Cameroun – NoSo: Les armes crépitent, le Covid-19 sévit

Un don du Bir a Djaba

Malgré le coronavirus et l’appel à un cessez-le-feu, les combats entre forces armées et séparatistes continuent de plus belle.

Malgré les contaminations au coronavirus dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les combats n’ont pas cessé. Prisley Ojong, maire de Manfe, a été assassiné dimanche 10 mai dans son village Eshobi près de Buéa, capitale régionale du Sud-Ouest. Selon le préfet de la Manyu, le maire Prisley Ojong, 35 ans, « a été lâchement abattu par des hommes armés dimanche autour de 10 heures ». Il se rendait à ce qu’il croyait être un rendez-vous très important, à la rencontre d’un groupe de séparatistes qui lui ont passé un appel, annonçant leur intention de déposer les armes. Le maire n’a pas vu le piège et s’est empressé de se rendre à son rendez-vous, accompagné de deux militaires et de son chauffeur. C’était une embuscade : sur le chemin, sa voiture a subit des tirs, dont l’une des balles lui a été fatale. Les autres occupants du véhicule s’en sont sortis avec des blessures. Prisley Ojong, jeune opérateur économique prospère, avait été élu maire de Mamfe lors des dernières élections municipales, lesquelles élections avaient été reprises dans une dizaine de communes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

En début du mois en cours, les forces de défense camerounaise ont effectué un raid meurtrier dans un bastion séparatiste de Bafut, dans la région du Nord-Ouest. Le bilan fait état de plusieurs séparatistes neutralisés et des équipements de guerre détruits. Ces différentes attaques ne laissent pas présager la fin prochaine des hostilités sur le terrain des combats, alors que l’Onu appelle à un embargo des armes pendant cette période de crise sanitaire. «Notre monde fait face à un ennemi commun: le Covid-19. Le virus ignore les ethnies, les nationalités, les factions ou les confessions. Pendant ce temps, des conflits armés continuent de faire rage. La furie du virus montre toute la folie de la guerre. C’est pourquoi j’appelle aujourd’hui à un cessez-le-feu global», avait déclaré le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, le 23 mars 2020. Mais un tel appel en temps d’épidémie n’a pas de précédent. La lueur d’espoir est fragile et les combattants n’ont cure des pétitions en ligne.

Les Socadef et le cessez-le-feu

Les Forces de défense du Cameroun du Sud (Socadef), groupe armé ambazonien, ont accepté mercredi 25 mars 2020 de s’associer au cessez-le-feu réclamé par les Nations unies en raison de l’épidémie de coronavirus qui frappe le pays. Le régime de Yaoundé n’a, de son côté, pas réagi. « Les Socadef sont prêts à soutenir le cessez-le-feu et garantiront sécurité et libre circulation aux observateurs internationaux et aux acteurs humanitaires en Ambazonie (…) conformément au droit international humanitaire », avait déclaré Ebenezer Akwanga, leader du mouvement, dans un courrier signé à Accra, au Ghana, mercredi 25 mars et adressé au chef de l’Etat Paul Biya. Le président des Socadef, également à la tête du Mouvement de libération des peuples africains (Aplm), en avait profité pour appeler les « autorités et les forces de sécurité de la République du Cameroun à répondre à l’appel du secrétaire général des Nations unies ». « Nous sommes prêts à rencontrer des représentants désignés de la République du Cameroun pour une bonne application du cessez-le-feu », avait-il ajouté. Malgré l’accueil initialement favorable des séparatistes à l’initiative d’Antonio Guterres, les combats et les tueries se poursuivent dans le Noso. Après plus de trois ans de guerre qui a déjà fait près de 3000 morts et pas moins d’un million de déplacés, le système de santé dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest s’est effondré. La déclaration des cas de coronavirus dans ces régions rend encore plus impératif l’arrêt immédiat des combats.

Ahmed MBALA

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