Cruautés policières au Cameroun: Tristes souvenirs de Ibrahim Bello

Ibrahim Bello

À la seule évocation des affres de ses bourreaux et tortionnaires policiers, Ibrahim Bello devient hystérique et incontrôlable.

«Quand je suis arrivé là-bas, un policier m’a demandé de m’asseoir et il a commencé à me taper violemment avec la machette, sans même me demander ce qui s’est passé », lance-t-il. L’infortuné se rappelle que les policiers ne lui ont même pas permis de dire ce qu’il faisait à côté de cette voiture. « Ensuite, on m’a mis en cellule où il y avait quelques personnes.La nuit, un autre policier a menotté ma main gauche sur la fenêtre et par la suite on a cherché deux grosses chaines avec les cadenas pour attacher mes deux bras sur la fenêtre ». Poursuivant, il avoue comment quelques minutes après, alors que les menottes creusaient déjà son bras, parce que trop serrées, ses bourreaux ont attaché ses pieds avec une longue fronde en caoutchouc. « J’ai vu trois personnes à côté de moi dont: une de courte taille et l’autre, de taille élancée. Ils m’ont placé en balançoire. Mes bras étaient attachés sur la fenêtre; les gens ont arrêté mes pieds ligotés et je regardais vers le sol. Ils ont commencé à me taper plusieurs fois, avec la machette et un morceau de planche en me versant de l’eau », lance-t-il. Et d’ajouter : « Le policier a pris le gros bout du long fusil qu’il avait sur lui pour cogner violemment mes doigts et ma main gauche au point où le sang sortait partout. Ensuite, par plusieurs fois, ils ont branché le courant électrique sur moi. J’ai crié pendant longtemps mais personne ne m’a laissé. Pour la suite, je ne sais plus ce qui s’est passé », conclut Ibrahim Bello.

Plus fort que le handicap

Le succès de la rééducation multifonctionnelle du jeune Ibrahim Bello au centre national de réhabilitation des personnes handicapées à Etoug-Ebe après une amputation de ses deux membres inférieurs permet qu’il se remette debout grâce aux prothèses. C’est le constat que peut s’y faire, tout curieux observateur qui se rend au Centre national de réhabilitation des personnes Handicapées, Cardinal Paul Emile Leger. La structure en charge de sa rééducation holistique depuis 2017 a tout donné. On peut féliciter la dextérité des techniciens de l’unité de rééducation fonctionnelle et d’appareillage qui ont façonné deux prothèses sur mesures.

Pour le jeune Ibrahim Bello, la vie reste belle malgré le handicap. Si la perte de ses deux jambes a constitué un moment de dépression, il n’est pas loisible de continuer à ressasser les tristes déboires et mauvais souvenirs. La Cnrph s’affaire à la tâche afin de lui redonner du sourire et une astronomie totale par le biais d’une réinsertion sociale, après sa rééducation intégrale, grâce à une collectif de psychologues, médecins, kinésithérapeutes et appareilleurs, chapeauté par Alexandre Manga, Directeur Général du Cnrph. Ibrahim Bello qui n’a jamais goûter à la vie d’une bonne adolescence est sur un rêve « Grace à mes prothèses, je peux à présent me mettre debout, marcher, ce que je n’espérais plus », affirme-t-il en larmes.

Souley ONOHIOLO

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