Vendeurs de Poulets

Cameroun – Roger Penka : « Le poulet sera disponible pendant les fêtes»

Economie

Le président de l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic) pour les régions de l’Ouest et du Nord-Ouest, rassure de la disponibilité du poulet sur le marché local et national pendant les fêtes de fin d’année. Il revient également sur les difficultés que rencontre les aviculteurs au regard de nombreuses crises qui perturbent sa sérénité.

On assiste depuis quelques semaines à la flambée du prix du poulet sur le marché camerounais. La situation est encore plus complexe pour les ménages dans les grandes villes telles que Douala et Yaoundé. Qu’est-ce qui justifie cette cherté à quelques jours seulement des fêtes de fin d’année ?

Le poulet est vendu actuellement à un prix relativement élevé. Mais cher, non. Il est jusqu’ici la viande la plus compétitive sur le territoire national. Et c’est grâce à la filière avicole en général et à l’Interprofession avicole du Cameroun en particulier, qui fait des pieds et des mains pour alimenter le marché. Mais nous faisons un effort pour qu’il soit encore plus moins cher. Il s’agit d’une protéine qui, non seulement apporte un plus pour la santé, mais soulage également le porte-monnaie. Toutefois, ce qui explique l’augmentation du coût c’est d’abord la rareté des poussins d’un jour pendant les deux derniers mois. Cette absence est la conséquence de la pandémie à Covid-19. Il faut préciser également qu’on observe actuellement une augmentation des coûts de transport maritime sur les matières premières, entrant dans la production du poulet à l’international.

Comment pouvez-vous décrire la filière avicole au Cameroun au regard de nombreuses crises qui secouent cette profession ?

La filière avicole camerounaise est résiliente. Nous sortons d’une crise sanitaire qui a impacté toute l’économie, aussi bien l’aviculture qui est une industrie vivante contrairement aux autres industries. Mais toujours est-il que l’aviculture a gardé les bases de production. Ainsi, jusqu’à ce jour, l’outil de production et la capacité de se relever et de remettre le marché à flot sont restés intacts. C’est vrai que les acteurs ont perdu beaucoup d’argent dans cette crise. Mais beaucoup sont en train de se relever malgré de nombreux sacrifices financiers. Les banques nous mettent aujourd’hui la pression pour ce qui est des recouvrements. Nous espérons que le gouvernement va nous tendre la main, pour qu’on se remette le plus vite sur pied afin non seulement de satisfaire la demande actuelle du marché mais aussi faciliter l’accès des ménages à ce protéine et à moindre coût.

Peut-on craindre une rareté du poulet sur le marché pendant cette période où la demande est de plus en plus croissante ?

Les consommateurs n’ont pas à s’inquiéter. Le poulet est disponible et le sera encore plus pendant les fêtes. Les prix du poulet sur le marché ont commencé à aller vers la baisse. Comme on l’a longtemps promis à l’administration, il y aura suffisamment du poulet pour les Camerounais.

Quelle est la situation actuelle après l’épizootie dans certains pays européens, pourvoyeurs des œufs à couver et des poussins d’un jour surtout lorsqu’on sait que cette maladie animale a impacté négativement la filière camerounaise ?

Il est bien vrai, l’existence de l’épizootie de la grippe aviaire, principalement dans l’Union européenne en France, Belgique et Hollande, qui se disent nos principaux fournisseurs, a impacté l’approvisionnement du marché aussi bien en œufs à couver qu’en poussins, chairs et pontes. Le phénomène ne s’est pas encore estompé. Mais, il a été contenu grâce à la production locale. Il y a de plus en plus de fermes de production de parenté, d’œufs à couver (Oac)local qui ont pu résorber une grande quantité de manque qui devait être sur le marché. Actuellement, la France reste encore dans la grippe aviaire, de même que la Hollande et la Belgique. Pour le moment, on utilise plus de ressources génétiques locales.

La collaboration avec les pouvoirs publics est-elle de nature à garantir ou accroître les acquis de la filière ?

Tout laisse à croire jusqu’à ce jour, sauf situation imprévue, que nous avons une très bonne et franche collaboration avec les pouvoirs publics. Exemple de la collaboration que nous avons eu avec le comité de compétitivité qui s’est battu bec et ongle pour maintenir l’Ipavic hors de l’eau, sauvant ainsi l’aviculture qui, si elle faisait faillite, devait créer de milliers de chômeurs. Néanmoins, nous pensons que l’administration peut faire mieux. Elle peut inciter les établissements financiers à pouvoir s’intéresser à l’aviculture. Ou bien demander les quotas que la banque devrait avoir sur son bilan pour financer dans le secteur tertiaire. Et donc sur le volume de financement qu’il a de ses produits, il doit avoir un ratio qu’on doit demander qu’il réserve au secteur primaire. Tant il est vrai que les établissements financiers, hormis une ou deux banques et la plus part des fois les micro-finances, beaucoup de banques de multinationales qui sont installées au Cameroun ont peur d’investir dans le secteur primaire. Ils préfèrent le secteur tertiaire. Ce qui n’est pas bon pour notre économie.

Il a été annoncé la mise sur pied d’une unité de production avicole à Koutaba dans le département du Noun. Cette initiative privée peut-elle donner espoir aux aviculteurs camerounais, ceux qui dépendent de l’extérieur ?

Dans la ville de Koutaba, nous avons enregistré l’extension d’une unité qui existe déjà. Il s’agit de la société Agrocam du groupe Spc qui faisait un nouveau site de production, pour augmenter sa capacité de production d’œufs à couver. C’est encore un projet et dès qu’il va entrer en opération, cela devrait normalement doper le marché et faire qu’on soit moins dépendant de l’extérieur.

Que fait la profession pour parer à une nouvelle épizootie ou à une nouvelle crise à venir ?

La profession s’est organisée à augmenter la production du matériel génétique, la capacité de production des Oac ainsi que des poussins d’un jour, et à pouvoir produire localement. Donc on va faire l’effort autant que possible d’être indépendant de l’extérieur. Dans la même lancée, le ministère de l’élevage, des pêches, des industries animales en concertation avec l’Union africaine et l’Ipavic, travaille dans le but de mettre sur pied une ferme de grands-parents (qui produit ceux qui font les Oac) au Cameroun. Si on réussit ce pari, le Cameroun devrait être à mesure d’approvisionner les autres pays en parentaux, ainsi, on aurait mis le niveau de sécurité de protection à une barre assez élevée, pour se prémunir de tous les risques de rupture sur le marché.

Or, la dernière fois, on était bloqué parce qu’il fallait faire venir les parentaux de l’Europe et celle-ci étant contaminée, on ne pouvait pas s’en approvisionner. Nous avons toujours tiré les leçons de nos difficultés. De la grippe aviaire de 2006, nous avons appris qu’il fallait commencer à produire beaucoup de parentaux locaux. De la crise du Covid-19, nous avons compris qu’il faut passer aux grands-parents et densifier la production locale des œufs à couver dans notre pays.

Aurélien Kanouo / 237online.com

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