Insécurité: Yaoundé, une ville criminogène

Poste central de Yaoundé vue d'un drône

A l’espace d’une semaine, trois Camerounais, dont un militaire, ont trouvé la mort des suites d’agressions.

Les habitants du lieu dit Trois statues, dans le 3è arrondissement de Yaoundé, se sont réveillés le matin du 8 octobre 2019, avec un cas de mort d’homme. En effet, depuis 6 h, la passerelle (à quelques encablures du poste de police) qui relie la route venant d’Olezoa pour Nsam et Efuolan à l’usine brassicole a été prise d’assaut par une pléthore de bardeaux. perchés sur cette passerelle, ils avaient les yeux rivés sur le corps sans vie d’un jeune homme adossé sur les balustres de la digue du Mfoundi qui longe la ville.

Assis, les jambes allongées, adossé sur la digue comme s’il dormait, Pierre Seme, pieds nus, a la tête rabattue sur l’épaule gauche, le coude au sol comme pour soutenir le corps, la main fermée, la bras droit posée le long du corps.

Ses vêtements : un T-shirt blanc au-dessous d’une chemise et un pantalon jeans bleu délavé, sont rouges de sang. Entre le lieu où il a enfin trouvé la mort et la passerelle, il y a environ 20 m. Les gouttes de sang sont visibles sur le sol depuis le pied de la passerelle. Et tout autour du lieu où il a expiré, des marres de sang tapissent le sol, les herbes et les balustres de la digue. « Il s’est trop débattu avant de mourir », interprète un agent des forces de sécurité.

A 9h57 min, arrive un binôme de médecins légistes dépêchés depuis l’hôpital de district d’Efoulan. A l’aide d’une lame de rasoir, le médecin déchire la chemise et le T-shirt, question de retrouver l’endroit où Pierre Seme, 30 ans, a été poignardé. L’acte du médecin fait alors découvrir une large et profonde blessure à l’arrière du bras gauche proche de l’épaule. C’est le seul endroit où il a été poignardé.

« Il s’agit d’une plaie pénétrante d’environ 6 cm à l’aide d’un poignard avec section d’artère. Ce qui a provoqué une abondante hémorragie à laquelle il a succombé. L’acte se serait passé aux environs de 4h ou 5h du matin, car les gouttes de sang frais coulent encore de son corps. Il airait pu être sauvé si les gens étaient passés par là », déclare le médecin légiste.

En dehors de deux papiers sans grande importance en dehors de son nom « Seme » trouvés dans une des poches, aucune autre pièce n’a été retrouvée sur la victime. « Les agresseurs ont dû tout emporter : argent, pièces d’identité, téléphone portable », suppose un agent de force de sécurité. «Seme Pierre était un débrouillard, il a sa petite boutique devant les Brasseries. C’est quelqu’un qui ne dérangeait pas. Nous étions ensemble hier (lundi 7 octobre, Ndlr), jusqu’à 22h.

Ce matin, on m’appelle pour me dire qu’il a été agressé et il en est mort. Il n’avait pas de femme. On vivait entre amis. Parfois, on restait à son lieu de commerce jusqu’au matin ; on vendait aussi de l’eau. C’est en rentrant à la maison qu’il a été agressé », nous confie Levis Cheta, ami du défunt. « On peut dire que c’est un règlement de compte. Le M. est reconnu au niveau des Brasseries où il se débrouillait. C’est en rentrant à la maison le matin, qu’il a été agressé au niveau de la passerelle », avance un agent de sécurité de Camrail.

Après examens du médecin légiste assisté des forces de l’ordre et de sécurité, le corps a été enroulé dans un drap blanc et remis à la famille qui l’a aussitôt emporté dans une voiture pour la morgue.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *