Ebo, Campo et Kom

Ebo, Campo et Kom: Le Cameroun brade ses forĂȘts

Economie

Grise mine sur les visages des populations riveraines du parc national de Kom.

AprĂšs de bonnes annĂ©es de cohabitation avec leur forĂȘt, les habitants des villages Yen, Okpweng, Nkolenyeng, Oveng ont du mal Ă  accepter le changement de leur quotidien longtemps centrĂ© sur l’agriculture, le ramassage, la chasse et la pĂȘche. Le problĂšme c’est la transformation en dĂ©but d’annĂ©e 2020 des 67.838 hectares de forĂȘt qui constituent le parc national de Kom en UFA. «Nous sommes nĂ©s dans la forĂȘt et nous faisons tout en forĂȘt. La brader de cette maniĂšre nous dĂ©possĂšde de notre identité», dĂ©plore Marcel Missono habitant du village Yen dans l’arrondissement de Djoum. Selon Marcel Missono, l’exploitation des forĂȘts appauvrit la biodiversitĂ© et participe Ă  la destruction des espaces culturels Ă  travers la coupe des essences Ă  forte valeur thĂ©rapeutique. Cette exploitation fait Ă©galement intervenir les braconniers qui sortent de partout. Ils opĂšrent par la chasse et dĂ©truisent des quantitĂ©s importantes des ressources fauniques, portant ainsi atteinte aux moyens de subsistance des populations riveraines de la forĂȘt.

En convention provisoire

Créé en 2008 sur avis au public du ministre des forĂȘts et de la faune, l’aire protĂ©gĂ©e parc national de Kom transformĂ©e en UFA 09-031est exploitĂ©e selon les responsables locaux du dit ministĂšre, en convention provisoire. Une convention d’une durĂ©e de 3 ans, prĂ©cĂ©dant la convention dĂ©finitive.

D’aprĂšs ces responsables, l’exploitation forestiĂšre sur le parc national de Kom qui a dĂ©butĂ© en janvier 2020 par la Compagnie ForestiĂšre Assam (COFA), ne peut avoir un impact positif dans la localitĂ© que lorsqu’elle est faite dans les rĂšgles de l’art. Ces rĂšgles prĂ©sentent comment doit ĂȘtre gĂ©rĂ©e une forĂȘt sous amĂ©nagement. Et qui dit sous amĂ©nagement dit plan d’amĂ©nagement. D’oĂč l’inquiĂ©tude des populations riveraines qui regrettent le fait de n’avoir pas Ă©tĂ© suffisamment impliquĂ©es dans le processus qui a menĂ© Ă  la transformation de l’aire protĂ©gĂ©e en UFA. «Nous n’avons pas Ă©tĂ© contactĂ©s ni informĂ©s sur la procĂ©dure qui a menĂ© Ă  la transformation du parc national de Kom en UFA. Nous ne savons mĂȘme pas qui exploite cette forĂȘt», dĂ©clare Levy Meyebe, premier notable Ă  la chefferie du village Yen.

Non implication des riverains

A cĂŽtĂ© du village Yen, se trouvent respectivement les localitĂ©s d’Okpweng et Nkolenyeng. Ici c’est le mĂȘme constat. Les populations n’ont pas Ă©tĂ© consultĂ©es. Celles qui ont Ă©tĂ© informĂ©es ont subi la force des autoritĂ©s. «J’ai Ă©tĂ© informĂ© de la transformation du parc national de Kom en UFA lors d’une rĂ©union qui a regroupĂ© OKpweng et Nkolenyeng. Nous n’avons pas Ă©tĂ© d’accord. Mais force est revenue Ă  l’autorité», affirme Serge EmanĂ© Ndongo du village Okpweng. La localitĂ© d’Oveng est l’épicentre de cette exploitation. L’élite locale Ă  travers la municipalitĂ© avait pourtant optĂ© pour une forĂȘt communale selon l’autoritĂ© traditionnelle. Une demande d’acquisition avait mĂȘme Ă©tĂ© introduite auprĂšs des autoritĂ©s compĂ©tentes. Sans aucune consultation, l’aire protĂ©gĂ©e a Ă©tĂ© Ă©rigĂ©e en UFA au grand dam de la population. «Nous voulons voir des retombĂ©es fiables. Nous voulons toucher du doigt le dĂ©veloppement de notre localité», dĂ©clare Jean Didier Zili Atong, Chef du canton Fang Sud Ă  Oveng.

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