Joshua Osih: « Le contentieux postélectoral est une farce»

Joshua Osih

Le recours en annulation totale des élections législatives partielles du 22 mars dernier dans 12 sur 13 circonscriptions par le parti de Ni John Fru Ndi, ont été au bout du compte rejetés parce que non fondés.

Le Sdf est tombé de son piédestal de leader de l’opposition et fait le procès d’une situation ubuesque. « C’est une farce qui se passe au Conseil constitutionnel. Il n’y a pas eu du tout d’élection dans les 13 circonscriptions. Le Conseil est en train de se dédire, refusant d’appliquer sa propre jurisprudence », enfonce Joshua Osih imperturbable. « Nous étions convaincus que la partie était jouée d’avance. C’est pour cela que nous ne sommes pas partis à la Commission nationale de recensement général des votes ni au Contentieux ce matin », réagit dans le même sens le président régional du Sdf dans le Centre, Emmanuel Ntonga.

Pour le vice-président du parti de la balance, la haute juridiction va « donner 13 députés au Rdpc sans passer par le vote. Dans 9 circonscriptions, il n’y a pas eu d’élection, pas du tout. Ce qui se passe au Conseil constitutionnel est un imbroglio, le Conseil n’est pas prêt d’annuler ces élections pour une deuxième fois », avoue-t-il. Une autre réalité qui a rendu l’élection impossible dans les circonscriptions concernées est la violence ambiante.

Ce qui « se passe est qu’aucun agent d’Elecam, ni du Rdpc ne peut mettre les pieds ni à Lebialem ni à Oku. Les électeurs n’ont pas été protégés, ni avant, ni pendant ni après les élections. Comment est-ce qu’un électeur peut faire 94 km à pied pour aller voter et faire le même trajet pour retourner ? Vous avez vu que le député Mba Ndam allait rendre visite aux siens à Batibo et son véhicule a sauté sur une mine, alors qu’il était avec les forces de sécurité. Maintenant qu’est-ce qui doit en être des pauvres électeurs qui n’ont aucune sécurité », se demande Joshua Osih qui s’étonne que les adversaires en face prétendent le contraire. Le président régional du Centre donne le même son de cloche en précisant que le Rdpc a fait des mains et des pieds pour rafler la mise. Comment valider une telle élection où les électeurs ne sont pas allés au vote ? Pour lui et son parti, il n’y a pas eu d’élection dans les circonscriptions en question, la population ayant refusé d’aller voter par crainte des représailles des sécessionnistes. Par contre en face, le Rdpc et Elecam ne l’entendent pas de cette oreille et ont demandé au juge électoral d’entériner les résultats qui consacrent la victoire sans équivoques du parti présidentiel qui remporte tous les 13 sièges en jeu.

Le Sdf doit renaître de ses cendres

Le député du Wouri va plus loin en indiquant que les Ambazoniens ont pris possession du terrain et ont empêché que les élections aient lieu. Il affirme pourtant qu’en dépit de toutes ces difficultés, son parti doit continuer à se battre, il ne doit pas abandonner car sa famille politique est convaincue que le changement se fera dans les urnes et dans la paix. Le président régional dans le Centre estime qu’il est un impératif que le parti se repense. « Il faut changer beaucoup de choses, car on ne peut pas demander au régime de changer et demeurer dans les mêmes pratiques que nous critiquons. Les militants sont découragés car beaucoup ne voulaient pas qu’on aille à cette élection. Par exemple dans le Mfoundi où j’étais candidat, seulement 10% des électeurs sont allés aux urnes. En gros, et ceci est vérifié, 90 % de nos militants ne sont pas allés au vote », confie-t-il amère de la situation difficile que traverse sa formation politique. En face, il cite l’exemple du Mrc avec son mot d’ordre qui a séduit les militants avec le mot d’ordre et les a convaincus de rester chez eux. Le Sdf, espère-t-il, va se refonder, va refaire son leadership pour répondre efficacement présent à la prochaine redistribution des cartes qui se profile.

Que peut donc le Sdf dans la Maison du peuple avec 5 députés ? Au delà de cette question, c’est place et le rôle de l’opposition au sein de l’hémicycle qui est posée. Que peut-elle faire, avec 28 députés face au Rdpc qui à lui seul compte 152 élus ? Désormais, l’opposition camerounaise sera fragilisée comme elle ne l’a jamais été au sein de l’hémicycle car aucun de ces partis ne possède un groupe élémentaire. S’il est vrai que de nouveaux partis tels que le Pcrn, le Fsnc ou l’Ums ont fait leur entrée tonitruante à l’Assemblée, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils n’ont en rien chassé sur les terres du Sdf. Il est clair que le Sdf n’aura plus que cinq députés au même titre que le parti de Cabral Libii. L’opinion qui pensait à une probable entente entre le Rdpc et le Sdf, pour lui céder une visibilité dans la chambre, est en pleine révision aujourd’hui. Le parti de Paul Biya n’a rien lâché, poursuivant dans sa logique de parti hégémon. Le Rdpc pèse 5,42 fois plus que toute l’opposition réunie. Une Chambre monocolore ? Beaucoup des élus rdpcistes refusent de l’accepter, clamant haut et fort que l’élu n’est pas celui d’une formation politique mais de toute la Nation.

Léopold DASSI NDJIDJOU

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