Environnement: Le lac Tchad, victime du changement climatique

Des ministres de la Commission du bassin de ce lac planchent ce vendredi sur un plan de réhabilitation.
La question est désormais récurrente. Comment sauver le bassin du Lac Tchad ? Ce vendredi, 13 novembre, les ministres de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) vont à nouveau se réunir pour apprécier le plan de développement de cet espace. Le document intitulé « Plan de développement et d’adaptation au changement climatique du lac Tchad », préalablement peaufiné par les experts leur est soumis pour validation. La situation est devenue critique et certains observateurs craignent la disparition pure et simple de ce lac. Sa superficie de 25 000 Km2 en 1960 est réduite à 8 500 km2 aujourd’hui. Une conséquence des changements climatiques.
Chaibou Mahaman, directeur des opérations à la CBLT explique que «le changement climatique a entraîné la dégradation des ressources naturelles du bassin. Ce qui fait que ça a favorisé une forte évaporation au niveau du plan d’eau, une forte évapotranspiration potentielle dans l’espace du bassin. Vous avez plus de 60% de l’eau du lac Tchad qui va à travers l’évaporation. L’autre conséquence est que le bassin versant étant dégradé, ça facilite la venue du sable. L’érosion entraîne une quantité importante de sable vers le lac Tchad. En faisant le diagnostic, nous avons constaté que la raison principale est la baisse continue de la pluviométrie dans l’espace du bassin. Depuis 20 ans maintenant, quand vous prenez les relevés de la pluviométrie dans le bassin lac Tchad, ça ne fait que diminuer. Les pluies diminuent et par conséquent le bassin est dégradé. Ça facilite l’érosion, ça facilite l’écoulement du sable vers le lac.»
Et puis, il y a l’action de l’homme. «Le plus souvent, nous oublions qu’il y a aussi les aspects liés à l’homme. On dit souvent que le lac Tchad faisait 25 000 Km2 dans les années 1960, mais on ne dit jamais qu’en 1960, la population du bassin du lac Tchad faisait 3,5 millions d’habitants. Mais à l’heure actuelle, non seulement la superficie du bassin a diminué, mais la population a augmenté. Nous sommes à plus de 40 millions d’habitants», précise Chaibou Mahaman.
Pour remédier à la situation, les gouvernements membres de la CBLT travaillent sur un plan qui sera présenté au sommet sur le changement climatique de Paris. Il est question de mobiliser les ressources financières nécessaires pour le bassin du lac Tchad et d’élaborer un outil de gestion et de réhabilitation de ce lac. Dans les projets souvent pensés pour réhabiliter le lac, figure celui de la déviation des eaux du fleuve Oubangui vers le lac. Le plan qu’étudient les experts a un budget de près de 900 millions d’euros, soit  plus de 580 milliards de F CFA. Il est élaboré pour être exécuté sur la période 2016-2025, avec l’appui de la Banque mondiale.
Plusieurs initiatives ont été entreprises ces dernières années pour sauver le lac Tchad. En avril 2014, la CBLT a organisé une table ronde des bailleurs de fonds à Bologne en Italie, avec pour objectif de sensibiliser et de mobiliser des fonds pour un plan quinquennal (2013-2017). La Commission avait obtenu des promesses de la part des bailleurs. Un comité scientifique international avait été créé par les chefs d’Etat pour soutenir le secrétariat exécutif de la CBLT dans la mise en œuvre de ce plan. Les travaux de Yaoundé ambitionnent de voir plus grand, même si les initiatives antérieures n’ont pas freiné la dégradation du bassin.

R.N.

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