Cameroun: Les masques se vendent comme des petits pains à Garoua et Maroua

Masque produit par Kabakoo

Couturiers et vendeurs ambulants trouvent leur compte dans ce business. C’est une situation inédite que l’on vit depuis l’avènement du covid-19.

De nombreuses activités économiques tournent désormais au ralenti, grippées par le Covid 1. N’empêche que quelques métiers résistent à cette mauvaise passe. C’est le cas des couturiers dont beaucoup ont transformé leurs ateliers en véritables usines de confection de masques faciaux.

L’obligation de port du masque facial dans les lieux publics a fait exploser la demande, ce qui a permis à certains couturiers de tirer leur épingle du jeu en investissant ce nouveau créneau. C’est le cas de Rosalie, une jeune couturière établie au quartier Katarko et qui s’est adaptée à la nouvelle réalité imposée par le coronavirus. Depuis près de deux mois, elle s’est reconvertie dans la confection, la distribution et la vente de masques.

«Nous avons constaté une diminution de la clientèle depuis le mois de mars avec le couvre-feu dès 18h. Alors qu’on sombrait à petit feu, l’obligation du port du masque est arrivée telle une bouffée d’oxygène puisque les commandes de masques ont explosé et le business est plutôt lucratif », explique Rosalie. Un business florissant qui permet à la jeune couturière d’arrondir ses fins de moi et payer ses factures. « Les masques, c’est rentable car je peux me faire jusqu’à 25000 francs de bénéfices par jour. Je cède les masques aux revendeurs ambulants à 200 ou 300 francs CFA selon les modèles», indique t-elle. Pour l’aider à honorer les commandes dans les délais, elle a employé sa sœur et travaille avec un réseau de jeunes vendeurs ambulants pour écouler sa production. «Je m’en sors très bien. Les masques se vendent et j’arrive à payer ma collaboratrice. Je suis une couturière dont l’activité n’est pas impactée par le covid-19», révèle t-elle.

Les masques fabriqués par Rosalie dans son atelier sont revendus au lieu-dit « carrefour Beac » par des vendeurs ambulants dont le jeune Moussa. Âgé d’à peine 12 ans, avant la survenue de la pandémie, celui-ci vendait des mouchoirs jetables en sillonnant les débits de boissons du quartier Yelwa dans la soirée. Mais depuis l’entrée en vigueur de la mesure instruisant la fermeture des débits de boissons à 18h, l’activité bat de l’aile et il s’est retrouvé pratiquement au chômage.

C’est ainsi qu’il a décidé d’enrichir sa palette de marchandises, en y ajoutant des masques de protection réutilisable et fabriquer localement. «Je vends à 500 F les masques confectionnés par les tailleurs locaux. Ça marche très bien. C’est pourquoi je me suis lancé dans ce business», indique le jeune garçon. Grâce à Rosalie qui fabrique les masques et Moussa qui assure la vente avec ces camarades, plusieurs citoyens de la ville de Garoua peuvent se procurer des masques et ainsi respecter l’arrêté qui rend obligatoire le port desdits masques dans les lieux publics. Ces deux activités ne connaissent pas la crise du covid-19, mais les acteurs de la filière essayent plutôt de tirer leur épingle du jeu et s’assurer un moyen de substance dans un contexte économique très tendu. A Maroua aussi, L’activité permet à nombre de personnes de combattre le Covid-19 et de gagner leur vie. Car, le masque est devenu indispensable. C’est désormais l’accessoire les plus convoité dans la ville de Maroua. Des nombreux jeunes se sont reconvertis dans la fabrication de ces masques communément appelés cache-nez. Dans les ateliers de couture du marché centrale, les machines à coudre tournent à plein régime.

La confection des masques rivalise les habits. Abdoul Salam est tailleur dans ce marché. Ce jeune et ses deux petits frères ont décidé de s’adapter à cette opportunité créée par le Coronavirus. Ils travaillent sans relâche pour fabriquer des masques locaux dont le port est aujourd’hui obligatoire dans les espaces publics. Pour Abdoul Salam, cette production locale permet de répondre à la demande et de limiter la propagation du Coronavirus dans la région de l’Extrême-Nord. «Nous sommes issus d’une famille de tailleurs. Depuis le bas âge nous nous amusons de temps en temps à la maison à raccommoder les morceaux des tissus pour en faire des habits. Avec le temps nous sommes devenus des tailleurs. Avec le peu d’expériences que vous avons acquis en couture, il était de bon ton qu’on agisse face à cette pandémie qui touche tout monde. Nous avons donc décidé de confectionner des masques de protection» explique le jeune couturier.

De son coté, Ali Hamidou a transformé le petit magasin de sa maison en un atelier de couture. Lui également a mis à profit ses compétences pour coudre des masques en tissus. Après avoir cousu quelques masques pour lui et les membres de sa famille, ce couturier a décidé d’en fabriquer davantage pour commercialisation. Cette activité constitue une véritable aubaine. Ce qui qui lui permet de s’en sortir face aux difficultés imposées par le Coronavirus. «J’ai voulu ainsi utilisé mon talent pour apporter ma touche dans la lutte contre le covid-19 et gagner ainsi un peu d’argent pour subvenir à mes besoins et ceux de mes proches. Par jour je peux confectionner plus de 50 masques que vends soit aux commerçants ou directement aux vendeurs ambulants. Je peux me faire jusqu’à 30 000 Fcfa des bénéfices après deux jours de travail» confie Ali Hamidou avant de faire savoir qu’il utilise du tissu et de l’élastique pour fabriquer ces masques.

Si les mesures prises par le gouvernement pour endiguer la propagation du Coronavirus ont fragilisé plusieurs secteurs d’activités et envoyé un nombre important des personnes au chômage, les confectionneurs de masques quant à eux s’emploient à produire des masques qui se vendent aujourd’hui comme des petits pains.

Ebah Essongue Shabba et Abali

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