Covid-19 : Le Cameroun a-t-il opté pour une contamination collective ?

Paul BIYA presidant le CSM

Emmanuel Macron a tiré la sonnette d’alarme sur la mise à l’écart de l’Afrique dans lavaccination contre le Covid-19. Que fait le pays de Paul Biya pour s’affirmer?

Le respect des mesures barrières au Cameroun devient anecdotique au moment où les Nations du monde s’affairent à immuniser leur population contre la mort infligée par le tenace virus. A l’heure où le pays sort de l’organisation d’une compétition d’envergure continentale avec seize nations accueillies dans ses murs, on avait espéré que les autorités redoubleraient d’ardeur dans l’intransigeance du respect des mesures barrières à tout au moins au lendemain du tournoi. Que non! Le pays se comporte comme si tout était à la normale, comme si le port du masque faciale, le respect des places dans les transports publics, la distanciation dans les lieux publics et bien d’autres, sont des mesures facultatives! Pour s’en convaincre, le musicien congolais Fally Ipupa, vient d’organiser des concerts monstres à Douala et à Yaoundé, dans des salles bondées.

Pendant ce temps, dans un pays voisin comme le Gabon, la variante britannique du virus vient d’être découverte, un virus hautement plus contagieux que les autres variantes connues. Ali Bongo a sur le coup pris des mesures draconiennes. En plus du couvre-feu déjà en vigueur de 20 heures à 5 heures du matin, il faut désormais présenter son test négatif au Covid-19 datant de moins de trois jours pour être admis dans un restaurant. Tout contrevenant qui ne porte pas un masque dans un lieu public est sanctionné à de lourdes amendes allant jusqu’à 10 millions de Fcfa. Ce n’est pas une erreur d’écriture : 10.000.000 Fcfa. Les marchés de nos villes, les débits de boisson, les transports en commun, sont de gros foyers à ciel ouvert de contamination où les mesures barrières sont allègrement piétinées. Ceci au vu et au su de tous, dans la grande indifférence totale. Le Cameroun a-t-il opté pour une contamination collective pour parvenir à une immunité globale de sa population comme le pensent certains observateurs?

Thèses complotistes

En ce qui concerne le vaccin de sa population, les autorités sont aphones sur la question au moment où toutes les thèses complotistes prospèrent çà et là. Pourtant, des pays africains se démarquent déjà. Tenez! Le Sénégal a reçu avant-hier de la Chine son premier lot de 200.000 doses. C’est Macky Sall himself qui a reçu la précieuse cargaison et en a profité pour demander une adhésion totale de sa population dans la campagne de vaccination de masse qui s’ouvre dans quelques semaines. Il faut préciser que 44 % de Sénégalais avouent ne pas se sentir concernés par cette vaccination! Dans la même lancée, l’Afrique du sud, le 16 février dernier, a commencé la vaccination de sa population et compte à la fin de cette année en avoir fini avec 67% de sa population. Elle a commencé de ce fait à recenser en ligne 350.000 personnels de santé qui seront prioritairement vaccinés avec la population âgée de 60 ans et plus. Il faut préciser que la découverte de la variante de ce pays a obligé les autorités à mettre de côté un important stock de doses de vaccin. Il y aurait une démarche pour mettre ce lot à la disposition de l’Union africaine (Ua). L’Ua va-t-elle voler au secours de ses membres qui sont dans l’incapacité d’assurer sa vaccination? C’est une probabilité sur la table à Addis-Abeba.
La solidarité et équité vaccinales

Le cri de cœur du numéro un français doit retentir avec un grand écho dans les couloirs de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) et des grandes puissances. Pendant que certains pays africains doutent de l’existence du virus à l’exemple de la Tanzanie ou de Madagascar qui a fermé ses portes à l’option de la vaccination, toute l’Afrique doit dans le cadre de cette opération, d’abord s’équiper pour recevoir ces vaccins qui se conservent pour certains à moins 80 degrés. En plus de ceci, il faut sensibiliser la population déjà fortement endoctrinée sur les réseaux sociaux. Une frange importante de la population africaine pense qu’il s’agit d’un complot pour limiter les naissances et autres. Pour l’heure, quelques pays africains sont assez avancés dans l’option de la production du vaccin sur leur sol. On retient le Maroc avec les Chinois, le Nigéria, l’Afrique du sud, le Sénégal qui sont assez avancés dans cette initiative. A côté de l’octroi du brevet de fabrication à l’Afrique pour un élargissement de l’assiette vaccinale, il y aussi l’espoir de voir le privé s’impliquer dans cette lutte. L’opérateur téléphonique Mtn s’est par exemple impliqué dans la vaccination en Afrique du sud, le pays le plus contaminé du continent.

On espère donc que cette synergie va gagner le pays de Paul Biya, pour une démocratisation de l’immunisation. Pour l’heure, si le positionnement des firmes pharmaceutiques des Nations fait rage, le monde entier n’est pas encore fixé sur le protocole définitif pour une immunité garantie contre le virus. Si le vaccin Johson and Jonhson s’administre en une seule dose comme c’est actuellement le cas en Afrique du Sud, il en va autrement du vaccin chinois où deux doses sont recommandées. Ce n’est pas nouveau, car en ce qui concerne le vaccin contre la fièvre jaune, il a fallu des années pour s’accorder sur un vaccin définitif. Qu’importe le pays du continent, il urge que l’Afrique vaccine les volontaires de ses 3% de gens de plus de 60 ans et son personnel de la santé. Que dira le Cameroun?

Léopold DASSI NDJIDJOU

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