieurs de ces cas. L’Ong renseigne que la quasi-totalité des victimes ont été libérées après que des parents ou l’administration scolaire aient versé une rançon. Les ravisseurs ont réclamé entre 100 000 et 1 500 000 francs CFA (entre 170 et 2 500 dollars US) par personne et ont souvent suivi une démarche similaire: bandage des yeux, passage à tabac et menaces. Les ravisseurs ont ensuite ordonné aux victimes d’appeler un membre de leur famille, un ami ou un employeur pour les supplier de donner l’argent en vue de leur libération.

A titre d’exemple cite l’Ong, un homme de 33 ans a expliqué s’être fait kidnapper par des membres du groupe séparatiste armé des Forces de défense de l’Ambazonie (Ambazonia Defense Forces, ADF) et avoir été emmené dans leur camp près de Teke (région du Sud-Ouest) début décembre. Il a constaté que les séparatistes portaient des tee-shirts des ADF et a reconnu le «Général Ivo», commandant séparatiste très connu qui a été tué peu de temps après. L’homme a déclaré avoir passé cinq jours dans le camp des ADF, puis avoir été libéré sans qu’une rançon n’ait été versée: «il fallait que j’aille aux toilettes et j’ai demandé qu’on me sorte de la pièce où on me gardait. Ils ont accepté, mais en disant qu’il fallait que je paie. Je me suis rendu compte que la monnaie d’échange était un passage à tabac. Ils m’ont tapé dans le dos avec des câbles». Lors de tous les cas documentés, les membres des familles des otages se sont abstenus de signaler les kidnappings auprès des autorités, soit parce qu’ils estimaient qu’ils n’obtiendraient aucune aide, soit parce qu’ils avaient peur qu’une opération de sauvetage ne mette leurs proches en danger, écrit Human Rights Watch.

Enlèvements d’élèves et d’enseignants

Depuis début 2017, des séparatistes ciblent régulièrement des bâtiments scolaires et menacent des agents de l’éducation et des élèves avec violence s’ils ne satisfont pas à la revendication séparatiste consistant à boycotter les écoles. Ils se sont également servis des écoles comme de bases, déployant des combattants et des armes dans les bâtiments et à proximité, y compris dans les villages de Koppin (division de Mezam), de Tenkha (division de Ngoketunjia) et de Mbuluf (division de Bui). Les séparatistes ont enlevé vingt enfants et un enseignant de Lord’s Bilingual Academy, une école bilingue située à Kumba, dans la région du Sud-Ouest, vers 9 heures du matin le 20 novembre. Ils ont été forcés à marcher dans la brousse pendant plus de quatre heures, presque jusqu’à Difang. Trois enfants ont été ramenés chez eux le jour-même à l’issue d’une opération de sauvetage menée par des gendarmes. Les autres se sont échappés pendant cette opération et ont trouvé le chemin du retour avec l’aide d’un résident local. Des séparatistes ont enlevé six enfants et un enseignant le 14 décembre près de Nkwen, dans la région du Nord-Ouest. Tous apparaissent dans une vidéo filmée par leurs ravisseurs, qui en guise de musique de fond entonnent l’hymne de l’Ambazonie. Human Rights Watch s’est entretenu avec deux parents qui ont confirmé que leurs enfants avaient été enlevés alors qu’ils rentraient de l’école, vers 16 heures. Ils ont précisé que les enfants dans la vidéo étaient scolarisés dans au moins trois établissements de la région. Ils ont tous été libérés six jours plus tard, après versement d’une rançon. Les cas sont légions. Il faut que ça cesse, souhaite l’Ong.

L.M.

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