Yaoundé, 14 octobre 2025 – Le gouvernement camerounais prépare un virage stratégique : l’instauration d’un droit de sortie sur le fer et la bauxite. Sous la houlette du Directeur général des Douanes, Edwin Fongod Nuvaga, une concertation a réuni les principaux acteurs du secteur minier. Objectif : faire contribuer davantage les ressources minières aux recettes publiques. Une mesure ambitieuse, mais aussi risquée. Le Cameroun est-il enfin prêt à taxer son fer et sa bauxite comme son pétrole ?
💰 Nouvelle stratégie fiscale pour les minerais camerounais
C’est dans la salle de réunion de la Direction générale des Douanes à Yaoundé que les discussions se sont tenues le 14 octobre dernier. Edwin Fongod Nuvaga a invité les représentants du ministère des Mines (Sonamines), de la SNH et du Minmidt à réfléchir sur les futurs taux de taxation des minerais à l’exportation, notamment le fer et la bauxite.
Cette concertation s’inscrit dans la préparation de la loi de finances 2026. Les Douanes projettent un droit de sortie de 5 % à l’exportation de ces matières premières, afin d’élargir l’assiette fiscale et soutenir la transformation locale.
« L’idée, c’est d’éviter que nos richesses quittent le pays sans réelle valeur ajoutée », a confié un cadre du ministère présent à la rencontre.
⚙️ Le Cameroun veut rentabiliser ses ressources
Le pays mise sur un potentiel minier considérable. On estime à plus de deux milliards de tonnes les réserves de fer réparties entre Mbalam-Nabeba, Kribi-Lobé et Bipindi Grand-Zambi.
Le Premier ministre a d’ailleurs inauguré en septembre la mine de G-Stones Ressources SA à Grand-Zambi (Kribi), marquant une nouvelle ère pour le fer camerounais.
Côté bauxite, le Cameroun disposerait de plus de 991 millions de tonnes exploitables sur 20 ans, avec des teneurs en alumine allant jusqu’à 51 %. Des chiffres impressionnants, qui pourraient hisser le pays parmi les acteurs miniers majeurs du continent, à condition de mettre en place un cadre fiscal stable et attractif.
🧾 Un enjeu budgétaire et politique majeur
Jusqu’ici, le code minier camerounais ne prévoyait aucune taxation à l’exportation, contrairement au code pétrolier, qui impose une quote-part à l’État.
Cette réforme fiscale viserait donc à corriger cette inégalité tout en renforçant les recettes non pétrolières. Mais certains experts craignent que la taxation trop précoce freine les investissements miniers.
« Il faut trouver le bon équilibre entre rentabilité nationale et attractivité pour les opérateurs », explique un économiste de Douala.
Pour Yaoundé, le défi est clair : transformer ses ressources naturelles en levier réel de développement, sans décourager les investisseurs.
Le gouvernement espère ainsi financer davantage d’infrastructures et réduire la dépendance au pétrole.
Avec ces nouvelles mesures, le Cameroun amorce une révolution fiscale dans le secteur minier. Si les projections se concrétisent dès 2026, le pays pourrait enfin tirer profit de ses immenses gisements. Mais la vraie question demeure : les recettes fiscales remplaceront-elles vraiment les promesses restées trop longtemps dans le sol ?




