Cameroun: La connexion internet encore au stade primaire ?

La mauvaise qualité des services de la semaine dernière a plombé les activités de nombreuses entreprises à Douala.

« Perturbation des services internet ». C’est l’expression douce qui a été employée pour expliquer la mauvaise qualité du réseau survenue la semaine dernière. En effet, le jeudi 16 janvier 2020, le réseau internet a connu de grands dérèglements dans 14 pays africains dont le Cameroun. La panne serait survenue à 300 kilomètres des côtes camerounaises sur les deux câbles de fibre optique sous-marins West African Communication System (Wacs). Un malaise qui a coûté aux Camerounais, surtout que le désagrément a duré pratiquement 4 jours, soit du jeudi 16 au dimanche 20 janvier 2020.
Les gérants de kiosques Mobile Money, de call box, les entreprises (grandes ou petites), et tous les consommateurs d’internet ont été atteints par cette perturbation. « Mes ventes ont pris un coup, et ça va jouer dans mon salaire à la fin du mois », s’exclame Dorice Noutcheu, gérante de kiosque Mobile Money. Même si les conséquences n’ont pas la même portée, l’impact reste le même. « Dans le cadre de notre activité, nous délivrons un document qui entre dans la liasse documentaire des procédures import/export. Ce document est obtenu en ligne au moyen d’une application web qui doit être disponible et accessible de par le monde. Tu comprends que l’instabilité de la connexion internet a impacté notre service », lance Wilfried Mbouwé, informaticien au Conseil National des Chargeurs du Cameroun. « Au niveau opérationnel, nous avons une équipe qui est chargée de la validation du document que nous délivrons. En temps normal, cette opération peut se faire en une journée (en réalité en moins de 30min lorsque le client a fourni les informations nécessaires). Mais là, avec l’instabilité d’internet c’est devenu difficile de respecter ce temps de service », ajoute l’informaticien. A la suite de nos échanges, celui-ci avoue avoir reçu des requêtes des clients résidant à l’étranger sur l’établissement de leurs documents.

Outre cela, Wilfried révèle l’impossibilité pour l’entreprise dans laquelle il travaille, de réaliser les formalités pour la sortie des marchandises. Un phénomène qui a eu un impact économique qui sur le coup, ne peux se quantifier, soumet notre interlocuteur. Sur ce, il était quasiment impossible de savoir si l’entreprise avait été sollicitée pour une quelconque assistance. Pendant ce temps, aucun des opérateurs concernés (Camtel, Orange et Mtn) par l’instabilité n’a daigné informer la situation à ses clients. « C’est sur internet que j’ai appris que le problème n’était pas seulement au Cameroun, mais dans plusieurs pays d’Afrique », se souvient Jasmine T. internaute. C’est certainement pour se rattraper que des messages d’excuses ont commencé à pleuvoir le dimanche 19 janvier dernier. « Chers clients, il demeure une instabilité des services data et Orange Money due à une coupure de câbles sous-marins. Nous travaillons à un retour à la normale. En nous excusant », écrit Orange à ses clients. Le même jour Mtn Cameroon rédige un communiqué de presse « les services Internet mobile sont à présent totalement rétablis sur son réseau. La connexion internet a été perturbée entre jeudi 16 et samedi 18 janvier 2019, suite à une double rupture en haute-mer, du câble sous-marin à fibre optique WACS (West Africa Cable System). Plusieurs opérateurs en Afrique centrale et de l’ouest, dont la connexion à internet dépend du câble WACS, ont dû faire face à des lenteurs dans la connexion, voire à une absence partielle ou totale du service internet », croit informer l’entreprise de télécommunications.

Des quatre entreprises de télécommunications présentes, seule Nexttel ne faisait pas face à ces perturbations. Pour cause, le transport (transmissions) ici se fait par Fibre optique, contrairement aux autres qui utilisent les faisceaux hertziens, explique un ex employé de Nexttel. « En fait les autres opérateurs ont des problèmes car en accédant au pays ils avaient utilisé la technologie de ce moment-là qui était le faisceau hertziens (transmission à travers les antennes) sauf que avec l’arrivée de la fibre, il fallait revoir toutes les installations », tente d’expliquer notre interlocuteur. A l’en croire, les débits en faisceaux hertziens sont réduits alors qu’en fibre c’est plus rapide. Cela expliquerait-il la récente communication de l’entreprise aux couleurs rouges de dire que la vraie 3G passe ? Pourtant, l’ex technicien de Nexttel se souvient qu’il y a moins d’un mois, l’entreprise Vietnamienne a elle aussi connu des désagréments dans son réseau. Le problème de connexion ne serait donc ni un problème d’entreprise, ni un problème d’année, car certains consommateurs d’internet se souviennent de leurs mésaventures. « Les clients qui faisaient de la télédéclaration en souffrait énormément », s’en souvient Ingrid S., fiscaliste. L’opération se faisant en ligne, la fiscaliste se rappelle qu’«une fois à cause de ces perturbations du réseau internet, nous avons perdu un client qui s’est certainement dit à quoi bon d’aller dans un cabinet et payer autant les impôts ? », a-t-elle conclue.

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