Cameroun – Manuel scolaire : Des stratégies pour mieux vendre le livre

Des livres scolaires

Editeurs, distributeurs et libraires étaient réunis à Yaoundé le 17 décembre dernier pour fédérer leurs idées pour la survie de ce secteur d’activité. La table-ronde était organisé par le Pdg de Nmi Education.

Les acteurs de la chaîne du livre ont accueilli avec beaucoup d’espoir la politique du livre unique instituée en 2018 au Cameroun par les pouvoirs publics. Trois années plus tard, le secteur est toujours en proie aux difficultés. « La politique du livre unique n’est pas mauvaise. Elle a été simplement mal gérée, mal communiquée, pas très bien réfléchie », estime Rogers Nforgwei, Pdg Nmi Education. Les principaux maillons que sont les éditeurs en amont, les distributeurs qui rendent le manuel disponible à travers le pays et les libraires qui constituent l’interface avec les consommateurs, décrient de multiples disfonctionnements. Les imprimeurs ne sont pas en reste. Pour fédérer leurs idées en vue de l’amélioration et la survie de cette activité, Nmi Education a réuni ces différents acteurs le 17 décembre dernier à Yaoundé. La table-ronde avait pour thème : « problématique du manuel scolaire au Cameroun : défis et perspectives ». L’objectif recherché à travers les ateliers était de mener des réflexions sur les challenges de leur industrie et créer un cadre de discussions pour une meilleure collaboration.

Le chiffre d’affaires de ces acteurs est en chute. Différentes raisons justifient cet état des choses. « Le prix du livre a baissé mais celui des intrants pas du tout. Nous comprenons le désir des pouvoirs publics de rendre le livre accessible aux parents à travers le prix qui baisse mais le pouvoir d’achat n’a pas augmenté », évoque Mme Ngadehi, directrice en charge de l’édition et du business développement de Nmi. Et d’ajouter : « Nous sommes également confrontés à la mévente. La politique du livre unique est bien, l’initiative louable. Le livre qui doit passer 6 ans sur la liste, ce qui donne suffisamment de temps aux pirates qui font de la contrefaçon de le reproduire. » Outre la contrefaçon, la présence d’un titre durant six années limite l’achat. « Le livre est acheté la première année. Ensuite, il se transmet de l’ainé au cadet », regrette un intervenant.
Le manuel scolaire représente 90% du chiffre d’affaire des libraires. C’est dire la place de choix qu’occupent ces livres dans les rayons des librairies au Cameroun. Les distributeurs et les libraires dénoncent la concurrence déloyale des établissements scolaires. Selon ces derniers, les écoles exigent aux parents l’achat des livres et cahiers d’activités non homologués. « Certains parents sont contraints de ramener des manuels au programme dans les librairies en indiquant qu’ils ne sont pas utilisés dans les établissements », relève un panéliste.

Le besoin de financement

L’un des défis majeurs de l’industrie du livre reste le financement. Ce manque de solde est à l’origine de la crise de confiance observée entre les acteurs du secteur du livre notamment l’insolvabilité. Lors des échanges, l’indispensabilité du préfinancement de la production par l’Etat a été souligné à grands traits. « Pour rendre le livre disponible à travers le pays, il y a un coût. Le libraire a besoin d’un minimum de 50 millions pour achalander ses rayons, un milliard pour le distributeur. Il faut environ 150 millions à un éditeur pour un titre au programme », explique Daniel Nadjiber, éditeur. Le manque de confiance est plus grand encore du côté des établissements financiers. « La réforme de 2017 vise à ramener la confiance auprès des banques pour assurer une politique nationale dans le secteur du livre scolaire. Malgré cette volonté et l’amélioration au niveau des textes, les banques tardent encore à réagir favorablement malgré la grandeur du marché », déplore l’éditeur. Il propose la création d’un fonds de garanti remboursable à long terme, logé dans les banques partenaires de l’Etat. Les dossiers de financement seront étudiés à la fois par la banque, la commission nationale du livre et le ministère des Arts et de la Culture.

Des propositions

« La difficulté est que les libraires travaillent trois mois sur le livre scolaire et ensuite n’ont plus l’opportunité de rendre accessibles les livres de d’autres domaines d’activité aux lecteurs. Nos partenaires distributeurs doivent s’ouvrir aux livres de littérature générale, de recherche », propose Daniel Nadjiber. D’autres pistes de solution sont envisagées telles que la professionnalisation des acteurs de la chaîne du livre, le respect de ladite chaîne par les acteurs, une évaluation ainsi que la culture de la lecture. Rogers Nforgwei ajoute à ces perspectives, la crédibilité des acteurs, la volonté des pouvoirs publics à soutenir la production. Il a déploré le fait que les décisions concernant le secteur du livre soient prises sans les principaux acteurs, résultat de l’absence de dialogue entre ces derniers.

Cécile Ambatinda / 237online.com

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