Cameroun – Manuel scolaire : Les libraires tirent la sonnette d’alarme

Face aux nombreuses pertes suite à l’instauration du livre unique, ils invitent l’Etat à suspendre les précomptes.

La question du livre est un véritable serpent de mer au Cameroun. A la veille de chaque rentrée scolaire, le débat autour de ce précieux matériel
didactique refait surface. Pour la nouvelle année qui pointe à l’horizon, le Syndicat national des libraires et papeterie du Cameroun s’est réuni hier en Assemblée générale à Yaoundé afin d’adresser un certain nombre de questions qui plombent jusqu’ici le bon fonctionnement de ce secteur d’activité. Les récriminations des libraires peuvent tenir dans un conteneur de huit pieds. De la contrefaçon galopante en passant par un stock important d’invendus, le peu d’intérêt pour la lecture, la vente des manuels dans les établissement, entre autres, il est difficile de poser les mots sur les maux. Il faut agir.

Asphyxiés, selon eux, ils invitent l’Etat du Cameroun à poser des actes afin de sauver un secteur exsangue et en difficulté. Si le livre unique est venu donner une bouffée d’oxygène en allégeant le cartable des enfants, force est de constater que certains libraires ont dû fermer boutique car, l’impact économique était insoutenable. Avec l’entrée du livre unique, de nombreux livres n’ont pas trouvé preneur déjà que la consommation de cette denrée spirituelle au Cameroun fait problème. Fanou Irène a tenu à préciser dans son exposé que le taux de consommation du livre au Cameroun est le plus bas dans le monde. Au regard des plumes que nous avons sur le plan local, cela amène à s’interroger.

Comment susciter le goût de la lecture chez nous ? Le syndicat promet organiser des camps de lectures. Avant d’y arriver, il va falloir agir pour sauver ce secteur d’activité. « Le problème du livre refait surface chaque année parce que les libraires veulent vivre de leur métier ; ils veulent se souder en association. Il y a le problème de précompte », précise le président du syndicat, Appollinaire Ngassa. Et d’ajouter : « Nous demandons à l’Etat la suspension totale de ce précompte qui nous affaiblit aujourd’hui. Avec cette suspension, nous pouvons récupérer de ces stocks que nous avons perdus sachant que l’Etat n’a pas assez d’argent pour nous payer » . Au-delà de cette question, il va falloir mettre fin aux librairies de circonstance qui, selon ces spécialisations, est un danger pour les consommateurs et participent d’ailleurs de la concurrence déloyale.

Dans le cadre de la professionnalisation du secteur du livre, chaque maillon de la chaîne (Editeur, distributeur et Libraire, ndlr) devrait jouer pleinement le rôle qui est le sien. Les libraires s’accordent à dire que, cette chaîne doit être respectée pour un secteur digne et organisé. « Certains ne veulent pas respecter la chaîne. Ils veulent tous être éditeur, distributeur et libraire en même temps. Voilà le problème principal que nous rencontrons dans notre secteur » , glisse tout inquiet un libraire.

Un texte de l’Etat pourrait définir le rôle de chaque membre de cette chaîne pour plus de clarté dans les pratiques. Le syndicat invite le ministre à sortir les manuels officiels de la prochaine année scolaire aussitôt.

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