Cameroun : Où sont passés les 102 milliards de FCfa du Plan Triennal Spécial Jeunes ?

Plan special triennal jeunes

A moins de trois mois de la fin du programme lancé le 11 janvier 2017, les objectifs placés en lui sont loin d’être atteints. Comme cause première, l’indisponibilité des fonds.

L’heure serait pourtant à la communication et à l’information de l’opinion nationale et internationale sur le Plan Triennal « Spécial Jeunes » (PTS-Jeunes) d’une enveloppe de 102 milliards de FCfa annoncé par le président de la République, Paul Biya, dans son adresse à la jeunesse le 10 février 2016. Mais c’est un blackout dans les départements ministériels sectoriels concernés par la gestion de ce programme, à moins de trois mois de son terme (11 janvier 2020) à la date anniversaire de son lancement officiel (11 janvier 2017) par le ministre de la Jeunesse et de l’éducation civique (Minjec), Mounouna Foutsou. A ce jour, les 102 milliards ont-ils effectivement et totalement été débloqués par les services compétents et mis à la disposition des projets (plans d’affaires) montés par les jeunes camerounais ? Le PTS-Jeunes a-t-il effectivement couvert ou bénéficié à 1 million des jeunes camerounais de 15 à 35 ans ? Les secteurs prioritaires ciblés, à savoir : l’agriculture, l’économie, l’industrie et l’innovation technique ont-ils connu un coup de pousse ? Les jeunes camerounais des dix régions ont-ils pu bénéficier de l’insertion socio-économique de manière équitable ? Le Plan triennal « spécial-jeunes » a-t-il significativement réduit la pauvreté, le chômage et le sous-emploi au Cameroun (dans la mesure où, en 2015, on relevait un taux de sous-emplois : 81%, soit 6.380.000 jeunes qui ont besoin d’assistance)? Ces questions resteront sans réponses pour l’opinion qui a la soif de savoir.

Depuis toujours, l’on a déploré le manque de mécanisme d’information et de communication au sujet du PTS-Jeunes. « De manière générale, les politiques développées par le gouvernement et les actions menées à ce jour en faveur de la jeunesse restent peu visibles et lisibles en l’absence d’un mécanisme de cohérence et de coordination. De plus, elles sont peu connues par les jeunes qui en sont pourtant les principaux bénéficiaires », reconnaissait-on au Minjec, il y a quelques années. Et un analyste d’ajouter : « A ce jour, le problème de la communication n’a toujours pas été résolu… A moins que la raison soit qu’il n’y ait eu aucun bénéficiaire, ni aucune autre action menée dans le cadre de ce programme au cours de l’année qui vient de s’achever. Absence d’information sur la formation des premiers bénéficiaires dans la réalisation de leurs projets, d’où difficultés de l’évaluation de l’atteinte des objectifs de ce programme ».

Service minimum du PTS-Jeunes

A l’heure du bilan, les sources bien introduites dans les ministères sectoriels indiquent que le Plan Triennal «Spécial-Jeunes » fait face à des difficultés liées à l’indisponibilité des fonds. À ce jour, un milliards de FCfa ont pu être mis dans le financement des projets (voir le tableau ci-contre). On serait donc à chercher les cent un milliards restants. La cause pour justifier l’indisponibilité des fonds est imputable à la crise sécuritaire qui sévit dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest depuis 2016. « Les hautes instructions ont été données pour que chaque mois désormais, la somme de 500.000 .000 FCfa soit virée dans le compte du PTS pour accélérer les financements », apprend-on du Minjec. Et d’interpeler « les jeunes qui sont à la fois victimes et acteurs des crises sécuritaires à tourner le dos à ces actes qui ne servent pas les intérêts de la République et encore moins les leurs. En guise d’exemple, les projets sont en attente de financement à cause, entre autres, des crises de trésorerie du fait de la guerre ».

Contactée par nos soins, une source au ministère des finances, indique si les fonds n’ont pas été totalement déployés c’est parce que le triangle national est confronté à de nombreux défis sécuritaires. Selon lui, il s’agit notamment de la lutte contre la secte terroriste Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord, l’insécurité dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua, en raison des incursions des bandes armées venues de la République Centrafricaine, la gestion des refugiés des réfugies provenant de ce pays et du Nigéria, les tensions sociopolitiques dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest. Ce à quoi il faut ajouter la crise économique et financière qui n’a épargné aucun pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).

Pour certains observateurs interrogés dans la ville de Yaoundé, « c’est un service minimum que le PTS-Jeunes a eu. Comment comprendre que dans un pays où le taux de sous-emploi, de pauvreté et du chômage frôle les 80%, on n’arrive pas à occuper les jeunes même quand le chef de l’Etat met 102 milliards de FCfa à la disposition des jeunes ? », S’interroge un jeune étudiant. Des données fournies par l’Observatoire national de la jeunesse (ONJ), le tableau n’est pas reluisant. L’état des lieux du PTS-Jeunes indique que « plus de 35.000 plans d’affaires cumulés des première, deuxième et troisième cuvées déjà prête. C’est le chiffre à retenir en ce qui concerne l’état des lieux du Plan triennal « spécial jeunes ». Quant au coordonnateur national du Fonds national d’insertion des jeunes (FONIJ), Semlon Abdoul – Karim Nasourou, « 51,06% des jeunes ont sollicité un financement de leur projet auto-emploi ou d’entreprise. Parmi ces porteurs d’idées de projets, 33,70% sollicitent l’agriculture au sens large, 28,84% l’industrie, 22,85% l’économie numérique, 10,48% l’innovation ainsi que 4,4% d’autres secteurs non répertoriés dans ces domaines de concentration. En plus des 38 projets des jeunes financés à hauteur de 380 millions dans le cadre de la phase-pilote en 2017, 214 autres ont reçu des financements. Au 30 avril 2019, les projets déjà mis en œuvre ont généré 254 emplois ».

À l’orée de 2020, doit-on envisager un Plan Triennal « Spécial-Jeunes » II ? Cette possibilité ne serait pas à écarter, à en croire certains observateurs. Ils en veulent pour preuve le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) qui arrive à échéance en décembre 2019 et dont les objectifs n’ont reçu qu’un service minimum. Et déjà, dans les services « compétents », on réfléchit sur la 2ème phase du DSCE.

Processus du PTS-Jeunes

-Réarmement moral de tous les jeunes inscrits par l’Agence de service civique National de participation au Développement ;
-Réarmement entrepreneurial des jeunes inscrits à l’ONJ par le PAJER-U ;
-Accompagnement des jeunes dans l’élaboration de leurs plans d’affaires par le PAJER-U ;
-Référencement des jeunes inscrits en fonction de leurs besoins et aspirations aux différents guichets ;
-Comité de pré-validation par les experts du FONIJ au niveau régional pour ceux des projets dont les financements sont en déca du million et au niveau national pour ceux nécessitant plus d’un million ;
-Comité d’octroi de crédits ;
Financement et accompagnement dans la mise en œuvre du projet ;
-Suivi pos- financement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *