Cameroun: quatre opposants libérés après 16 mois de prison pour « insurrection »

Des prisonniers politique

Quatre opposants ont été libérés au Cameroun après avoir purgé 16 mois de prison pour « insurrection », ont annoncé samedi leur avocat et leur mouvement qui dénonce une « justice aux ordres et un gouvernement autoritaire ».

Le président Paul Biya, 88 ans dont près de 40 à diriger le Cameroun d’une main de fer, est régulièrement accusé par la communauté internationale, l’ONU et des ONG de mener une implacable répression de toute opposition politique et d’une rébellion indépendantiste anglophone dans l’ouest.

Moussa Bello, Etienne Ntsama, Tehle Membou et Mira Angoung, membres du collectif de mouvements, partis et organisations de la société civile Stand Up For Cameroon « sont sortis de prison vendredi » soir, après avoir purgé complètement leur peine de 16 mois, écrit le collectif. Ils avaient été condamnés le 13 décembre, après 15 mois de détention préventive.

« Les militants et sympathisants de Stand up for Cameroon ont bel et bien recouvré leur liberté hier soir », a confirmé à l’AFP Me Thierry Njifen, coordonnateur de leur équipe d’avocats.

Un autre militant du collectif, Nana Collins, condamné à 18 mois de prison, est resté en prison, ont indiqué les mêmes sources.

Les quatre avaient été condamnés « par le tribunal militaire de Douala sans témoins ni preuves », écrit encore le collectif.

Il avaient été arrêtés violemment le 18 septembre 2020 juste après avoir participé à une réunion du parti d’opposition Cameroon People’s Party (CPP) à Douala. Nana Collins avait été appréhendé quatre jours plus tard.

En décembre dernier, une cinquantaine de militants et cadres du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), parti du principal opposant à M. Biya, Maurice Kamto, avaient également été condamnés à des peines de un à sept ans de prison pour « rébellion », pour leur participation en septembre 2020 à des marches pacifiques réclamant le départ de M. Biya.

La police avait très violemment dispersé les marches, notamment à Douala, la capitale économique. Plus de 500 militants et cadres du MRC avaient été arrêtés dans tout le pays. Et 124 sont toujours détenus aujourd’hui, selon le parti.

En septembre, un collectif d’avocats avait renoncé à les défendre, dénonçant « l’arbitraire » et « l’illégalité de leur détention ».

Deux mois après leur interpellation, Amnesty International accusait le régime de M. Biya de poursuivre une « implacable répression des opposants » caractérisée par des « arrestations et détentions arbitraires ».

Les autorités ont assuré à plusieurs reprises que les personnes arrêtées le 22 septembre 2020 sont poursuivies notamment pour « tentative d’insurrection » ou de « révolution ».

Rival malheureux de M. Biya réélu en 2018 dans un scrutin contesté par l’opposition, Maurice Kamto avait lui-même été emprisonné sans procès neuf mois durant en 2019 avant d’être relâché à l’issue d’intenses pressions internationales.

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