Cameroun: L’étudiante tuée par le sous-préfet de Lokoundje a été inhumée sous haute tension

Lydienne Solange Taba

La jeune étudiante tuée au domicile du sous-préfet de Lokoundje à Kribi a été inhumée samedi dernier à Lobethal par Mouanko.

La veille, la cérémonie de mise en bière s’était déroulée dans un climat tendu sous fond d’appels à la justice. Mouanko, petite bourgade située à une quarantaine de kilomètres d’Edea, chef-lieu du département de la Sanaga-maritime ne s’était pas préparée à pareille circonstance. Pas plus que les parents de Lydienne, jeune étudiante de 23 ans dont le décès par balle le 25 juillet dernier au domicile de son amant, sous-préfet de l’arrondissement de Lokoundje par Kribi continue d’ameuter l’opinion. Ce samedi 29 août 2020, Patrice Mboma Ebemby, père biologique de Lydienne Solange Taba n’a pas trouvé les mots pour se séparer de sa fille.

Sur la gerbe de fleurs entre ses mains, une inscription : «Lydienne…!», et puis rien. Lorsque des mains fortes empoignent le cercueil blanc et or de la défunte recouvert d’une couche de nattes de rotin pour se diriger vers sa tombe à l’aile droite du domicile familial, le temps semble s’arrêter. Les visages s’assombrissent, cris et pleurs retentissement à l’unisson. Lydienne Solange Taba a été inhumée autour de 14 heures à Lobethal après une veillée mortuaire bien méritée. Sa dépouille est arrivée la veille vers 19 heures après deux heures d’escales à Elog-batindi d’où est originaire sa maman. À Lobethal, des témoignages se sont succédé, les uns plus poignants que les autres, sous le regard du préfet de l’océan, Antoine Bisaga qui a fait le déplacement. Patrice Mboma Ebemby dévoile à l’assistance que sa fille était en passe de poursuivre ses études au Canada l’an prochain. De son côté, sa Majesté Nkomba Bebey Désiré, chef de 3e degré de Lobethal met en garde les présumés auteurs de cet acte. « Qu’il soit avéré qu’il s’agissait bien d’un accident», insiste-t-il.

Pour les amis de la jeune fille, « Lydienne n’est pas morte», scandent-ils en poursuivant que, « Lydienne est dans l’arbre qui gémit, elle est dans l’eau qui coule», comme l’affirme le poète Birago Diop. L’oraison funèbre de l’abbé Gabriel Anda Toko tournera autour du pardon. « C’est en pardonnant que la vie revêt toute sa splendeur», fait savoir le prélat, officiant du jour. Il évoque à cet effet quelques textes bibliques notamment « Jean chapitre 10, versets 1-10» et « la 1ere lettre aux Corinthiens, chapitre 2, verset 9.»

« Sous-préfet assassin»

Le jour d’avant, le corps de Lydienne Solange Taba a été levé à la morgue de l’hôpital de district de Kribi. Sous une pluie battante, les membres de la famille, les amis et de nombreux curieux sont venus dans l’espoir de fixer un dernier regard sur le visage de la disparue. « Nous voulions voir à quoi ressemblait-elle après ce violent choc. C’est très douloureux», nous a confié en larmes l’une de ses amies qui a fait le déplacement de Kribi. En marge du rituel mortuaire, des t-shirts et des pancartes ont été confectionnés afin de véhiculer la désolation et l’amertume qui habitent les proches de Lydienne. Des messages parfois durs. On pouvait lire et entendre, « sous-préfet assassin» lors du tour de ville en guise d’au revoir de Lydienne à la cité balnéaire qu’elle affectionnait tant.

Landry TSAGA

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