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Cameroun: La covid-19 asphyxie les préparatifs de la fête du Ramadan

Société

A trois jours de la célébration de la fête de l’Aid El Fitr, le 23 Mai 2020, certaines familles de la ville de Yaoundé, faute d’argent ne savent plus à quel saint se vouer.

Après 30 jours sacrés de jeûne, les fidèles musulmans s’activent à célébrer la fête de l’Aid El Fitr, le 23 Mai 2020. Au quartier Emombo, dans l’arrondissement de Yaoundé 4, la famille Ali est déjà prête. « Nous avons acheté des nouveaux vêtements pour la fête. A cause de la pandémie, il a
été annoncé par le chef religieux (chef de la communauté) que cette année, il n’y aura pas de rassemblement pour recevoir les cadeaux. Une commission chargée du partage des présents ira de maison en maison y déposer. Pour les invitations, elle aura lieu mais en nombre réduit. Nous n’allons pas inviter les gens comme les années précédentes. On a déjà tout acheté en grande quantité, on ne veut pas faire les choses de la dernière minute. On a acheté le poulet, le bœuf et le riz, sauf le mouton »,
confie-t-il.

Si Ali est autant content à cette veille de la fête du ramadan, ce n’est pas pour autant pour Mariamou, habitante au quartier Mvog Ada dans l’arrondissement de Yaoundé 5. A 4 jours de la fête, elle ne sait pas à quel saint se vouer, car ses enfants n’auront certainement pas les nouveaux vêtements cette année. Enseignante dans une école privée de la place, elle est en congé technique depuis le 17 mars dernier, jour de la fermeture des écoles et les centres de formation par le gouvernement. « Je n’ai pas assez de moyen pour la fête, puisque je n’ai plus de salaire », force-t-elle à dire.

Préparatifs dans la timidité

A quelques heures de la célébration, les marchés quant à eux restent vides, les fidèles de Mohamed se comptent au bout des doigts. Contrairement aux années précédentes, les préparatifs sont timides. Il est 10h ce lundi 18 mai 2020 au marché du Mfoundi, les étals de viandes manquent de clients.
Lorsqu’on aborde les commerçants, les réponses sont les mêmes « il y a pas d’acheteurs. Les potentiels clients ne se pointent pas à l’horizon. Vous savez qu’à cause de cette pandémie, les temps sont devenus durs, le marché ne passe pas, il n’y a pas les clients. On espère qu’il y aura de l’affluence à partir de demain », raconte Djibril vendeur de bœuf au marché de Mvog Mbi à Yaoundé. Sous un soleil de plomb, on aperçoit moins de monde.
Mais les vendeurs espèrent une affluence le jour dit. Dans les salons de coutures, la situation n’est pas reluisante, comme les tailleurs le souhaitent.

Installé au carrefour deux Chevaux, dans l’arrondissement de Yaoundé 4, Hamed est couturier, il a suivi sa formation au Nigéria. Il dit n’avoir pas
reçu de commande. « Le marché est bizarre. Les affaires tournent au ralenti. Je pensais qu’à une semaine mon magasin serait plein à craquer. C’est une première depuis que je fais dans la couture. Ce sont quelques rares personnalités qui ont passé leur commande », lâche-t-il. S’il y a un marché qui a le vent en poupe c’est celui du henné. « Les femmes viennent considérablement se tracer le henné. C’est surprenant pour cette année. Il y a une cliente qui m’a dit qu’elle le fait pour éviter le flux de rassemblement à la dernière minute. Mais je suis sûre que la fièvre des préparatifs du ramadan va monter d’ici peu », argue Adjara, dessinatrice du henné au marché central de Yaoundé.

Nadège ANOUNGA (stagiaire).

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