Cameroun – Sonia Mecheu : « Les dessins animés peuvent causer des troubles de comportement »

dessins animés violents

La psychologue du développement à la Fondation Rapha-Psy analyse l’impact psychique des dessins animés sur les enfants.

Les enfants sont envahis par une flopée de programmes de dessins animés. Différentes thématiques y sont abordées. Quel peut être leur impact psychique sur ces enfants?

Les dessins animés et les programmes qui s’y trouvent possèdent le pouvoir de capter l’attention et plus particulièrement l’attention immédiate des enfants. Le temps passé en étant planté devant la télé, la tablette, les smartphones est un temps qui n’est pas utilisé pour permettre à l’enfant de développer d’autres compétences à l’instar des activités artistiques. Ainsi, plutôt que de lire ou encore discuter avec ses amis, l’enfant est passif. Cette passivité engendre chez ce dernier des retards de développement qui peuvent altérer la motricité (fine et globale), les capacités cognitives, la socialisation et dans les cas extrêmes, peuvent entrainer des troubles. Il est à noter que les écrans ont un aspect addictif très puissant or avec un autre instrument de divertissement, l’enfant se lassera très rapidement. Il est donc judicieux pour les parents de limiter la fréquence de consultation de ces dessins animés, de choisir le bon moment et le bon programme et de privilégier plusieurs dessins animés le samedi matin plutôt qu’un dessin animé chaque jour : le tout est de trouver le juste milieu.

D’aucuns passent des heures à suivre ces programmes. Peuvent-ils façonner le comportement de ces enfants? Et sur la personne qu’ils pourraient devenir demain?

A cette question, je répondrai par oui dans la mesure où en fonction de l’âge de l’enfant, il existe des programmes appropriés qui stimulent les capacités langagières, psychomotrices…des enfants et influencent de ce fait leurs comportements. Les enfants agissant pour la plupart des temps par imitation, si ces programmes sont violents, les enfants auront tendance à reproduire ces actions, à s’identifier aux différents personnages qui s’y trouvent. Par exemple à chercher à parler comme eux, à s’habiller comme eux voire à agir comme eux. Plus tard, ces enfants deviendront stressés, tendus et agités voire développeront des troubles de comportement telles les addictions, les retards d’apprentissages et des troubles qui pourraient s’apparenter à l’autisme.

Est-ce qu’à votre avis, cet impact est essentiellement négatif?

Les dessins animés n’ont pas essentiellement un impact négatif car lorsqu’ils sont bien choisis, ils véhiculent des valeurs tels que l’amour, l’amitié, l’entraide, l’obéissance, l’honnêteté… ; éveillent la curiosité ; suscitent des interrogations chez l’enfant ; facilitent la communication en famille avec les parents ou grands-parents de par les paroles et les gestes qu’ils apprennent. Dans ce cas, les écrans peuvent être considérés comme un allié dans la dynamique familiale.

Que doivent faire les parents ou même la société pour que ces derniers puissent se distraire tout en évitant d’être influencés négativement?

Les parents doivent adopter les pratiques sociales quotidiennes appropriées en fonction des caractéristiques de son enfant ; limiter les heures devant les écrans; choisir en fonction de l’âge, le type de dessin animé ou programme adéquat pour stimuler et améliorer les bonnes habitudes et les bonnes aptitudes.

Ces enfants n’arrivent pas toujours à distinguer ce que font leurs héros de la vie réelle. Comment les aider à assimiler (comprendre) cela?
Tout passe par la sensibilisation des enfants et les causeries éducatives afin qu’ils puissent comprendre qu’il existe une vie virtuelle (montage de scènes) et une vie réelle dont il ne faut pas mélanger. Aussi, les parents doivent avoir une certaine discipline quand il s’agit des choix de vêtements, d’instruments et d’accessoires à offrir à l’enfant.

Recueillis par Cécile Ambatinda / 237online.com

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