Droits de l’Homme: Le Cameroun logé à la mauvaise enseigne

Crise anglophone

Entre arrestation abusive, violation flagrante des droits de l’accusé ou des prévenus, la question du respect des droits de l’Homme semble encore ne pas être l’apanage des autorités nationales au détriment des nombreux textes juridiques applicables en la matière.

Que faut-il encore dire ou faire pour que le régime de Yaoundé comprenne qu’il se doit de veiller au respect scrupuleux des droits de l’Homme ? Ne serait-ce que pour ce qui est des droits basiques. Que dire alors des autorités judiciaires qui ne travaillent pas pour servir le droit, mais plutôt pour assouvir leurs intérêts personnels et ou individuels ? C’est malheureusement le cliché pitoyable qu’affiche l’architecture juridique nationale. De plus en plus, les droits inhérents à tout individu, notamment lorsque celui-ci est cité dans des affaires délictuelles ou criminelles, sont violés, bafoués et non respectés tant par des autorités policières, politiques que judiciaires. Le dernier cas en date qui continue de susciter autant d’émoi dans toutes les classes sociales, c’est celui de l’ancien Directeur général de la chaîne de télévision « Vision 4 », Ernest Obama.

Arrêté, violenté et humilié par les forces de maintien de l’ordre, ce dernier n’a pas eu le droit de jouir des privilèges qui lui sont légalement reconnus en pareille circonstance –comme à tout accusé- par le Code de procédure pénale (Cpp) camerounais. Car selon les dispositions de ce texte juridique, nul ne peut faire l’objet d’une interpellation sans qu’il ne lui soit présenté un mandat d’arrêt dûment signé par le procureur de la République et délivré aux agents de police qui opèrent l’arrestation.

De même, celui qui fait l’objet d’une arrestation, bénéficie de la présomption d’innocence jusqu’à ce que sa culpabilité soit clairement établit par un juge devant un tribunal compétent au cours d’un procès juste, équitable et impartial ; par conséquent, l’accusé a droit au respect de son image et de sa dignité qui sont encadrés par la Déclaration universelle des droits de l’Homme (Dudh) que le Cameroun a librement ratifiée. Mais Ernest Obama, comme beaucoup avant lui, a été arrêté et humilié au mépris des dispositions légales régulièrement contenues dans ces textes juridiques nationale et internationale.

C’est d’ailleurs pour cette raison que plusieurs acteurs politico-juridiques à l’instar du Pr agrégé en droit public, Maurice Kamto, a interpellé le régime de Yaoundé pour la énième fois sur la violation galopante des droits de l’Homme au Cameroun qui donne sans aucun doute lieu à un Etat de non-droit. « Le mépris de la dignité est l’un des visages de l’Etat de non-droit au Cameroun. M. Obama, comme tout citoyen camerounais, a droit à la présomption d’innocence, au respect de son image et de sa dignité », s’est indigné le président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) sur son compte tweeter. Et de poursuivre « que la justice camerounaise serve le droit et non les puissances de l’ombre ».

Droits de l’enfant

Que dire des délais relatifs à la garde à vue qui sont quotidiennement bafoués ? Comme le web journaliste Paul Chouta et l’activiste Sébastien Ebala, pour ne citer que ceux-là, c’est autour d’Ernest Obama de payer le prix lourd d’une justice inerte qui ne se soucie ni du respect, ni de la célérité des procédures judiciaires qui bien qu’enrôlées, restent longtemps pendantes devant les tribunaux. Tout comme les milliers de prévenus qui sont généralement victime de détention préventive ou provisoire abusive.

Toute chose qui contribue à noircir le tableau des droits de l’Homme au Cameroun alors que depuis le 20 septembre 1960, le pays est devenu officiellement membre de l’Organisation des nations unies, siège de la vulgarisation et de la protection des droits de l’Homme. Il est donc aberrant que 60 ans après, que l’on se retrouve encore en train de débattre des questions de forme du respect des droits de l’Homme. Qu’en sera-t-il alors des questions de fond ? En l’amorçant, on comprendra très facilement pourquoi le Cameroun occupe le 172e rang sur 196 sur la liste de classement des pays du monde selon la situation du respect des droits de l’enfant, déterminé à partir de l’Indice de concrétisation des droits de l’enfant (Icde) et publié par l’Organisation non gouvernementale, Humanium.

Rostand TCHAMI

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *