Cameroun – Pasteur Charles Emmanuel Njike : L’Eec perd un artisan de son unité

Pasteur Charles Emmanuel Njike

Ancien président national de l’Eglise évangélique du Cameroun et à la tête du bureau de transition devant conduire au retour à la paix, ce patriarche est décédé à l’âge de 95ans, des suites de maladie à Douala, lundi dernier.

Une triste nouvelle vient de frapper l’Eglise évangélique du Cameroun (Eec). L’annonce du décès du Rev. Pasteur Charles Emmanuel Njike, en début de soirée du lundi 10 janvier dernier à Douala, des suites de maladie est tombé comme une rumeur avant d’être confirmée par sa famille. Il est reconnu être le grand artisan de la paix et de l’unité de cette église en crise depuis 2007. Président honoraire et engagé dans la médiation de sortie de crise, il a conduit de nombreuses rencontres ayant abouties le 15 décembre passé, à la tenue du synode général extraordinaire, à la paroisse de la Briqueterie I à Yaoundé. Celui-ci s’est tenue après la pastorale de réconciliation tenue à Foumban, quelques mois plutôt. Ce synode extraordinaire s’est conclu par la mise sur pied d’un bureau de transition. Le Pasteur Charles Emmanuel Njike à la tête de bureau, devait conduire les affaires usuelles de l’Eec, consolider l’unité des fidèles et préparer le prochain synode général électif. Grâce à sa démarche, le bureau national élu à Ngaoundéré, à l’origine des contestations, avec pour conséquence la crise, a présenté sa lettre de démission lors de ces assises. Face aux déclarations du pasteur Jean Samuel Hendjé Toya, à la tête du bureau querellé, le désormais feu Pasteur Charles Emmanuel Njike, a dit sa reconnaissance à Dieu pour avoir conduit cette médiation jusqu’à cet aboutissement heureux.

De mémoire, c’est au sortir du 59ème synode général électif qui s’est tenu en avril 2017, à Ngaoundéré dans l’Adamaoua, que la crise est née au sein de cette Eglise. Il avait été question au cours de ces assises statutaires, d’élire de nouveaux dirigeants de cette organisation, devant remplacer l’équipe dirigée par le pasteur Issac Batoume, arrivée en fin de mandat. À ces assises, deux candidats se sont présentés : les pasteurs Jean Samuel Hendjé Toya et Richard Priso Moungolè, tous membres du bureau sortant (secrétaire général et 1er vice-président). Après le scrutin, le premier est déclaré élu et devient ainsi le nouveau président de l’Eec. Le perdant va d’ailleurs féliciter son adversaire. Mais, Richard Priso Moungolè va se rétracter une semaine après les élections. C’est ainsi qu’un collègue de pasteurs conduit par ce dernier, va contester les résultats de ces élections et déposer une plainte en justice. Le tribunal de grande instance du Wouri à Douala va demander l’annulation des élections depuis la base jusqu’au sommet. Cette décision sera maintenue par la Cour d’appel du Littoral après l’appel introduit par les avocats de l’Eglise car elle va trancher en faveur des « dissidents ». Enfin, c’est la Cour suprême qui est saisie. Pendant ce temps, l’Eec fonctionne dans la division, avec pour conséquence, de nombreux pasteurs en attente de consécration, des retraités et des ayant-droits sans pensions, malgré des médiations menées par l’Etat du Cameroun, à travers les ministres successifs de l’Administration territoriale : Emmanuel Sadi et Paul Atanga Nji.

Au bout du gouffre, le président honoraire de l’Eec, le pasteur Charles Emmanuel Njike va décider de jouer la carte de la réconciliation et de l’unité. Il va alors engager des réunions pastorales préparatoires de sortie de crise dans la région de l’Ouest notamment à sa résidence de Bangoua dans le Ndé et à Foumban dans le Noun. Celles-ci vont aboutir à la tenue des assises du synode général extraordinaire du 15 décembre 2021 au temple de la Briqueterie I à Yaoundé, en présence de toutes les parties en conflit. Lors de ces assises, le pasteur Jean Samuel Hendje Toya et son équipe dirigeante, tous élus à Ngaoundéré vont décider de démissionner. Il va s’en suivre le 24 décembre dernier, la lettre de désistement du pasteur Richard Priso Moungolè, marquant ainsi le retrait de sa plainte, adressée au président de la Cour d’appel du Littoral. C’est alors qu’un bureau transitoire de l’Eec est mis en place et dirigé par le pasteur Charles Emmanuel Njike. Ce bureau mis en place a pour mission de conduire les affaires usuelles de l’Eglise, consolider l’unité des fidèles et préparer le prochain synode général électif. Ancien président général de l’Eglise évangélique du Cameroun (1992-1999), le pasteur Charles Emmanuel Njike a assuré la présidence de la Cevaa (Communauté d’Eglises protestantes en mission) durant un mandat (1993-1996). « Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole », lit-on du communiqué du bureau de transition, signé du Pasteur Salemon Mouotse Nze, annonçant la disparition du Pasteur Charles Emmanuel Njike, à l’âge de 95ans. Il a été inhumé hier mardi à son domicile à Bangoua dans le Ndé, à l’Ouest Cameroun.

Aurélien Kanouo / 237online.com

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