Son histoire est un hymne à la résilience et au courage. Fotso Victor, malvoyant originaire de Bandjoun dans la région de l’Ouest du Cameroun, est le héros d’un documentaire poignant qui fait le tour des festivals internationaux. “Ta’a Fotso“, 13 minutes d’un récit extraordinaire, nous plonge dans le quotidien hors norme de cet homme qui a fait de son handicap une force, comme le révèle en exclusivité 237online.com.
De la brousse à la cuisine, l’étonnante dextérité de Fotso Victor
Le film s’ouvre sur une scène stupéfiante : un homme aveugle, machette à la main, coupant des bambous en pleine brousse. C’est Fotso Victor, parti chercher la matière première pour fabriquer ses célèbres chaises artisanales. Une prouesse qui n’est que la première d’une longue série.
Car de retour chez lui, c’est derrière les fourneaux de sa cafétéria “Le temple de la connaissance” que nous retrouvons notre héros. Omelettes, plats mijotés… Fotso Victor cuisine pour ses nombreux clients avec une dextérité qui laisse pantois. Sans assistance, il gère tout, des achats au service en passant par la caisse.
Un mari, un père, un pilier pour sa communauté
Mais Fotso Victor n’est pas seulement un artisan et un restaurateur hors pair. Il est aussi un mari aimant et un père dévoué. Marié depuis 24 ans à Brigitte Djine, il a perdu la vue deux ans après leur union, victime d’un glaucome. Un coup du sort qui n’a jamais entamé leur amour et leur complicité.
Car au-delà de sa famille, c’est toute la communauté de Bandjoun qui bénéficie des talents et de l’engagement de Fotso Victor. Président du Cercle de réhabilitation et de promotion des handicapés, il accompagne ses pairs dans leur quête d’autonomie et de résilience. Un modèle, un guide, un inspirateur.
“Ta’a Fotso“, un film qui bouscule les préjugés
À travers ce documentaire intimiste et pudique, le réalisateur Stéphane Noumo nous offre bien plus que le portrait d’un homme exceptionnel. C’est un véritable plaidoyer pour l’inclusion et le dépassement de soi qu’il livre à travers les 13 minutes de “Ta’a Fotso”.
Sans voix off ni interview directe de son héros, le cinéaste nous laisse découvrir Fotso Victor à travers ses actes et les témoignages émus de ses proches. Une approche subtile et délicate, qui laisse toute la place à l’humanité et à la force de son personnage.
Un hymne à la résilience récompensé à l’international
Et cette justesse, ce refus du sensationnalisme, ont été salués bien au-delà des frontières camerounaises. “Ta’a Fotso” a déjà raflé de nombreux prix prestigieux, du Prix du Meilleur documentaire au Handifilm de Rabat à un award au Silicon Valley Film Festival en Californie.
Mais au-delà de cette reconnaissance, c’est le message universel porté par le film qui marque les esprits. En braquant sa caméra sur Fotso Victor, Stéphane Noumo nous invite à changer de regard sur le handicap. À voir la personne avant la déficience, le potentiel avant la limite.
Fotso Victor, un héros ordinaire qui fait la fierté du Cameroun
Car Fotso Victor n’est pas un surhomme, un être d’exception. C’est un Camerounais parmi tant d’autres, qui a puisé dans ses racines et ses valeurs la force de surmonter les épreuves. Son histoire, c’est celle de la résilience de tout un peuple, de la sagesse ancestrale de cette Afrique qui ne renonce jamais.
Alors que “Ta’a Fotso” poursuit son périple sur les écrans du monde entier, c’est tout le Cameroun qui peut être fier. Fier de Fotso Victor, ce héros du quotidien qui porte haut les couleurs de son pays. Fier de cette jeunesse créative et engagée, incarnée par Stéphane Noumo, qui se fait le porte-voix des sans-voix.
Dans une société qui marginalise encore trop souvent les personnes en situation de handicap, Fotso Victor est un phare, un espoir. La preuve vivante que le talent, le courage et la détermination peuvent triompher de tout. Même de la nuit la plus noire.
Alors que son exemple inspire les Camerounais et au-delà. Qu’il nous rappelle que la vraie force, c’est celle du cœur et de l’esprit. Celle qui nous fait avancer envers et contre tout, pour construire un monde plus juste, plus inclusif. Un monde à l’image de Fotso Victor. Un monde où chacun, quelle que soit sa différence, a le droit de rêver et de réussir.