Je suis Bamiléké, camerounais et africain du sang jusqu'à la dernière cellule

Mes ancêtres ne connaissaient ni Abraham ni Isaac, encore moins Jacob et Moïse. Jamais ils n’avaient entendu parler de Jésus, de Mahomet, de l’Apocalypse, du Jugement dernier, du Paradis de l’Enfer, de la Bible ou du Coran.

Jamais mes ancêtres ne payaient de dîme aux hommes d’église même s’ils sacrifiaient poulets et jetaient de l’huile et du sel sur le crâne de leurs ancêtres. Parce que mes ancêtres étaient authentiques, Ils CROYAIENT, ils croyaient en une vie après la mort, d’ailleurs ils ont appris à parler à leurs morts en gardant leurs crânes, devenus pour eux des intercesseurs auprès d’un être suprême invisible et tout puissant. Mes ancêtres étaient polygames, « animistes », ouverts et sociables. Ils avaient pleine connaissance du bien et du mal, ils respectaient la préciosité de la vie et de l’humain bien avant les 10 Commandements. Mes ancêtres ne priaient pas à genoux et à tue-tête, ils n’invoquaient pas le feu du Saint-Esprit, n’avaient ni huile d’onction ni eau bénite, ni encens ni chapelet.

Ils ne redoutaient pas le feu de l’enfer d’un dieu cruel et sans pitié. Pourtant mes ancêtres à moi vénéraient et s’inclinaient devant cet être suprême et juste qu’ils invoquaient en tant que de besoin dans une grotte, sous une chute d’eau, devant un arbre centenaire ou sur les rives d’un fleuve. Mes ancêtres savaient déjà que voler, tuer, convoiter, jalouser, médire et maudire était mal. Ils savaient aussi qu’autrui était notre semblable et qu’il méritait respect, considération et compassion. De grâce que cesse donc l’abrutissement de la conscience Africaine porté par la délégitimation de ses croyances et de son riche patrimoine ethno-culturel, sous le fallacieux prétexte de la salvation du monde de l’obscurantisme et du chaos par les soit disant « Vraies Religions », Celles-là même dites: inspirées de Dieu en personne!!!

L’Orient a le bouddhisme, le Benin a le vaudou, le Sawa a l’eau et la mer, le Bassa’a a la grotte de Ngok lituba, le Bakwerii a le Mt Cameroun, le Bamiléké a les crânes. Il n’existe qu’un seul et unique Dieu, la religion quant à elle est culturelle et stratégique.

Parce que je suis persuadé que mes ancêtres ne brûlent pas en ce moment dans un immense lac de feu en enfer pour l’éternité parce que n’ayant pas connu Jésus, parce que je crois qu’ils étaient aussi pieux sinon plus que Mère Teresa, parce que je crois que les chemins diffèrent et que la destination est unique, permettez que là-bas chez moi à Dschang, mon père dépositaire du savoir ancestral, dépose un peu de terre sacrée sur mon front, m’asperge d’huile rouge et de sel et appelle mes aïeux à intercéder pour moi auprès du Très Haut, eux dont les crânes gisent fièrement là devant moi..moi l’enfant du pays, moi le petit Bamiléké fier de ses racines et de sa culture.

Moi le Camerounais de partout aimant tous les autres de toutes les autres tribus et intégré partout, reconnaissant envers ceux qui m’accueillent sur la terre de leurs ancêtres à eux dans un brassage culturel jamais égalé et soucieux de construire avec mes autres frères du Cameroun une véritable mosaïque communautaire et culturelle pour un Cameroun triomphant dans le concert des Nations.

Commentaire de SB?: Ce texte est attribué à Moh Tsang, littéralement « enfant Dschang » vraisemblablement un pseudonyme. Il ne nous a pas encore été possible d’établir qui est ce Moh Tsang et donc l’auteur exact du texte. Le texte a été abondamment repris sur les réseaux sociaux ce derniers jours et est très apprécié ce qui en dit long sur une envie de renaissance des religions traditionnelles qui se fait de plus en plus ressentir.

Texte signé « Moh Tsang »

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